s’attachent & inhérent tellement en elles, qu’elles perfévcrent &
fe perpétuent au-delà du trépas. II femble que la vie ne foit
qu’un mode du corps; fa difTohition ne paroît être qu’un changement
d’état ou une fuite & une continuité des mêmes révolutions
& des dérangemens qu’il a foufferts & qui ont commencé
de s’opérer pendant la maladie, qui s’achèvent & fe confomment
après la mort. Ces modifications fpontanées des molécules organiques
& ces productions vermineufes, ne paroilfent le plus
fouvent qu’alors ; rarement, & ce n’eft que dans les maladies
violentes & les plus envenimées où leur dégénérefcence eft accélé
ré e , qu’elles fe développent plus tôt en nous. Nos plus vives
mifères font donc Cachées dans les horreurs du tombeau, & nos
plus grands maux ne fe réalifent, ne s’effectuent & ne parviennent
à leur comble, que lorfque nous ne les fentons plus!
J ’ai vu depuis peu un cadavre qui fe couvrit bientôt après
la mort, de petits vers blancs, ainfi qu’il eft remarqué dans l ’ob-
lervation citée ci-deffus. J ’ai eu lieu d’obferver en plufieurs
circonftances, que la couleur, la figure, la forme de ces animalcules
varient fuivant l ’intenfité & le genre des maladies.
C ’eft ainfi que les fubftances. organifées fe transforment &
ont différentes manières d’être, & que cette multitude infinie d’infectes
concentrés dans l ’intérieur de la terre & dans les endroits
les plus infects & les plus ténébreux font évoqués, naiffent &
continuent à fe repaître des débris &;des dépouilles de l ’humanité.
L ’univers vit de lui-même, & tous les êtres en périffant ne font
que rendre à la Nature les parties organiques & nutritives qu’elle
leur a prêtées pour exifter; tandis que notre ame du centre de la
corruption, s’élance au fein de la Div in ité , notre corps porte
encore après la mort, l ’empreinte & les marques de fes vices &
de fes dépravations; & pour finir enfin par concilier la faine
Philofophie avec la Religion, nous pouvons dire que jufqu’aux
plus fublimes découvertes de la Phyfique, tout nous ramène à
notre néant.
Je ne puis qu’approuver ces raifonnemens de M.
Moublet, pleins de difcernement & de fagacité ; il a
très-bien làifi les principaux points de mon lyftème fur
la reproduction, & je regarde fon obfervation comme
une des plus curieufes qui ait été faite fur la génération
Ipontanée (b). Plus on obfèrvera la Nature de près, &
( l) On peut voir piufieurs
exemples de la génération fpon-
tanée de quelques infeéfes dans
différentes parties du corps humain
, en confuitant les Ouvrages
de M . Andry, & de quelques
autres Obfervateurs qui fe font
efforcés, fans fuccès, de les rapporter
à des elpèces connues, &
qui tâchoient d’expliquer leur
génération, en fuppofant que les
ceufs; de ces infectes avoient été
relpirés ou avalés par les per-
fonnes dan-s.’lefquelles ils fe font
trouvés ; mais cette opinion fondée
fur le préjugé que tout être vivant
ne peut venir .que d’un oeuf, fe
trouve démentie par les faits même
que rapportent ces Obfervateurs.
II eft impoffible que des oeufs
d’infecftes , relpirés ou avalés,
arrivent dans le foie, dans les
veines, dans les finus, ,&ç, &
d’ailleurs plufieurs de ces infetftes
trouvés dans. l’intérieur du corps
de l’homme & des animaux, n’ont
que peu ou point de rapport avec
les, autres infeétes , & doivent,
fans contredit, leur origine & leur
naiflânce à une génération Ipon-
tanée. Nous citerons ici deux
exemples récens, le premier de
M. le Préfident H . . . . qui a
rendu par les urines, un petit,
cruftacée affez femblable à une
crevette ou chevrette de mer,
mais qui n’avoit que trois lignes ou
trois lignes & demie de longueur.
M. fon fils a eu la bonté de me.
faire voir cet infeéte , qui n’étoit.
pas le feul de cette elpèce que
M . fon pèi;e avoit rendu par les.
urines, & précédemment if avoit.
rendu par le nez dans ,un ,violent
éternuement une, efpèce de chenille
qu’on n’a pas cqnfervée;, &
que je n’ai pu voir.
Un autre exemple, eft celui
d’une Demoifelle du Mans, dont
M. Yetiilard, Médecin de cette
ville, m’a envoyé le détail par fit
lettre du 6 juillet 1 7 7 1 , dont