V O Y A G E S
On publia une ordonnance la mê-
5'juin"; me annce, défendant à tous les
RuIJkns de fortir des portes,iansavoir
un juft-au-corps à la Polonoire,
oii fans être habillez & chauOez.
à notre maniéré. Les domclliques
des étrangers y furent obligez les
premiers, faute de quoi les gardes
les cnlevoient de derriere les traîneaux,
& leur faifoient payer l'amende
avant de les relâcher; mais
cela ne regardoit ni les paifans m
les campagnards. Comme ce changement
on a obligé les Ruffîens à fe faire ra- i /o i.
f e r , à la referve" des mouftaches,^^'»;^;
que les gens de Cour & plufieurs au- ks battres
pourra éfacer avec le tems.
ne portent même plus. Et pour
faire exécuter cet ordre à la rigueur,
on employa des perfonnes pour couper
lims diftinftion, les barbes de
tous ceux qu'ils rencontreroient.
Cela parut fi rude à bien des gens,
qu'ils tàchoient d'éblouir ceux qui
avoient cette commillion, à force
d'argent ; mais inutilement, puis
qu'ils en reneontroient immédiatement
d'autres, qui ne leur faifoient
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juiques a la f,,,de même à table Czar, & par
" ux I r d e r c : i f K , i l ï l - u t ameurs, aux perfonnes de la
Ja tone ceu>L u » nrem ere auallté. On nefauroit cecela
premiere qualité. On ne fauroit cependant,
caufa à bien des gens qui ne
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fait de côté, p o u r qu'on put mieux
diftinguer les ornemens du derriere
de la tête. On en trouvera la reprefentation
au 13. & toute la
figure au N°. 14.
Il faut obferver que la chevelure
découverte marque une fille,parce
queceferoit une efpece d'infamie a
une femme mariée de ne la pas couvrir.
Celles-ci ont un bonnet tourré
fur la tête, plat par deflus &
pouvoient fe confoler de perdre des
barbes, qu'ils avoient portées fi long
tems, & qu'ils eftimoient des marques
rond par deffous, pointu à l'entour
en-iuife de couronne,5c enrichi de
pickeries, auffi bien que par enhaut.
11 eft un peu plus long par derriere
que par devant, & a deux pointes.
Ce bonnet fe nomme Tryorgh.
L'ornement de tête des Filles reprefenté
ici, eft auffi en guife de
couronne, enrichi de perles & de
diamants , appelle Perewaske U
V en a qui y attachent un ruban,
qu'elles nomment Swertske : ce
qu'elles portent autour du col
Ofardie, & les pendants d'oreilles
Serge. La Robe de deiTus,doublée
de fourure, s'appelle Soehe, & celle
de deifous Telagrea oa Serrâtaen;
la chemife Roebachi. Les manches
en font fi larges & tellement phffées,
qu'on y employe 16.317.aunes
de toile. Les bralTelets, ou ornemens
des bras, qui leur tombent
fur les mains {inomracntSarokavie.
exprimer la douleur que
T_ i l-t. ri /Ton o m l 1 n ^
Leurs bas, qu'elles n'attachent pas,
Zoelki,Si leurs pantoufles,qui font
rouges ou jaunes, & ont les talons
fort élevez & pointus, Basmakje.
Outre cc changement de mode,
d'honneur & deconfiderïtion.
11 y en avoir même beaucoup qui
auroient donné quoi que ce fût pour
s'en exemter.
Ce changement n'a pas été fi
grand parmi les femmes, à la referve
des perfonnes de condition,
qui portent des fontanges, & les
mêmes ajuftemens, qui font en ufage
parmi nous.
Pour effeftuer cela au commencement,
il fallut faire venir par mer
des chapeaux, des fouliers, & les
autres chofes neceiTaires. Mais comme
cela étoit fort incommode & à
charge, les RuJJlms fe mirent à les
imiter. Ils y réuiTirentaflez mal d'abord
, & firent mieux dans la fuite,
lors qu'on eut fait venir des ouvriers
des pais étrangers pour les
infirruire : car, comme on a déjà dit,
ils font afiez bons imitateurs ,& aiment
à apprendre.
On fit, en même tems, de bons Regie-'
reglemens contre les mandians,qui™s^j^j
couroient les rues en fi grand nom- Manbre,
hommes & femmes, qu'on en
étoit entouré quand on vouloir
acheter quelque chofe dans les boutiques
à Mofcoti. Ce qu'il y avoit
de plus fâcheux, eft que les voleurs
fe mêloient parmi eux, pour couper
des bourfes, chofe que la con-
^ feieni
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