pu confondre le blond avec le roux, & néanmoins dans
la nature de l’homme ces deux couleurs doivent être
foigneulèment diftinguées, le roux n’étant que le bran
ou le noir trop exalté, au lieu que le blond efl; le blanc
coloré d’un peu de jaune, & l’oppofé du noir ou du
brun. Cela me paroît d’autant plus vraifemblable que les
Wotjackes ou Tartans vagolijfes ont tous les cheveux roux;
au rapport de ces mêmes Voyageurs, & qu’en général
les roux font auffi communs dans l’orient que les blonds
y font rares.
A l’égard des Tungufes, il paroît par le témoignage
de M.rs Gmelin. & Muller, qu’ils avoient ci-devant des
troupeaux de rennes & plufieurs ufages femblables à ceux
des Samojedes, & qu’aujourd’hui ils n’ont plus de rennes
& fe fervent de chevaux. Us ont, difent ces Voyageurs,
aflez de reffemblance avec les Calmouques, quoiqu’ils
n’aient pas la face auffi large & qu’ils foient de plus petite
taille ; ils ont tous les cheveux noirs & peu de barbe, ils
l ’arrachent auffitôt qu’elle paroît, ils font errans & tranf-
portent leurs tentes & leurs meubles avec eux. Us époufent
autant de femmes qu’il leur plaît. Us ont des Idoles
de bois ou d’argile, auxquelles ils adreffent des prières
pour obtenir une bonne pêche ou une chaffie heureufe ;
ce font les feuls moyens qu’ils aient de fe procurer leur
fubfiftance (p) ■ On peut inférer de ce récit, que les
Tungufos font la nuance entre la race des Samojedes
(p) Relation de M.rs Gmelin & Muller. Hiftoire générale des
Voyages, tome XVI I I , page 243•
& celle desTartares, dont le prototipe ou fi l ’on veut
la caricature, fë trouve chez les Calmouques qui font les
plus laids de tous les hommes. Au refte, cette vafte
partie de notre continent, laquelle comprend la Sibérie,
& s’étend de Tobolk à Kamtfchatka, & de la mer
Cafpienne à la Chine n’eft peuplée que de Tartares ,
les uns indépendans, lés autres plus ou moins fournis
à l’empire de Ruffie ou bien à celui de la Chine ; mais
tous encore trop peu connus pour que nous puiffions
rien ajouter à ce que nous en avons dit, volume I I I ,
pages 377 èr fuivantes.
Nous pafferons des Tartares aux Arabes qui ne font
pas auffi différenspar les moeurs qu’ils le font par le climat.
M. Nierburh, de la Société royale de Gottingen, a
publié une relation curieufe & lavante de l’Arabie, dont-
nous avons tiré quelques faits que nous allons rapporter.
Les Arabes ont tous la même religion fans avoir les
mêmes moeurs; les uns habitent dans des villes ou villages,
les autres fous des tentes en familles féparées. Ceux qui:
habitent les villes travaillent rarement en été depuis les
onze heures du matin jufqu’à trois heures du foir, à
caulè de la grande chaleur; pour l’ordinaire ils emploient
ce temps à dormir dans un fouterrein où le vent vient
d’en haut par une efpèce de tuyau, pour faire circuler
l’air. Les Arabes tolèrent toutes les religions & en laiffient
le libre exercice aux Juifs, aux Chrétiens, aux Banians;;
ils font plus affables pour les Étrangers, plus hofpitaliers,,
plus généreux que les Turcs. Quand ils font à table ils,