4.5 B S u p p l é m e n t
la nouvelle Zemble, du temps de la deflrudtion de Nowogrod.
Sous le règne du Czar Iwan Wafilewitz, un payfan fe rf, échappé,
appartenant à la maifon des Stroganows, s’y étoit auffi retiré avec fa
femme & fes enfans, & les Rulfes connoiffent encore jufqu a préfent
les endroits où ces gens-là ont demeuré, & les indiquent par leurs
noms; mais les defcendans de ces malheureufes familles ont tous
péri en un même temps, apparemment par l ’infeélion des mêmes
brouillards.
On voit par ce récit de M. Klingftedt, que les Voyageurs
ont rencontré des hommes dans la nouvelle Zemble;
dès-fors n’ont-ils pas dû prendre ces hommes pour les
naturels du pays, puifqu’ils étoient vêtus a peu-près
comme les Samojedes | ils auront donc appelé Zembliens
ces hommes qu’ils ont vus dans la Zemble : cette erreur,
fi c’en eft une, eft fort pardonnable; car cette île étant
d’une grande étendue & très-voifine du continent, 1 on
aura bien de la peine à fe perfuader qu’elle fût entièrement
inhabitée avant l’arrivée de ce payfan Rulfe.
2.0 M. Klingftedt dit, que je ne parois pas mieux fondé
h l ’égard des Borandiens, dont on ignore pifquau nom même
dans tout le nord, &' que l ’on poarroit d’ailleurs reconnaître
difficilement à la defcription que fen donne. C e dernier reproche
ne doit pas tomber fur moi ; fi la defcription des
Borandiens, donnée par les voyageurs Hollandois, dans
le recueil des voyages du nord, n’eft pas àfiez détaillée
pour qu’on puifle reconnoître ce peuple; ce n’eft pas ma
faute, je n’ai pu rien ajouter à leurs indications. Il en
eft de même à l’égard du nom, je ne l ’ai point imaginé;
je l’ai trouvé, non - feulement dans ce recueil de
a l’H i s t o i r e Na t u r e l l e . 459
voyagés que M . Klingftedt aurait dû confulter, mais encore
fur des cartes & fur les globes Anglois de M. Senex,
Membre de la Société royale de Londres, dont les ouvrages
ont la plus grande réputation, tant pour l’exactitude
que pour la précifion. Je ne vois donc pas jufqu’à prêtent
que le témoignage négatif de M. Klingftedt feul, doive
prévaloir contre les témoignages pofitifs des Auteurs que
je viens de citer. Mais pour le mettre plus à portée de
reconnoître les Borandiens, je lui dirai que ce peuple dont
il nie l’exiftence, occupe néanmoins un vafte terrein, qui
n’eft guère qu’à deux cents lieues d’Archangel à l’orient;
que la bourgade de Boranda qui a pris ou donné le nom
du pays, eft fituée à vingt-deux degrés du pôle, fur la
côte occidentale d’un petit golfe, dans lequel fe décharge
la grande rivière de Petzora ; que ce pays habité par les
Borandiens, eft borné au nord par la mer glaciale, vis-
à-vis l ’île de Kolgo, & les petites îles Toxar & Maurice;
au couchant, il eft féparé des terres de la province de
Jugori, par d’aflez hautes montagnes; au midi, il confine
avec les provinces de Zirania & de Permia; & au levant,
avec les provinces de Condoria & de Montizar, lefquelles
confinent elles-mêmqs avec le pays des Samojedes. Je
pourrais encore ajouter qu’indépendamment de la bourgade
de Boranda, il exifte dans ce pays plufieurs autres
habitations remarquables, telles que Uftzilma, Nicolaï,
Iftemskaia & Petzora ; qu’enfin ce même pays eft marqué
fur plufieurs cartes par le nom de Petzora five Borandai.
Je fuis étonné que M. Klingftedt & M. de Voltaire qui
M m m ij