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de l’efprit. Elles ont eu en même temps la petite vérole
& la rougeole ; mais toutes leurs autres maladies, ou
indi/politions leur arrivoient féparément, car Judith étoit
fujette à une toux & à la fièvre, au lieu que Hélène étoit
d une bonne fànté ; à feize ans leurs règles parurent pref
que en même temps, & ont toujours continué de paroître
fèparement à chacune. Comme elles approchoient de
vingt-deux ans, Judith prit la fièvre, tomba en létargie
& mourut le 23 février; la pauvre Hélène fut obligée
de fuivre fon fort; trois minutes avant la mort de Judith
elle tomba en agonie & mourut prefque en même temps.
En les diflequant on a trouvé qu’elles avoient chacune
leurs entrailles bien entières, & même que chacune aVoit
un conduit féparé pour les excrémens, lequel néanmoins
aboutilfoit au même anus (q).
Ees monftres par défaut font moins communs que les
monftres par excès ; nous ne pouvons guère en donner
un exemple plus remarquable que celui de l’enfant que
nous avons fait représenter ( -planche VI) d’après une tête
en cire qui a été faite par M.lle Biheron , dont on connoît
le grand talent pour le delfin & la repréfentation des
fujets anatomiques. Cette tête appartient à M. Dubourg,
habile Naturalifte & Médecin de la Faculté de Paris ;
elle a été modelée d’après un enfant femelle qui ell
venu au monde vivant au mois d’o&obre 1 7 6 6 , mais
qui n’a vécu que quelques heures. Je n’en donnerai pas
la defcription détaillée,.parce quelle a été inférée dans
■ - ( J J Linn, Syfi. Nat. édition allemande, tome I.
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les Journaux de ce temps, & particulièrement dans le
Mercure de France.
Enfin dans la troifième clalfe qui contient les monftres
par renverfement ou faulfe pofition des parties , les
exemples font encore plus rares, parce que cette efpèce
de monftruofité étant intérieure, ne fe découvre que
dans les cadavres qu’on ouvre.
M . M éiy fit en 16 8 8 , dans l ’Hôtel royal des Invalides, l ’ouverture
du cadavre d’un foldat qui étoit âgé de foixante-douze ans,
& il y trouva généralement toutes les parties internes de la poitrine
& du bas-ventre (itmVs à contre - fens : celles qui dans l ’ordre
commun de la Nature, occupent le côté droit, étant fituées au
côté gauche, & celles du côté gauche, l ’étant au droit; le coeur
étoit tranfverfalement dans la poitrine, fa bafe tournée du côté
gauche occupoit juftement le milieu , tout fon corps & fa pointe
s’avançant dans le côté d ro it. . . . L a grande oreillette & la veine-
cave étaient placées à la gauche & occupoient auffi le même côté
dans le bas-ventre jufqu’à l ’os facrum . . . . L e poumon droit netoit
divifé qu’en deux lobes, & le gauche en trois.
L e foie étoit placé au côté gauche de l ’eftomac ; fon grand
lobe occupant entièrement l ’hypocondre de ce côté là . . . . L a rate
étoit placée dans i ’hypocondre droit, & le pancréas fe portoit
tranverfalement de droite à gauche au duodénum (r).
M. Winlîow cite deux autres exemples d’une pareille
tranfpofition devifeères; la première obfervéeen 16^ 0 ,
& rapportée par Riolan ( f ) ; la féconde obfèrvée en
16 5 7 , fur le cadavre du fieur Audran, Commiflaire du
(r) Mémoires de l’Académie des Sciences, anneé iy y j , pag. 374 i f 375•
( f ) Difqpifaio de tranfpofitione partium naturalium à f viialium in corpore
bumano.