l ’épouvante n’a pu groflïr les objets . . . cependant Narbrugb . . . »
nie formellement que leur taille foit gigantefque. . . fon témoignage
eft précis à cet égard ainfi que celui de Jacques l ’Hermite , fur les
naturels de la Terre-de-feu, qu’il dit être puiftans, bien proportionnés,
à peu-près de la même grandeur que les Européens;
enfin parmi ceux que M . de Gennes vit au port de Famine
aucun n’avoit fix pieds de haut.
En voyant tous ces. témoignages pour & contre, on ne peut
guère fe défendre de croire que tous ont dit vrai ; c ’eft-à-dire que
chacun a rapporté les chofes telles qu’il les a vues ; d’où il faut
conclure que l ’exiftence de cette efpèce d’homme particulière eft un
fait r é e l , & que ce n’eft pas allez pour les traiter d’apocryphes,
qu’une partie des marins n’ait pas aperçu ce que les autres ont
fort bien vu. C ’eft auffi l ’opinion de M. Frezier, écrivain judicieux,
qui a été à portée de raflembler les témoignages fur les
lieux mêmes. . . . ,
Il paroît confiant que les habitans des deux rives du détroit*
font de taille ordinaire, & que l ’efpèce particulière (les Patagons
gigantefques) fàifoit il y a deux Cèdes, fa demeure habituelle fur
les côtes de l ’eft & de l ’o tieft, plufiêur's degrés au-deflùs du
détroit de Magellan . . . . Probablement la trop fréquente arrivée
des vailfeaux fur ce rivage les a déterminés depuis à l ’abandonner
tout-à-fait„ ou à n’y venir qu’en certain temps de l ’année, & à
faire, comme on nous le dit, leur réfidence dans l ’intérieur du
pays. Arifon préfume qu’ils habitent dans les Cordillères vers la côte
d ocddent, d où ils ne viennent fur le bord oriental que par intervalles
peu fréquens, tellement que fi les Vailfeaux qui depuis plus de
cent ans ont touché fur la côte des Patagons, n’en ont vu que fi
rarement, la raifon félon les apparences, eft que ce peuple farouche
& timide s’eft éloigné du rivage de la mer depuis qu’il y voit
venir fi fréquemment des vailfeaux d’Europe, & qu’il s’e ft, à
l ’exemple de tant d’autres nations Indiennes, retiré dans les
montagnes pour fe dérober à la vue des Etrangers,
On a pu remarquer dans mon Ouvrage que j’ai
toujours paru douter de l’exiftence réelle de ce prétendu
peuple de géans. On ne peut être trop en garde contre
les exagérations, fur-tout dans les chofes nouvellement
découvertes ; néanmoins je ferois fort porté à croire avec
M. de Broffe, que la différence de grandeur donnée
par les Voyageurs aux Patagons, ne vient que de ce
qu’ils n’ont pas vu les mêmes hommes, ni dans les
mêmes contrées, & que tout étant bien comparé, il en
réfulte que depuis le vingt-deuxième degré de latitude
fud, jufqu’au quarante ou quarante-cinquième, il exifte
en effet une race d’hommes plus haute & plus puiffante
qu’aucune autre dans l ’Univers. Ges hommes ne font pas
tous des géans, mais tous font plus hauts & beaucoup
plus larges & plus carrés que les autres hommes; &
comme il fe trouve des géans prefque dans tous les
climats, de ffipt pieds ou fept pieds & demi de grandeur,
il n’eft pas étonnant qu’il s’en trouve de neuf & dix pieds
parmi les Patagons.
Des Américains.
A l ’égard des autres nations qui habitent l’intérieur
du nouveau continent, il me parôît que M. P. prétend
& affirme fans aucun fondement, qu’en général tous les
Américains, quoique légers & agiles à la courfè, étoient
deftitués de force, qu’ils fuccomboient fous le moindre
fardeau, que l’humidité de leur conftitution eft caufe
qu’ils n’ont point de barbe, & qu’ils ne font chauves