nation les Lappons, les Samojedes & tous les peuples
Tartares du nord, puifquil ne faut que faire attention à la
diverfité des phyfionomies, des moeurs & du langage meme de
ces peuples, pourfe convaincre qu’ils font d’une race différente,
comme f aurai, dit-il, occafon de le prouver dans la fuite.
Ma réponfe à cette troifieme imputation fera fàtisfaifànte
pour tous ceux qui, comme moi, ne cherchent que la
vérité : je n’ai pas pris pour une même nation les Lappons,
les Samojedes & les Tartares du nord, puifque je les ai
nommés & décrits féparément ; que je n’ai pas ignoré
que leurs langues étoient différentes, & que j’ai expofé
en particulier leurs ufages & leurs moeurs ; mais ce que
j ’ai feulement prétendu & que je fbutiens encore, c eft
que tous ces hommes du cercle arctique, font à peu-près
femblables entr’eux; que le froid & les autres influences
de ce climat, les ont rendus très-différens des peuples
de la zone tempérée ; qu’indépendamment de leur courte
taille, ils ont tant d’autres rapports de reffemblance entre
eux, qu’on peut les confidérer comme étant d’une même
nature ou d’une même race qui s’ejl étendue & multipliée
le long des côtes des mers feptentrionaies, dans des déferts èr
fous un climat inhabitable pour toutes les autres nations (d).
J ’ai pris ici, comme l’on voit, le mot de race dans le
fens le plus étendu, & M. Klingftedt le prend au contraire
dans le fens le plus étroit, ainfi fa critique porte à faux.
Les grandes différences qui fe trouvent entre les hommes,
dépendent de la diverfité des climats ; c ’efl dans ce point
(d) I-Iiftoire Naturelle, volume I I I , in-quarto, page qya.
de vue général qu’il faut faifir ce que j ’en ai dit ; & dans ce
point de vue il eft très-certain que non-feulement les
Lappons, les Borandiens, les Samojedes & les Tartares
du nord de notre continent, mais encore les Groèn-
landois & les Efquimaux de l’Amérique, font tous des
hommes dont le climat a rendu les races femblables,
des hommes d’une nature également rapetifféè, dégénérée,
& qu’on peut dès-lors regarder comme ne faifant
qu’une feule & même race dans l ’efpèce humaine.
Maintenant que j’ai répondu à ces critiques, auxquelles
je n’aurois fait aucune attention, fi des gens célèbres par
leurs talens, ne les euffent pas copiées, je vais rendre
compte des connoiffances particulières que nous devons
à M. Klingftedt au fojet de ces peuples du Nord.
Selon lu i, le nom de Samojede n’eft connu que depuis environ
cent ans, le commencement des habitations des Samojedes, fe trouve
au-delà de la rivière de Mezene, à trois ou quatre cents verfles
d’Archangel. . . . Cette nation fauvage, qui n’eft pas nombreufe,
occupe néanmoins l ’étendue de plus de trente degrés en longitude
le long des côtes de l ’océan du nord & de la mer glaciale, entre les
foixante-fixième & foixante-dixième degrés de latitude, à compter
depuis la rivière de Mezene jufqu’au fleuve Jenifcé, & peut-être
plus loin.
J ’obferverai qu’il y a trente degrés environ de longitude,
pris fur le cercle polaire, depuis le fleuve Jenifcé
jufqu’à celui de Petzora ; ainfi les Samojedes ne fè trouvent
en effet qu’après les Borandiens, lefquels occupent
ou occupoient ci-devant la contrée de Petzora; on voit
que le témoignage même de M. Klingftedt confirme ce