cette même côte eft aujourd’hui perdue pour nous, inabordable
par les glaces, & quand le Groenland a été une
fécondé fois découvert dans des temps plus modernes ,
cette fécondé découverte s’eft faite par la côte d ’occident
qui fait lace à l’Amérique, & qui eft la feule que nos
vaifleaux fréquentent aujourd’hui.
Si nous palTons de ces habitans des terres ardiques
à ceux qui dans l’autre hémifphère font les moins éloignés
du cercle antardique, nous trouverons que fous la latitude
de cinquante à cinquante-cinq degrés, les Voyageurs
difènt que le froid eft auiïi grand & les hommes encore
plus miférables que les Groënlandois ou les Lappons,
qui néanmoins font de vingt degrés, c’eft-à-dire de fix
cents lieues plus près de leur pôle.
Les habitans de la Terre-de-feu, dit M . Co o k , logent dans des
cabanes faites gro (fièrement avec des pieux plantés en terre inclinés
jes uns vers ies autres par leurs fommets, & formant une efpèce
de cône femblable à nos ruches. Elles font recouvertes du côté du
v en t, par quelques branchages & par une eipece de foin. D u cote
fous le v e n t , il y a une ouverture d’environ ia huitième partie du
cercle, & qui fert de porte & de cheminée-----U n peu de foin
répandu à terre, fert tout-a-Ia fois de fieges & de lits. Tous leurs
meubles confiflent en un panier à porter à la main, un fac pendant
fur leur dos, & la veffie de quelque animal pour contenir de l ’eau.
Ils font d’une couleur approchante de la rouille de -fer mêlée
avec de l'huile : ils ont de longs cheveux noirs : ies hommes font
gros & mal faits ; leur ftature eft de cinq pieds huit à dix pouces ,
les femmes font plus petites & ne paffent guère cinq pieds; toute
leur parure confifte dans une peau de guanaque (■ lama) ou de
weau marin jetée fur leurs épaules dans le même état où elle a été
tirée
tirée de deflùs l ’animal ; un morceau de ia même peau qui leur
enveloppe les pieds & qui fe ferme comme une bourfe au-deftùs
de la cheville, Sc un petit tablier qui tient lieu aux femmes de la
feuille de figuier. Les hommes portent leur manteau ouvert ; ies
femmes le lient autour de la ceinture avec une courroie ; mais
quoiqu’elles foient à peu-près nues, elles ont un grand defir de
paroître belles ; elles peignent leur vifage, les parties voifines des
yeux communément en blanc, & le refte en lignes horizontales
rouges & noires; mais tous les vifages font peints différemment..
Les hommes & les femmes portent des bracelets de grains, tels
qu’ils peuvent les faire avec de petites coquilles & des os; les
femmes en ont un au poignet & au bas de la jambe; les hommes
au poignet feulement.
Il paraît qu’ils fe nourriffent de coquillages, leurs côtes font
néanmoins abondantes en veaux marins, mais ils n’ont point d’inf-
trumens pour les prendre. Leurs armes confiflent en un arc &
des flèches qui font d’un bois bien p o li, & dont la pointe eft:
de caillou.
C e peuple paraît être errant, car auparavant on avoit vu des
huttes abandonnées , & d’ailleurs les coquillages étant une fois
épuifés dans un endroit de la cô te , ils font obligés d’aller s’établir
ailleurs ; de plus, ils n’ont ni bateaux ni canots, ni rien de
femblable. En tout ces hommes font les plus miférables & les
plus ftupides des créatures humaines; leur climat eft fi froid, que
deux Européens y ont péri au milieu de l ’été (f).
On voit par ce récit, qu’il fait bien froid dans cette
terre de Feu, qui n a été ainfi appelée que par quelques
volcans qu on y a vus de loin. On lait d ’ailleurs que
l’on trouve des glaces dans ces mers auftrales dès le
quarante - feptième degré en quelques endroits, & en
( f ) Voyage autour du monde, par M . Coo k, tome I I , page s 2 8 1 I f fuiv.
Supplément. Tome IV. Y y y