J ’ai dit (page 424) que les Arabes, au lieu de pain, fè
nourriflent de quelques graines fauvages qu’ils détrempent
& paîtriffent avec le lait de leur bétail. M. Bruce m’a
appris que tous les Arabes fe nourriflent de coufcoufoo,
c ’eft une efpèce de farine cuite à l’eau; ils fe nourriflent
aufïï de lait, & fur-tout de celui des chameaux; ce n’eft
que dans les jours de fêtes qu’ils mangent de la viande,
& cette bonne chère n’efl: que du chameau & de la
brebis. A l’égard de leurs vêtemens, M. Bruce dit que
tous les1 Arabes riches font vêtus, qu’il n’y a que les
pauvres qui foient prefque' nus ; mais qu’en Nubie la
chaleur eft fi grande en été, qu’on eft forcé’ de quitter
fes vêtemens, quelques légers qu’ils foient. Au fujet des
empreintes que les Arabes fe font fur la peau, il obfèrve
qu’ils font ces marques ou empreintes avec de la poudre
à tirer & de la mine de plomb ; ils fe fervent pour cela
d’une aiguille & non d’une lancette. II n’y a que quelques
tribus dans l ’Arabie déferte.& Ies Arabes de Nubie qui
fe peignent les lèvres; mais les Nègres de la Nubie ont
tous les lèvres peintes ou les joues cicatrifées & empreintes
de cette même poudre noire. Au refté, ces differentes
impreffions que les Arabes fe font fur la peau, défignent
ordinairement leurs differentes tribus.
Sur les habitans de la Barbarie, (page 42j ) M. Bruce
afîure que non-ièulement les enfans des Barbarefques font
fort blancs en naiflfant, mais il ajoute un fait que je n’ai
trouvé nulle part ; c ’eft que les femmes qui habitent dans
les villes de Barbarie, font d’une blancheur prefque
rebutante, d’un blanc de marbre qui tranche trop avec le
rouge très-vif de leurs joues, & que ces femmes aiment
la mufique & la danfe, au point d’en être tranfoortées ;
il leur arrive même de tomber en convulfion & en fÿncope
lorfqu’eiles s’y livrent avec excès. C e blanc matte des
femmes de Barbarie, fe trouve quelquefois en Languedoc
& fur toutes nos côtes de la méditerranée. J ’ai vu plu-
fieurs femmes de ces provinces avec le teint blanc-matte
& les cheveux bruns ou noirs.
Au fitjet de Cophtes, (page 427) M. Bruce obfèrve
qu’ils font les ancêtres des Egyptiens aétuels, & qu’ils
étoient autrefois Chrétiens & non Mahométans ; que plu-
fieurs de leurs defeendans font encore Chrétiens, &
qu’ils font obligés de porter une forte de turban different
& moins honorable que celui des Mahométans. Les
autres habitans de l’Egypte font des Arabes-fàrafins qui
ont conquis le pays, & fe font mêlés par force avec les
naturels. C e n’eft que depuis très-peu d’années ( dit M.
Bruce) que ces maifons de piété ou plutôt de libertinage,
établies pour le fervice des Voyageurs ont été fupprimées ,
ainfi cet ufàge a été aboli de nos jours.
Au fujet de la taille des Égyptiens, (page 428J M.
Bruce obfèrve que la différence de la taille des hommes
qui font aflez grands & menus, & des femmes qui généralement
font courtes & trapues en Égypte, fur-tout dans
les campagnes, ne vient pas de la Nature, mais-de ce
que les garçons ne portent jamais de fardeaux fur la tête;
au lieu que les jeunes filles de la campagne vont tous les