découverte comme nouvelle : j’ai donc tout droit de la
revendiquer, & je vais y ajouter quelques réflexions.
C ’eft travailler pour l ’avancement des Sciences, que
d’épargner du temps à ceux qui les cultivent : je crois
donc devoir dire à ces Obfervateurs, qu’il ne fuffit pas
d’avoir un bon microfcope pour faire des obfervations
qui méritent le nom de découvertes. Maintenant qu’il
eft bien reconnu que toute fubftance organifée contient
une infinité de molécules organiques vivantes, & préfente
encore après fa décompolïtion les mêmes particules
vivantes: maintenant, que l’on fait que ces molécules
organiques ne font pas de vrais animaux, & qu’il y a
dans ce genre d’êtres microfcopiques autant de variétés
& de nuances que la Nature en a mis dans toutes fes
autres produ&ions ; les découvertes qu’on peut faire au
microfcope fe réduifent à bien peu de choie , car on
voit de l’oeil de l’efprit & làns microfcope, l’exiftence
réelle de tous ces petits êtres dont il eft inutile de s’occuper
feparément ; tous ont une origine commune & aulfi
ancienne que la Nature , ils en conftituent la v ie , & paflent
de moules en moules pour la perpétuer. Ces molécules
organiques toujours a Clives, toujours fubfiftantes, appartiennent
également à tous les êtres organifés, aux végétaux
comme aux animaux ; elles pénètrent la matière brute , la
travaillent, la remuent dans toutes fes dimenfions, & la
font lèrvir de bafe au tiflu de l ’organifation , de laquelle
ces molécules vivantes font les feuls principes & les fèuls
inftrumens ; elles ne font foumifes qu’à une feule puilfance
qui, quoique paflive, dirige leur mouvement & fixe leur
pofition. Cette puilfance eft le moule intérieur du
corps organifé, les molécules vivantes que l’animal ou
le végétal tire des alimens ou de la sève, s’aiïïmilent
à toutes les parties du moule intérieur de leur corps,
elles le pénètrent dans toutes fes dimenfions, elles y
portent la végétation & la v ie , elles rendent ce moule
vivant & croilfant dans toutes fes parties ; la forme intérieure
du moule détermine feulement leur mouvement &
leur pofition pour la nutrition & le développement dans
tous les êtres organifés.
Et lorfque ces molécules organiques vivantes ne font
plus contraintes par la puilfance du moule intérieur,
lorfque la mort fait ceffer le jeu de l’organifation, c ’eft-
à-dire la puilfance de ce moule, la décomposition du
corps fuit, & les molécules organiques, qui toutes
furvivent, fè retrouvant en liberté dans la diffolution &
la putréfaction des corps, paflent dans d’autres corps
aulfitôt qu’elles font pompées par la puilfance de quel-
qu’autre moule ; en forte qu’elles peuvent palfer de
l ’animal au végétal, & du végétal à l’animal fans altération
, & avec la propriété permanente & confiante de
leur porter la nutrition & la vie : feulement il arrive une
infinité de générations Ipontanees dans cet intermède,
où la puilfance du moule eft fans aétion, c ’eft-à-dire,
dans cet intervalle de temps pendant lequel les molécules
organiques fe trouvent en liberté dans la matière
des corps morts & décompofés; dès qu’elles ne font
. U u ij