peu de poil fur le corps & la chevelure longue, droite
& touffue (0).
Pour abréger, je paffe fous fîlence les autres ufàges
& les fuperflitions des Groënlandois que M. Crantz
expofe fort au long; il fuffira de dire que ces ufages,
foit fuperflitieux, foit raifonnables, font affez femblables
à ceux des Lappons, des Samojedes & des Koriaques;
plus on les comparera & plus on reconnoîtra que tous
ces peuples voifins de notre pôle, ne forment qu’une
feule & même efpèce d’hommes, c ’e ft -à -d ire , une
feule race différente de toutes les autres dans l ’efpèce
humaine , à laquelle on doit encore ajouter celle des
Efquimaux du nord de l ’Amérique, qui reffemblent aux
Groënlandois, & plus encore aux Koriaques du Kamt-
fehatka, félon M. Steller.
Pour peu qu’on defcende au-deffous du cercle polaire
en Europe, on trouve la plus belle race de l’humanité;
les Danois, les Norvégiens , les Suédois, les Finlandois,
les Ruffes, quoiqu’un peu différens entr’eux , fe reffem-
blent affez pour ne faire avec les Polonois, les Allemands
, & même tous les autres peuples de l’Europe,
qu’une feule & même efpèce d’hommes diverfifiée à
l ’infini par le mélange des différentes nations. Mais en
Afie on trouve au-deffous de la zone froide, une race
auffi laide que celle de l’Europe efl belle, je veux parler
de la race Tartare qui s’étendoit autrefois depuis la
Mofcovie jufqu’au nord de la Chine ; j ’y comprends
(0) Hiftoire des Quadrupèdes, par Schreber, tome I , page 2 È
les Ofliaques qui occupent de vafîes terres au midi des
Samojedes, les Calmuques, les Jakutes, les Tungufes,
& tous les Tartares fèptentrionaux, dont les moeurs &
les ufàges ne font pas les mêmes, mais qui fo reffemblent
tous par la figure du corps & par la difformité des traits.
Néanmoins depuis que les Ruffes fe font établis dans
toute l ’étendue de la Sibérie & dans les contrées adjacentes
, il y a eu nombre de mélanges entre les Ruffes
& les Tartares, & ces mélanges ont prodigieufement
changé la figure & les moeurs de plufieurs peuples de
cette vafle contrée. Par exemple, quoique les anciens
Voyageurs nous repréfèntent les Ofliaques comme ref-
fèmblans aux Samojedes; quoiqu’ils foient encore errans
& qu’ils changent de demeure comme eux , fuivant le
befoin qu’ils ont de pourvoir à leur fobfiftance par la
chaffe ou par la pêche ; quoiqu’ils fo fàffent des tentes
& des huttes de la même façon ; qu’ils fo forvent auffi
d’arcs, de flèches & de meubles d’écorce de bouleau;
qu’ils aient des rennes & des femmes autant qu’ils peuvent
en entretenir ; qu’ils boivent le fang des animaux tout
chaud ; qu’en un mot, ils aient prefque tous les ufàges des
Samojedes , néanmoins M.rs Gmelin & Muller, affurent
que leurs traits diffèrent peu de ceux des Ruffes, .& que
leurs cheveux font toujours ou blonds ou roux. Si les
Ofliaques d’aujourd’hui ont les cheveux blonds, ils ne
font plus les mêmes qu’ils étoient ci-devant, car tous
avoient des cheveux noirs & les traits du vifàge à peu-près
femblables aux Samojedes. Au relie ces Voyageurs ont