I l eft faux que les femmes Hottentotes aient un tablier naturel
qui recouvre les parties de leur fexe ; tous les habitans du cap de
Bonne-efpérance afférent le contraire, & je l’ai ouï dire au Lord
Gordon qui étoit aller paffer quelque temps cbèz ces peuples pour
en être certain, mais il m’a afîuré en même temps que toutes les
femmes qu’il avoit vues avoient deux protubérances charnues qui
fortoient d’entre les grandes lèvres au-deffus du clitoris, & tom-
boient d’environ deux ou trois travers de doigt, qu’au premier coup-
d’oe il, ces deux excroiflances ne paroilïoient point féparées. Il m’a
dit auffi que quelquefois ces femrties s’e'ntouroient le ventre de
quelque membrane d’animal, & que c’eft ce qui aura pu donner
lieu à I’hifloire du tablier. II eft fort difficile de faire cette vérification
, elles font naturellement très-modeftes, il faut les enivrer
pour en venir à-bout. C e peuple n’eft pas fi exceffivement lard, que
la plupart des Voyageurs veulent le faire accroire, j ’ai trouvé qu’il
avoit les traits plus approchans des Européens que les'Nègres d’A -
frique. Tous les Hottentots que j ’ai vus étofênt d’iule taille très-
médiôcre, ils font peu courageux, aiment avec excès les liqueurs
fortes & parorffent fort flegmatiques. U n Hottentot & fa femme
paflbient dans une rue l ’un auprès de l ’autre, & caufoient fans
paraître émus tout d’un coup je vis le mari donner à fa femme
un foufflet fi fort qu’il l ’étendit par terre ; il parut d’un auffi grand
fang-ffoid après cette aétion qu’auparavant ; il continua fa route fans
faire feulement attention à fa femme q u i , revenue un inftant après
de fon étourdiflement, hâta le pas pour rejoindre fon mari.
Par une lettre que M. de Querhoënt m’a écrite le
i < février 1 7 7 5 , il ajoute :
J ’euffe defiré vérifier par moi-même, fi le tablier des Hottentotes
exifte, mais c ’eft une chofe très - difficile, premièrement par la
répugnance qti’elles ont de fo lalffer voir à des étrangers, & en
fécond lieu par la grande diffance qu’il y a entre leurs habitations
& la ville du Cap dont les Hottentots s’éloignent même de plus
en plus ; tout ce que je puis vous dire à ce fù je t, c’eft que les
Hollandois du Cap qui m’en ont parlé croient le contraire, &
M- Bergh homme mftruit m’a afliiré qu’il avoit eu la curiofité de
le vérifier par lui-même.
C e témoignage-de M. Bergh & celui de M. Gordon
me paroilfent fuffire pour faire tomber ce prétendu tablier,
qui m’a toujours paru contre tout ordre de nature. L e
fait, quoique affirmé par plufieurs Voyageurs, n’a peut-
être d’autre fondement que le ventre pendant de quelques
femmes malades ou mal fbignées après leurs couches.
Mais à l’égard des protubérances entre les lèvres, lesquelles
proviennent du trop grand accroiffement des
nymphes ; c ’eft un défaut connu & commun au plus
grand nombre des femmes Africaines. Ainft l ’on doit
ajouter foi à ce que M. de Querhoënt en dit ici d’après
M. Gordon, d’autant qu’on peut joindre à leurs témoignages
cèlui du capitaine Cook. Les Hottentotes (dit-il)
n’ont pas ce tablier de chair dont on a fouyent parlé :
Un Médecin du Cap qui a guéri plufieurs de ces femmes
de maladies vénériennes ,, aflure qu’il a feulement vu deux
appendices de chair ou plutôt de peau, tenant à la partie
fùpérieure des lèvres, & qui reffembloien-t en quelque
forte aux tettes d’une vache, excepté qu’elles étoient
plates ; il ajoute, qu’elles pendoient devant les parties
naturelles, & qu’ elles étoient de différentes longueurs
dans différentes femmes ; que quelques-unes n’en avoient
que d’un demi-pouce, & d’autres de trois à quatre pouces
de l° ng (f)- • _______
(J) Voyage du capitaine Co ok, chap. X I I , pages g 2 j £r fuiy.