toutes les nuances. Ces hommes blafards dont nous
avons parlé, & qui font différens des blancs, des noirs-
nègres , des noirs-caffres, des bafanés, des rouges, &c.
fe trouvent plus répandus que je ne l’ai dit; on les
connoît à Ceylan fous le nom de Bedas, à Java fous
celui de Chacrelas ou Kacrelas, à l’Ifthme d’Amérique
fous le nom d’Albinos, dans d’autres endroits fous celui
de Dondos ; on les a aufh appelés Nègres-blancs ; il s’en
trouve aux Indes méridionales en Afie , à Madagafcar
en Afrique, à Carthagènè & dans les Antilles en Amérique;
l ’on vient de voir qu’on en trouve auffi dans les
îles de la mer du fud: on ferait donc porté à croire que
les hommes de toute race& de toute couleur, produifent
quelquefois des individus blafards, & que dans tous
les climats chauds il y a des races füjettes à cette efpèce
de dégradation ; néanmoins par toutes les connoiffances
que j ’ai pu recueillir, il me paraît que ces blafards
forment plutôt des branches flériles de dégénération ,
qu’une tige ou vraie race dans l’efpèce humaine; car
nous fommes, pour ainfi dire, alTurés que les blafards
mâles font inhabiles ou très-peu habiles à la génération,
& qu’ils ne produifent pas avec leurs femelles blafardes,
ni même avec les négreffes. Néanmoins on prétend que
les femelles blafardes produifent, avec les nègres , des
enfans pies, c ’efî-à-dire, marqués de taches noires &
blanches, grandes & très-diflinéles, quoique fèmées irrégulièrement.
Cette dégradation de nature, paraît donc
être encore plus grande dans les mâles que dans les
femelles, & il y a plufieurs raifons pour croire que c’eft
une efpèce de maladie ou plutôt une forte de détraétion
dans l’organifation du corps, qu’une affeélion de nature
qui doive fè propager : car il efl certain qu’on n’en trouve
que des individus & jamais des familles entières ; & l’on
affure que quand par hafard ces individus produifent des
enfans, ils fe rapprochent de la couleur primitive de
laquelle les pères ou mères avoient dégénéré. On prétend
auffi que les Dondos produifent avec les nègres des
enfans noirs, & que les Albinos de l’Amérique avec les
Européens produifent des mulâtres; M. Schreber, dont
j’ai tiré ces deux derniers faits, ajoute qu’on peut encore
mettre avec les Dondos les nègres jaunes ou rouges qui
ont des cheveux de cette même couleur, & dont on ne
trouve auffi que quelques individus ; il dit qu’on en
a vu en Afrique & dans l ’île de Madagafcar, mais
que perfonne n’a encore obfervé qu’avec le temps ils
changent de couleur & deviennent noirs ou bruns ( i) ;
qu’enfin on les a toujours vus conflamment conferver
leur première couleur; mais je doute beaucoup de la
réalité de tous ces faits.
Les blafards du Darien, dit M . P. ont tant de reflemblance
avec les nègres blancs de l’Afrique & de l ’A fie , qu’on elt obligé
de leur affigner une caufe commune & confiante. Les Dondos de
l ’Afrique & les Kakerlaks de l ’Alie font remarquables par leur taille'
qui excède rarement quatre pieds cinq pouces; leur teint efl d’un>
blanc fade, comme celui du. papier ou de la moufîeiine fans la-
( i ) Hiftoire Naturelle des Quadrupèdes, par Al. Schreber, tome 1 , >
pages i -f & i y .