fomine des vides qu’elles laiflent entr’elîes; nos yeux
ne font pas affez perçans pour démêler & comparer ces
différens rapports de formes ; ainfi nous fommes obligés
de mefurer cette denfité par le réfultat qu’elle produit »
c ’eft-à-dire, par le volume apparent.
La première manière qui fe préfente pour mefurer
le volume des corps, efl la géométrie des folides; un
volume ne diffère d ’un autre que par fon extenfion plus
ou moins grande , & dès-lors il femble que le poids des
corps devient un objet des mefures géométriques; mais
l ’expérience a lait voir, combien la pratique de la Géométrie
étoit fautive à cet égard. En effet, il s’agit de
reconnoître dans des corps de figure très-irrégulière, &
fouvent dans de très-petits corps des différences encore
plus petites, & cependant confidérables par la valeur de
la matière; il n’étoit donc pas poffible d’appliquer aifé-
ment ici les mefures de longueur, qui d’ailleurs auroient
demandé de grands calculs, quand même on auroit trouvé
le moyen d’en faire ufage. On a donc imaginé un autre
moyen auffi fur qu’il eft aifé, c ’eft de plonger le volume
à mefurer dans une liqueur contenue dans un vafe
régulier, & dont la capacité eft connue & divifée par
plufieurs lignes ; l’augmentation du volume de la liqueur
fe reconnoît par ces divifions, & elle eft égale au volume
du fblide qui eft plongé dedans ; mais cette façon a encore
lès inconvéniens dans la pratique. On ne peut guère
donner au vafè la perfeétion de figure qui fèroit nécef-
faire; on ne peut ôter aux divifions les inégalités qui
échappent aux yeux, de forte qu’on a eu recours à
D ’A r i t h m é t i q u e m o r a l e . i 4 7
quelque chofe de plus fnnple & de plus certain, on
s’eft fervi de la balance; & je n’ai plus qu’un mot à dire
fur cette façon de mefurer les folides.
On vient de voir que les corps irréguliers & fort petits
fe refufent aux mefures de la Géométrie, quelque exactitude
qu’on leur fuppofè ; elles ne nous donnent jamais
que des réfultats très-imparfaits; auffi la pratique de la
géométrie des folides a été obligée de fe borner à la
mefure des grands corps & des corps réguliers, dont le
nombre eft bien petit en comparaifon de celui des autres
corps ; on a donc cherché à mefurer ces corps par une
autre propriété de la matière, par leur pefanteur dans les
folides de même matière, cette pefanteur eft proportionnelle
à l ’étendue, c ’eft - à - dire, le poids eft en même
rapport que le volume; on a fubftitué avec raifon la
balance aux mefures de longueur, & par - la on s eft
trouvé en état de mefurer exactement tous les petits corps
de quelque figure qu’ils foient, parce que la pefanteur n a
aucun égard à la figure, & qu’un corps rond ou carre , ou
de telle autre figure qu’on voudra, pèfe toujours également.
Je ne prétends pas dire ici que la balance n’a été imaginée
que pour fûppléer au défaut des mefures géométriques ;
il eft vifible qu’elle a fon ufage fans cela, mais j’ai voulu
faire fèntir combien elle étoit utile a cet egard meme qui
n’eft qu’une partie des avantages qu’elle nous procure.
On a de tout temps fenti la néceffité de connoître
exactement le poids des corps; j ’imaginerois volontiers
que les hommes ont d’abord mefùré ces poids par les
forces de leur corps ; on a leyé, porté, tiré des fardeaux,
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