que j’ai avancé, & prouve qu’il falloir en effet diftinguér
les Borandiens, autrement les habitans naturels du diftriét
de Petzora, des Samojedes qui font au-delà, du côte
de l ’Orient.
Les Samojedes, dit M. Klingftedt, font communément d’une
taille au-deffous de la moyenne; ils ont le corps dur & nerveux,
d’une ftruélure large & carrée, les jambes courtes & menues, les pieds
petits, le cou court & la tête greffe à proportion du corps, le vifage
aplati, les yeux noirs, & l ’ouverture des yeux petite, mais alongée,
( e nez tellement écrafié que le bout en eft à péu-près au niveau'de
l ’os de la mâchoirè fupérieure, qu’ils ont très-forte & élevée; la
bouche grande & les lèvres minces. Leurs cheveux, noirs comme
le jais, font extrêmement durs, fort liilès & pendans fur leurs
épaules,; leur teint eft d’un brun fort jaunâtre, & ils ont les oreilles
grandes & rehauffées. Les hommes n’ont que très-peu ou point de
barbe, ni de p o il, qu’ils s’arrachent, ainfi que les femmes, fur toutes
les parties du corps. O n marie les filles dès l ’âge de dix ans, &
fouvent elles font mères à onze ou douze ans, mais paffé l ’âgé de
trente ans elles celfent d’avoir des' enfans. L a phyftonomie ^les
femmes reffemble parfaitement à celle des hommes, excepté qu’elles
ont les traits un peu moins greffiers, le corps plus mince, les jambes
plus courtes & les pieds très-petits; elles font fujettes, comme les
autres femmes, aux évacuations périodiques, mais foiblement &
en très-petite quantité; toutes ont les mamelles plates & petites,
molles en tout temps, lors même qu’elles font encore pùcelles,
& le bout de ces mamelles eft toujours noir comme du charbon,
défaut qui leur eft commun avec les Lappones.
Cette defcription de M. Klingftedt s’accorde avec
celle des autres Voyageurs qui ont parlé des Samojedes,
& avec ce que j’en ai dit moi-même, vol. III, />• 373;
elle eft feulement plus détaillée & paraît plus exaéle,
c ’eft
\
c’eft ce qui m’a engagé à la rapporter ici. L e fèul fait
qui me fèmble douteux, c ’eft que dans un climat aufti
froid, les femmes foient mûres d’aufli bonne heure; fi,
comme le dit cet Auteur, elles produifènt communément
dès l’âge de onze ou douze ans, il ne ferait pas
étonnant qu’elles ceffent de produire à trente ans;
mais j’avoue que j ’ai peine à me perfuader ces faits qui
me paroiffent contraires à une vérité générale & bien
conftatée, c ’eft que plus les climats font chauds, &
plus la production des femmes eft précoce , comme
toutes les autres productions de la Nature.
M. Klingftedt dit encore dans la fuite de fbn Mémoire,
que les Samojedes ont la vue perçante, l ’ouïe fine &
la main fure ; qu’ils tirent de l ’arc avec une juftefle
admirable, qu’ils font d’une légèreté extraordinaire à la
courfe, & qu’ils ont au contraire le goût greffier, l’odorat
foible, le tact rude & émoulfé.
L a chaffe leur fournit leur nourriture ordinaire en hiver, 8c
la pêche en été ; leurs rennes font leurs feules richeffes , ils en
mangent la chair toujours crue, & en boivent avec délices le fang
tout chaud, ils ne connoiffent point l ’ufage d’en tirer le lait; ils
mangent aufïî le poiffon crud. Ils fe font des tentes couvertes de
peaux de rennes, & les tranfportent fouvent d’un lieu à un autre;
ils n’habitent pas fous terre, comme quelques Ecriyains l’ont affuré ;
ils fe tiennent toujours éloignés à quelque diftance les Uns des autres,
fans jamais former de fociété : ils donnent des rennes pour avoir les
filles dont ils font leurs femmes, il leur eft permis d’en avoir autant
qu’il leur plaît, la plupart fe bornent à deux femmes, & il eft rare
qu’ils en aient plus de cinq; il y a des filles pour iefquelles ils payent
au père cent & jufqu’à cent cinquante rennes; mais ils font en
Supplément. Tome IV. N n n