A D D I T I O N
À l ’article de la P u b e r té , vol. II, page 478.
D a n s i’Hiftoire de la Nature entière, rien ne nous
touche de plus près que l ’hiftoire de l’Homme, & dans
cette hifîoire phyfique de l ’homme , rien n’efl plus
agréable & plus piquant que le tableau fidèle de ces
premiers momens où l’homme fe peut dire homme.
L ’âge de la première & de la fécondé enfance d’abord
ne nous préfonte qu’un état de misère qui demande
toute efpèce de fecours, & enfiiite un état de foiblefle
qu’il faut foutenir par des foins continuels. Tant pour
l ’efprit que pour le corps, l’enfant n’efl: rien ou n’efl
que peu de chofe jufqu’à l’âge de puberté; mais cet
âge efl l’aurore de nos premiers beaux jours, c’efHie
moment où toutes les facultés, tant corporelles qu’intel-
leéluelles, commencent à entrer en plein exercice ; où les
organes ayant acquis tout leur développement, le fontiment
s’épanouit comme une belle fleur, qui bientôt doit
produire le fruit précieux de la raifon. En ne confidérant
ici que le corps & les fens, l’èxiflence de l’homme ne
nous paraîtra complète que quand il peut la. communiquer ;
jufqu’alors fà vie n’efl pour ainfi dire qu’une végétation,
il n’a que ce qu’il faut pour être & pour croître, toutes
les puiflances intérieures de fon corps fe réduifent à fa
pptritjon & à fon développement ; les principes de vie
qui
qui confiflent dans les molécules organiques vivantes
qu’il tire des alimens, ne font employés qu’à maintenir
la nutrition , & font tous abforbés par l’accroifTement du
moule qui s’étend dans toutes fes dimenfions ; mais
iorfque cet accroiffement du corps efl à peu-près à fon
point, ces mêmes molécules organiques vivantes, qui
ne font plus employées à l ’extenfion du moule, forment
une furabondance de vie qui doit fe répandre au-dehors
pour fo communiquer : le voeu de la Nature n’efl pas
de renfermer notre, exiflence en nous’- mêmes ; par la
même loi qu’elle a fournis tous les êtres à la mort, elle
les a confolés par la faculté de fe reproduire; elle veut
donc que cette forabondance de matière vivante fe
répande & foit employée à de nouvelles vies, & quand
on s’obftine à contrarier la Nature, il en arrive fouvent
de funefles effets, dont il efl bon de donner quelques
exemples.
Extrait d ’un Mémoire adrefle à M. de Buffon, par
M. * * * le i .cr oétobre 1774.
J E naquis de parens jeunes & robufles ; je paffai du fein de ma
mère entre fes bras, pour y être nourri de fon fait; mes organes
& mes membres fe développèrent rapidement, je n éprouvai aucune
des maladies de l’enfance. J ’avois de la facilité pour apprendre 8c
beaucoup d’acquit pour mon âge. A peine avois-je onze ans que
la force & la maturité précoce de mon tempérament, me firent
fentir vivement les aiguillons d’une palîïon qui communément ne
fe déclare que plus tard. Sans doute je me ferois livré dès-fors au
piaifir qui m’entraînoit ; mais prémuni par fes leçons de mes parens
qui me deftinoient à l’état ecciéfiaftique, envifageant ces plaifirs
Supplément. Tome IV C c c