les Indiens de f’rlë appelée île de la belle nation par les
Efpagnols, laquelle eft fituée à treize degrés de latitude
fud, ont à peu-près les mêmes moeurs que les Otahi-
tiens; ces Infùiaires font blancs , beaux & très-bien faits;,
on ne peut même trop s’étonner, dit-il, de la blancheur
extrême de ce peuple dans un climat où l’air & le foleil
devraient les hâler & noircir ; les femmes effaceraient
nos beautés Efpagnoles fi elles étoient parées ; elles font
vêtues de la ceinture en bas de fine natte de palmier, &
d’un petit manteau de même étoffe fur les épaules ÉcJ.
Sur la côte orientale de la nouvelle Hollande T que
Fernand de Quiros appelle terre du Saint- Efprit, il dit
avoir aperçu des habitans de trois couleurs, les uns tous
noirs, les autres fort blancs à cheveux & à barbe rouges,
les autres mulâtres, ce qui l’étonna fort, & lui parut un
indice de la grande étendue de cette contrée. Fernand
de Quiros avoit bien raifon, car par les nouvelles découvertes
du grand navigateur M. C o o k , l’on eft maintenant
affuré que cette contrée de la nouvelle Hollande
eft auffi étendue que l ’Europe entière. Sur la même côte
à quelque diftance, Quiros vit une autre nation de plus
haute taille & d’une couleur plus grifâtre, aveç laquelle
il ne fut pas pofïible de conférer; ils venoient en troupes
décocher des flèches fur les Efpagnols, & on ne pouvoir
les faire retirer qu’à coups de moufquet (d).
(c) Hiftoiredes navigations aux terres Auftrales, parM. de Broffe,
tome 1, page j i 8.
(d) Idem, tome I , pages 32 j , 327 & 334.
Abel Tàfman trouva dans les terres voifmes d’une baie dans
la nouvelle Zélande, à quarante degrés cinquante minutes latitude
fu d , & cent quatre-vingt-onze degrés quarante-une minutes de longitude,
des habitans qui avoient la voix rude & la taiiie groffe....-
lis.étoient d’une couleur entre le brun & le jaune, & avoient les-
cheveux noirs, à peu-près auffi longs & auffi épais que ceux des
Japonnois, attachés au fommet de la tête avec une plume longue-
& épaiffe au milieu . . . . . Ils avoient le milieu du corps couvert ,■
les uns de nattes, les autres de toile de coton ; mais le relie di*
corps étoit nu.
J ’ai donné dans le troifième Volume de mon O u vrage
, les découvertes de Dampierre & de quelques
autres Navigateurs au fujet de la nouvelle Hollande &
de la nouvelle Zélande ; la première découverte de
cette dernière terre Aufïrale a été faite en 1 6^2, par
Abel Tafinan & Diernen, qui ont donné leurs noms
à quelques parties des côtes, mais toutes les notions
que nous en avions étoient bien incomplètes avant la
belle navigation de M. Cook,
L a taille des habitans de la nouvelle Zélande, dit ce grand1
Voyageur , eft en général égale à celle des Européens les plus
grands, ils ont les membres charnus, forts & bien proportionnés ;
mais ils ne font pas auffi gras que les oififs infukires de la mer
du fud. Ils font alertes, vigoureux & adroits des mains ; leur
teint eft en général brun ; il y en a peu qui l’aient plus foncé:
que celui d’un Efpagnol qui a été expofé au fo leil, & celui du
plus grand nombre i’eft beaucoup moins.
Je dois obfèrver en paffant, que la comparaiforr que-
fait rci M. Cook des Efpagnols aux Zélandois, eff
d’autant plus j.ufte que les uns font à très-peu près les.
antipodes des autres.