pouces à vingt pouces, la mefure réelle de cet intervalle
eft ou j-, au lieu que dans toutes les vues dont les
intervalles font proportionnels à l ’intervalle de fix pouces
à vingt-quatre, ou d’un pouce & demi à fix pouces, la
mefure réelle eft | , & c ’eft cette mefure réelle qui produit
celle de l’inégalité , car cette mefure étant toujours
-•*— cel|e de l’inégalité eft —------I comme on l’a vu a ’ 0 . ; 2 g
ci - deflus.
Pour avoir la vue parfaitement diftinde, il eft donc
néceffaire que les yeux foient abfolument d’égale force,
car fi les yeux font inégaux, on ne pourra pas fe.fervir
des deux yeux dans un affez grand intervalle, & même
dans l’intervalle de vue diftinde qui refte en employant
les deux yeux, les objets feront moins diftinds. On a
remarqué au commencement de ce Mémoire, qu’avec
deux yeux égaux on voit plus diftindement qu’avec un
oeil d’environ une treizième partie ; mais au contraire
dans l’intervalle de vue diftinde de deux yeux inégaux,
les objets, au lieu de paroîtreplus diftinds en employant
les deux yeux, paroiffent moins nets & plus mal terminés
que quand on ne fe fert que d’un feul oeil; par exemple,
fi l’on voit diftindement un petit caradère d’impreffion
depuis huit pouces jufqu’à vingt avec l ’oeil le plus fort,
& qu’avec l’oeil foible on ne voie diftindement ce même
caradère que depuis huit jufqu’à quinze pouces, on n’aura
que fept pouces de vue diftinde en employant les deux
yeux; mais comme l ’image qui fè formera dans le bon
oeil,
À l’H i s to ire Na t u r e l l e . 425
oeil 1 fera plus forte que celle qui fe formera dans l’oeil
foible, la fènfation commune qui réfuitera de cette vifion,
ne fera pas auffi nette que fi on n’avoit employé' que le
bon oeil: j’aurai peut-être occafion d’expliquer ceci plus
au lo n g , mais il me fuffit à préfent de faire fentir que
cela augmente encore le defàvantage des yeux inégaux.
Mais, dira-t-on, il n’eft pas fur que l’inégalité de force
dans les yeux, doive produire le ftrabifme, il peut fè
trouver des louches dont les deux yeux foient d’égale
force; d ’ailleurs cette inégalité répand à la vérité de la
confufion.für les objets, mais cette confufion ne doit
pas faire ecarter l ’oeil foible, car de quelque côté qu’on
le toufne, il reçoit toujours d’autres images qui doivent
troubler la fènfation autant que; la troubieroit l’image
indiftinde de l’objet qu’on regarde diredement.
Je vais répondre à la première objedion par des faits :
j ai examine ta force des yeux de plufteurs enfàns St de
plufieurs perfonnes louches, & comme la plupart dés
enfans ne favoient pas lire , j’ai préfenté à plufieurs
diftances à leurs yeux des points- ronds , des points
triangulaires & des points quarrés, & en leur fermant
alternativement 1 un des yeux, j’ai trouvé que tous
avoient les yeux dé force inégale; j ’en ai trouvé dont les
yeux etoient inegaux .au point de ne pouvoir diftinguer
à, quatre pieds'avec l’oeil foible; la forme de {objet
qu’ils ivoyoient diftindement à douze pieds' avec Id
bon oeil p d’autres' à la ; vésité n ’avoient 1 pas les‘ yeux:
atifli inégaux qu’il eft néceffaire pour devenir louches^
Supplément. Tome IV. H h h