invitent ceux qui furviennent à manger avec eux ; au
contraire, les Turcs Ce cachent pour manger, crainte
d ’inviter ceux qui pourroient les trouver à table.
La coiffure des femmes Arabes, quoique fimple, eft
galante; elles font toutes à demi ou au quart voilées.
L e vêtement du corps eft encore plus piquant, ce n’eft
qu’une chemifo fur un léger caleçon, le tout brodé ou
garni d’agrémens de différentes couleurs ; elles fe peignent
les ongles de rouge, les pieds & les mains de jaune-brun,
& les fourcils & le bord des paupières de noir: celles
qui habitent la campagne dans les plaines, ont le teint
& la peau du corps d’un jaune-foncé; mais dans, les
montagnes on trouve de jolis vifages, même parmi les
païfannes. L ’ufàge de l’inoculation, fi néceffaire pour
conferver la beauté, eft ancien & pratiqué avec fuccès
en Arabie; les pauvres Arabes-Bedouins qui manquent
de tout, inoculent leurs enfans avec une épine, faute
de meilleurs inftrumens.
En général les Arabes font fort fobres, & même ils
ne mangent pas de tout à beaucoup près, foit fuperftition,
foit faute d’appétit; ce n’eft pas néanmoins délicateffe
de goût, car la plupart mangent des fàuterelies; depuis
Babel-mandel jufqu’à Bara on enfile les fàuterelies pour
les porter au marché. Us broient leur blé entre deux
pierres, dont la fopérieure fe tourne avec la main. Les
filles fe marient de fort bonne heure, à neuf, dix &
onze ans dans les plaines, mais dans les montagnes les
parens les obligent d’attendre quinze ans.
Les
Leshabitans des villes Arabes, dit M . Nierburh, fur-tout de celles
qui font fituées fur les côtes de la mer, ou fur fa frontière, ont,
à caufe de leur commerce, tellement été mêlés avec les Étrangers,
qu’ils ont perdu beaucoup de leurs moeurs & coutumes anciennes;
mais les Bédouins, les vrais Arabes, qui ont toujours fait plus de
cas de leur liberté que de l ’aifance & des richeffes, vivent en tribus
féparées fous des tentes, & gardent encore la même forme de
gouvernement, les mêmes moeurs & les mêmes ufages qu’avoient
leurs ancêtres dès les temps les plus reculés. Us appellent en général
tous leurs nobles Schechs ou Schoech; quand ces Scheçhs font trop
foibles pour fe défendre contre leurs voifins , ils s'unifient avec
d’autres, & choififfent un d’entr’eux pour leur grand Chef. Pfu-
fieurs des Grands élifent enfin, de.l’aveu des petits Schechs, un plus
puilfant encore, qu’ils nomment Schechelkbir ou Scheches-Schmch,
& alors la famille de ce dernier donne fon nom à toute la tr ib u .. . .
L ’on peut dire qu’ils nailfent tous foldats, & qu’ils font tous
pâtres. Les Chefs des grandes tribus ont beaucoup de chameaux
qu’ils emploient à la guerre, au commerce, &c. les petites tribus
élèvent des troupeaux de moutons.. . . les Schechs vivent fous
des tentes, & Iailfent le foin de l ’agriculture & des autres travaux
pénibles à leurs fujets qui logent dans de miférables huttes. Ces
Bédouins, accoutumés à. vivre en plein air, ont l’odorat très-fin;
les villes leur plaifent fi peu, qu’ils ne comprennent pas comment
des, gens qui fe piquent d’aimer la propreté, peuvent vivre au
milieu d’un air fi impur. . . . Parmi ces peuples, 1 autorité relie
dans la famille du grand ou petit Schech qui règne, fans qu’ils
foient alfujettis à en choifir l ’aîné ; ils élifent le plus capable des
fils ou des parens, pour fuccéder au gouvernement ; ils pavent
très-peu ou rien à - leurs ( fupérieurs. Chacun des petits Scheçhs
porte la parole pour fa famille, & il en eft le chef & le conducteur :
le grand Schech eft obligé par-là de les regarder plus commè fes
alliés que comme fes fujets;.car fi fon" gouvernement leur déplaît ,
& qu’ils ne puilfent pas le dépofer, ils conduifent leurs beftiaux
Supplément. Tome IV Q q q