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fon Dieu ; tous, même ceux qui font Chrétiens, ont des idoles,
ils ont des formules de divination, des tambours magiques, & certains
noeuds avec lefquels ils prétendent lier ou délier les vents ( f ) .
On voit par le récit de ce Voyageur moderne, qu’il
a vu & jugé les Lappons différemment de M. Kiingftedt,
& plus conformément aux anciennes relations; ainfi la
vérité eft, qu’ils font encore à très-peu-près tels que
nous les avons décrits, M. Hoegftroem dit, avec tous les
Voyageurs qui l’ont précédé, que les Lappons ont peu
de barbe ; M. Kiingftedt feul aflure qu’ils ont la barbe
épaiffe & bien fournie, & donne ce fait comme preuve
qu’ils different beaucoup des Samojedes; il en eft de
même de la couleur des cheveux ; tous les relateurs
s’accordent à dire que leurs cheveux font noirs , le feul
M. Kiingftedt dit qu’il fe trouve parmi les Lappons des
cheveux de toutes couleurs & des yeux bleus & gris ; ft
ces faits font vrais, ils ne démentent pas pour cela les
Voyageurs} ils indiquent feulement que M. Kiingftedt a
jugé des Lappons en général par le petit nombre de
ceux qu’il a vus, & dont probablement ceux aux yeux
bleuis & à cheveux blonds, proviennent du mélange de
quelques Danois, Suédois ou Mofcovites blonds, avec
les Lappons.
M. Hoegftroem s’accorde avec M.,Kiingftedt adiré,
que les Lappons tirent leur origine des Finnois ; cela
peut être vrai ; néanmoins cette queftion exige quelque
difcufîîon. Les- premiers Navigateurs qui aient fait le tour
( f ) Hiftoire générale des Voyages , volume X IX , pages 4.96 df fuivantes.
entiçr
entier des côtes feptentrionales de l ’Europe, font Othere
& Wulfstan dans le temps du roi Ælfred Anglo-Saxon,
auquel ils en firent une relation, que ce Roi géographe
nous a confèivee, & dont il a donné la carte avec les
noms propres de chaque contrée dans ce temps, c ’eft-
à-dire, dans le neuvième fiècle (g): cette carte comparée
avec les cartes récentes , démontre que la partie occi-
•dentale des cotes de Morwege jufqu’au fbixante-cinquième
degre, s appeloit alors Halgoland. Le navigateur Othere
vécut pendant quelque temps chez ces Norvégiens qu’il
appelle Nonhmen. D e - là , il continua fa route vers le
•nord, en côtoyant les terres de fa Lapponie, dont il
nomme la partie méridionale Finna, & la partie boréale
Terfenwa : il parcourut en fix jours de navigation trois cents
lieues -, julqu auprès du cap nord qu’il ne put doubler
d abord faute d un vent d ouéft ; mais après un court
féjour dans les terres voifines de ce cap, il le dépaffa
& dirigea fa navigation à l’eft pendant quatre jours, ainfi
il côtoya le cap nord jufqu’au-delà de 'Wardhus ; enfuite
par un vent de nord il tourna vers le midi, & ne s’arrêta
qu auprès de 1 embouchure d une grande rivière habitée
par des peuples appelés Beormas, qui, félon fbn rapport,
furent les premiers habitans fédentaires qu’il eût trouvés
dans tout le cours de cette navigation; n’ayant, dit-il,
point Vu d habitans fixes fur les côtes de Finna & de
Terfenna, (c’eft-à-dire fur toutes les côtes de la Lapponie)
(g) Voyez cette carte à la fin <Jes notes, fur le premier chapitre
du premier livre d’ÆIfred fur Orofms. Londres, i 7 7 3 , in-odavo.
Supplément. Tome IV. O o o