un ufage immédiat; s’il nous étoit permis de nous
tranfporter vers la Lune ou vers quelqu’autre planète,
ces mefures feroient bientôt en pratique, car en effet
nous aurions befoin, pour ces voyages, d’une mefure
de pefànteur qui nous ferviroit de mefure itinéraire; mais
confinés comme nous le fommes, on peut fe contenter
de fe fouvenir que la vîtefîe inégalé de la chute des corps
dans différens climats de la Terre, & les fpéculations de
Newton nous ont appris que , fi nous en avons jamais
befoin, nous pourrons mefurer cette propriété de la
matière avec autant de précifion que toutes les autres,
Mais autant les mefures de fa pefànteur de la matière
en général nous paroiffent indifférentes, autant les mefures
du poids de fes formes doivent nous paraître utiles,
chaque forme de la matière a fon poids fpécifique qui la
caractérife ; c ’eft le poids de cette matière en particulier,
ou plutôt c ’eft le produit de la force de la gravité par la
denfité de cette matière. Le poids abfolu d’un corps eft
par conféquent le poids fpécifique de la matière de ce
corps multiplié par la maffe; & comme dans les corps
d’une matière homogène la maffe eft proportionnelle au
volume, on peut dans l’ufage, prendre l’un pour l’autre;
& de la connoiffance du poids fpécifique d’une matière,
tirer celle du poids abfolu d’un corps compofé de cette
matière ; favoir, en multipliant le poids fpécifique par le
volume, vice verfâ de la connoiffance du poids abfolu
d’un corps, tirer celle du poids fpécifique de la matière
dont ce corps eft compofé en divifant le poids par le
yolume ; c’eft fur ççs principes qu’eft fondée la théorie
de la
de la balance hydroftatique & celle des opérations qui en
dépendent. Difons un mot fitr ce fùjet très - important
pour les. Phyfieiens.
Tous les corps feroient également denfès fi, fous un
volume égal, ils contenoient le même nombre de parties,
& par conféquent la différence de leurs poids ne vient
que de celle de leur denfité ; en comprimant l’air & le
réduifant dans un efpace neuf cents fois plus petit que
celui qu’il occupe, on augmenterait en même raifon fà
denfité, & cet air comprimé fe trouverait auffi pelant
que l’eau; il en eft de même des poudres, &c. La denfité
d’une matière eft donc toujours réciproquement proportionnelle
à l’efpace que cette matière occupe, ainfi l’on
peut très-bien juger de la denfité par le volume ; car plus
Je volume d’un corps fera grand, par rapport au volume
d ’un autre corps, le poids étant fuppofé le même, plus
la denfité du premier fera petite & en même raifon ; de
forte que fi une livre d’eau occupe dix - neuf fois plus
d’efpace qu’une livre d’o r , on peut en conclure que l’or
eft dix-neuf fois plus denfe, & par conféquent dix-neuf
fois plus pefànt que l ’eau. C ’eft cette pefànteur que nous
avons appelée fpécifique, & qu’il eft fi important de
connoître , fur-tout dans les matières précieufès, comme
les métaux, afin de s’affurer de leur pureté, & de pouvoir
découvrir les fraudes & les mélanges qui peuvent les
fàlfifier; la mefure du volume eft la feule qu’on puiffe
employer pour cet effet, celle de la denfité ne tombe
pas affez fous nos fèns, car cette mefure de la denfité
dépend de la pofition des, parties intérieures & de la
Supplément. Tome IV. T