celui qui entreprend de ia réfoudre, car H a le delà van-
tage de mettre l’efprit des autres à une épreuve que le
fien n’a pufupporter, puifqu’en propofànt cette, queftion,
il n’a pas vu que c ’étoit demander une chofe impoftible.
Jufqu’ici nous n’avons parlé que de cette elpèce
d’abftraction qui eft prife du fujet même, c ’e ft-à -d ire,
d’une fèdle propriété de la matière, c ’eft-à-dire, de fon
extenfron; l’idée de ia lurface n’eft qu’un retranchement
à -l’idée complète du folide ; c ’eft-à-dire, une idée priva-*
tive-, une abftraélion ; celle de la ligne eft une abftraélion
d’abftraélion ;& le point eft l’abftraélion totale; or toutes
ces idées privatives ont ’ rapport au même fujet & dépendent
de la même qualité ou propriété de la matière,
je veux dire, de fon étendue; mais elles tirent leur
origine d’une autre eipèce d’abftraétion, par laquelle on
ne retranche rien du fujet, & qui ne vient que de la
différence des propriétés que nous apercevons dans la
matière ; le mouvement eft une propriété de la matière
très-différente de l’étendue, cette propriété ne renferme
que l’idée de la diftance parcourue, & c ’eft cette idée de
diftance qui a fait naître celle de la longueur ou de la
ligne. L ’expreffion de cette idée du mouvement entre
donc naturellement dans les confidérationsgéométriques,
& il y a de l’avantage à employer cesabftraétions naturelles,
& qui dépendent des différentes propriétés de la matière,
plutôt que les abftraétions purement intelleéluelles, car
tout en devient plus clair & plus complet.
X X X V .
O N fèroit-porté à croire,-que la pefanteur eft une des
propriétés de la matière fufceptibles de mefure; on a
vu de tout temps des corps plus &. moins pefans que
d’autres, il étoit donc aflez naturel d’imaginer que la
matière avoit, fous des formes différentes , des degrés
différens de pefanteur, & ce n’ eft que depuis l’invention
de la machine du vide, & les expériences des pendules,
qu’on eft afturé que la matière eft toute également pefante.
On a vu, & peut-être l’a -1 -on vu avec furprifè, les
corps les plus légers tomber aufti vite que les plus pefàns
dans le vide; & on a démontré, au moyen des pendules,
que le poids des corps eft proportionnel à la quantité
de matière qu’ils contiennent; la pefanteur de la matière
ne paroît donc pas être une qualité relative qui puiftb
augmenter & diminuer, en un mot qui puifle fe mefurer.
Cependant en y faifant attention de plus près encore,
on voit que cette pefanteur eft l’effet d’une force répandue
dans l’Univers, qui agit plus ou moins à une diftance plus
ou moins grande de la furfàce de la Terre; elle réfide
dans la maffe même du globe, & toutes fes parties ont
une portion de cette force aétive, qui eft toujours proportionnelle
à la quantité de matière quelles contiennent:
mais elle s’exerce dans l’éloignement avec moins d’énergie
; & dans le point de contaél, elle agit avec une
puiflance infinie: donc cette qualité de la matière paroît
augmenter ou diminuer par fes effets, & par confequent
elle devient un objet de mefures, mais de mefùres phi-
lofophiques que le commun des hommes, dont le corps
& Tefprit bornés à leur habitation terreftre, ne confidérera
pas comme utiles, parce qu’il ne pourra jamais en faire