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I !
1705.
6. Juin.
Oifeau
extraordinaire.
96 V O Y A G ES
ger. II me fit prefent, entre autres j tie de la tente, Se qu'ils veulent l'tiyop
chofesj d'un bel oifeau, qu'on a- tenir chaudement , ils en couvrent i7- Mai.
voit tiré dans la plaine & qui vivoit
encore. Il reiTembloit aiÎez à
un héron par le corps & par les
l'ouverture, & il y fait aulïï chaud
que dans un poele. Le fonds en eft
couvert dejolies étoffes ou de beaux
pieds; maïs nullement par la t ê t e , ¡tapis, parmi les perlbnncs de diliignifie
cuillier.
Maniere
de vivre
des Tartates.
qu'il avoit parfaitement belle, au ill
bien que le bec. Il avoit une houpe
blanche & pointue} le bec noir,
long de dix pouces, & large d'un
pouce & demi, dont le bout reiTembloit
à deux cuilliers, avec une pet
i te tache jaune. On le nomme
* Lmlaer, & Colpetje en langue
Ru(jtenne. Il s'en trouve defemblables
en Perfe,à. ce qu'on d i t , qu'on
y nomme Golf. J'en ai gardé la têt
e , dont on trouvera le deiTein au
num. 34. Il y a auili des hérons en
ce pais-là,qu'ils nomment V Sepoere.
Ils font de diiïcrentes couleurs,
b l a n c s v i o l e t s comme les paons,
gris ou noirs. J'en ai defllné un,
le col racourci, qu'on voit au
num. 35.
J'allois fouvent, accompagné du
capitaine ff^igenair, vifiter le quartier
des Tartaresj quin'eft qu'à trois
ouquatreîfi^^ejdela ville. Ils campent
par troupes, chaque famille fep
a r é e , & à quelque diftance des autres.
Leurs tentes font faites comme
des cages de perroquets , hormis
qu'elles ne font pas fi élevées à
proportion > formées de lattes de
trois à quatre pouces de large, couvertes
de feutre, de poil de chameau
ou de crin de cheval. Il y
en a qui nedefcendentqu'àunpied
Olì deux de terre, &qui font entourées
de chaume. Les plus confiderablesont
outre cela une imperiale
ou couverture de toile} & toutes une
ouverture par en haut, pour en
laiiTerfortirlafuméejavec une perche
au milieu , qui paiTe quatre à
cinq pieds au delà. Ils attachent au
bout de cette perche une efpecede
voile de plufieurs couleurs, qui defcend
jufques à terre, & tient à une
couroie aiTez large, attachée par dehors
à un des côtés de la tente j &à
i'aide de cette couroie ils tournent
ce voile comme il leur p l a î t , pour
fe garantir du vent oudel'ardeurdu
foleil. Quand toute la fumée eft forti
n£t ion , avec un Sofa à la Turque
un peu élevé, qui occupe la troifième
partie de la tente. On y voit
auiîl de très beaux coifres dans lefquels
ils ferrent ce qu'ils ont de
plus precieux, & en general tout y
eft d'une grande propreté & en trèsbon
ordre. Qiiand ils changent de
lieu, ils mettent leurs tentes fur des
chariots. & en ôtent la couverture.
Les femmes & les enfans s'y placent,
& les hommes les accompagnent
à cheval. Lors qu'ils virent,
que la fimple curiofitém'attiroicen
leur quartier , ils me montrèrent
tout ce que je fouhaitois, dont ils
avoient fait quelque difficulté au
commencement, parce qu'ils ne laiffent
approcher perfonne des tentes
où font leurs femmes. J'y vis une
jeune brunette très-bien faite & fort
parée. Sa coeffure ctoit fort fmguliere,
faite de vermeil ou de cuivre
doré, toutecouverte de ducarsd'or,
de perles & de pierreries. J'en fus
charmé êc refolus de la peindre,
comme je fis dans la fuite. Je
deffinai en attendant quelques tentes,
de la maniéré qu'elles étoient
tendues les unes auprès des autres ,
comme on les trouve au num. 36.
& une en particulier au num. 37.
à lalettre A. Ony voit auiliunde
leurs chariots , à la lettre B , fur
deux grandes roués : ce chariot eft
de bois peint & couvert d'étoffe
foutenu par deux bâtons croifez fur
le devant, & pofé fur deux grands
foliveaux. Lors qu'ils y tendent
leurs tentes les roués en font couvertes.
Leur chapelle eft à c ô t é,
marquée de la lettre C. Les tentes
ordinaires ne font couvertes que
de feutre , de même que le voile
qui eftau-deffus, &fortmediocres
en dedans. Comme ces gens-là, ne
fubfiftent que de leur bétail, ils
cherchent les meilleurs pâturages.
Les femmes s'occupent à faire des
habits , 6c chofes pareilles, qu'elles
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