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169'
ï.Jan
1 4 0 V o Y A
. deux autres fe font mis fous la pro- \ Ciel
r. t e d i on de ce Prince , parce qu'ils, dant
craignent les Kalmuques, & fur tout d
le l'xmcs Biifuchtu Chm, qui leur
fit beaucoup d e m a l en 1688.& 1689,
Château
4-Argui
Tungufe
& leurs
forces.
Learhabillemcnr.
Leur
chifle.
Leur
croyanc
Mais il faut retourner aux frontieres
de fa Majefté Czarienne , &
en premier lieu à l'eft du château
d'Argnm , fitué à l'ouëft de la riviere
de ce nom. Il a une garnifon
RuJ]ieme, & les peuples , qui habitent
aux environs font Komi-Tungitfes,
tributaires de fadite Majefté.
Ils font belliqueux , & peuvent
mettre 4000. hommes en campagne
en ce quartier - là , bien montez,
& armez d'arcs & de fléchés. Auffi
les Mongdes n'oferoient y faire
des courfes, fi ce n'eft la nuit à la
derobée, pour enlever des chevaux
& du bétail. Ils s'habillent en hyver
de peaux, ou plutôt de toifons
de mouton , & portent des bottines
à la Chimife. Leurs bonnets ont
une bordure de fourure large, qu'ils
hauffcnt & baiffent felon le tems
qu'il f a i t , & ils ont une ceinture
garnie de f e r , large de quatre doigts^
avec une fleche qui leur fert de flûte.
Ils vont tête nue & rafez en
é t é , n'aiant qu'une treffe par dei
rieré à la Chmoife , & portent u
habit de toile bleue de la Chine
piquée de cotton , fans chem:
fe. Au refte, ils ont naturellement
peu de barbe , le vifage affez
large, 6c reflemblent aux Kdmuques.
Lors que leurs provifions commencent
à baiifer, ils vont par//ordes
à la chaffe du cerf & des rennes,
qu'ils enferment dans un cercle, &
en tirent en grand nombre , qu'ils
partagent entr'eux, car il arrive ra.
rement qu'ils manquent leur coup
Leurs femmes font à peu près vê.
tues comme eux ; & la feule differencequ'on
y trouveeft qu'elles ont
deux treffes de cheveux , qui leur
pendent fur le fein des deux côtez
de la tête. La pluralité des femmes
leur eft permife, pourvûqu'ils
les puiffent entretenir ; & ils les achettent,
fans fe mettre en peine fr
elles ont été poffedées par d'autres.
, Ils croyent qu'il y a un Dieu au
G E S
iquel ils ne rendent cepen-
:un honneur , & ne lui ad-i-J»"-
:ffent aucunes prières. Qiiand ils
dent confulter leur Saitan , ou
Magicien pour lavoir s'ils auront du
fuccès à la chaifeou dans leurs courfes,
ils le vont trouver pendant la
nuit en battant de la caiflé: &lors
qu'ils veulent fé divertir , ils font
de l'jirak de lait d.
laiffent aig,
1,
le, qu'ils
& puis le dlftil-Lturdii
trois reprifes en-
t à deu
re d.
IX pots de terre bien bouivec
hez,
un petit tuyau de bois,
& cela fait
le bonne eau de vie,
de laquelle ils fe ù
•ulent jufqu'à
perdre le fentiment
tant hommes
que femmes. Cellcs-ci &c leurs fil- Lles
montent à cheval auffi-b;
&filki
Leur
pain.
qu'euxi & fe fervent de même,d'ai
& de fléchés. Ils mangent au li
de pain , des oignons de lis jaunes
fechez , & en font une forte de
bouillie après les avoir réduits en
farine : mais ils n'ont aucune connoifl'ance
du labourage ni de la culture.
Là, comme ailleurs, on eftime
ceux qui ont de grandes richeffes,
lefquels font un commerce confiderable
avec les Targa/i, & les
Xixi, qui font fous la domination
de la Chme. Ce trafic confifte prinfemmi
cipalement en pelleteries qu'ils négocient
contre de la toile de cotton
bleue , d'autres toiles & du tabac.
Ils prétendent être defcendus de
ces Targaß ou des Jmfi, avec lefquels
ils font des alliances Se vivent
en bonne correfpondance.
On trouve à une demi journée du
château à'jirgm , dans les montagnes
, une mine d'argent comblée,
où l'on voit encore plufienrs fontes
queles peuples de Niencheu & de
l a ü ^ m e y ont faites autrefois. De-
•• — Nerßnskoi, capitale de
il y a dix journées de
diftance par terre , fur des chameaux.
C'eft un beau pais entre- Defcripcoupé
de petites rivieres , où l'on tion de is
trouve les plus belles plantes, &les"™"'
plus belles fleurs du monde dans les
montagnes Scauxenvirons, Sedans
les vallées de l'herbe , qui a trois
pieds de haut : mais les terres n'y
font pas cultivées, ces quartiers-là
étant
- ]
là, jufqu'à
la Daurie,
D E C O R N E I L L E L E B R U N.
i6c),j. étant habitez par des Tartares lu.-
1. Jmï.jets de fa Majefté Czarienne.
ftonti.- Après avoir traverfé, ]:Argm &
icsdeSy-la grande riviere à'Amur, verscel-
5eh?hi-le de Gorhifa, qui fert de frontiere
M. aux Etats de ce f r i n c e , & à ceux
de l'Empereur de la Chme, dont la
jurifdiftion s'étend à l'eft de cette
riviere jufqu'à la mer ; & celle du
Czar à l'oueft&au nord, on trouve
à l'eft de la Gorhifa les rivieres
de Tugar & SVda , qui font au
nord de r ^ M a r , & vont fe décharger
dans l'océan de la Chine, ou la
mer A'Amur. On prend beaucoup
de martes zibelines entre ces deux
rivieres-là, dont les bords font habitez
par des Tmgitfes, des Alemtiflrfcrip
ri & des Koreiji. Il y a de l'appa-
M . " '•'iice que ces derniers font originaires
de Coela , qui n'en eft pas fort
éloigné , & où l'on peut fe rendre
en peu de jours avec un vent favorable.
On dit qu'ils vinrent d'abord
habiter fur les bords de V Amur,
& qu'ils fe font étendus plus avant
dans la fuite. Ceux qui demeurent
fur les côtes delà mer, vivent de la
pêche, & ceux qui font plus avant
dans le pais,de la chaffeidont ils s'enrichiffent,
parce qu'on y trouve les
plus belles pelleteries du monde. Ce
pais-là efl: du reflbrt du Gouverneur
de Jiàutskoi, qui fait tenir
bonne garde dans les bois, pour empêcher
les Chinois d'y prendre des
martes zibelines.
InMiites Les habitans des liles voifines, ft
""mrtcrs tous les ans fur le rivage d(
qaimcrs- ^^^ ^^^^^ rivieres. Ce font des gen:
de bonne mine, couverts de belles
veftes fourrées, fous lefquelles il;
portent des camifoles de foye, à h
Terfane-, grands de taille, avec des
barbes majcftueufes. Ils viennent
achetter des Tartar es de Sjberie ,
des filles & des femmes dont ils
font grands amateurs, & leur donnent
en échange de belles martes
zibelines , & des peaux de renards
noirs , qu'ils prétendent qu'on trou-,
vc en abondance dans leurs Ifles.
Ils tâchent même de perfuaderaux
Tongnfes de Sjberie de venir nego-
Ln,rori-cier parmi eux ; & difent que le
pais de Jakatskoi leur appartenoit
trefois ; & àia vérité leur langaen
approclie un peu. l"''-
La riviere i'OgoU eft au nord de
ces deux rivieres-là , & on trouve
itre elles & celle á'Uda beaucoup
de baleines fur la côte , & même
jufques au cap glacé , où i l y a a u f -
fi AaNarwal, & des chiens marins
1 abondance. La ville de Kam- ¿„„s
Çatka, & toute la côte au-delà, efl: nations,
habitée par les Xuxi & les Koeliki,
it le langage différé des autres-.
Ceux qui demeurent fur la mer,
s'habillent de peaux de chiens mais
, & demeurent dans des trous
fous terre; mais ceux qui font plus
rant dans le pais font riches, 8c fe
;paifl:ent de venaifon & depoiifon
ru , & fe fervent de leur propre
rine pour fe laver. Au refte ce
font des gens auxquels on ne fauroit
fe fier , & qui n'ont ni foi ni
loi. Leurs uniques armes font des
frondes, dont ils fe fervent avec une
force & une addrefl^e furprenante.
On a de la neige, pendant fept
mois fur la terre, aux environs du
cap glacé , & cependant il n'y en
tombe qu'au commencement de
l'hyver, & elle n'y eft pas fort profonde.
Il y a un golfe proche de
Kamfatka, où l'on prend une quantité
prodigieufe de Narwal & d'autres
bêtes marines.
Qjiant au cap glacé , plus il a- Brfcrip.
vanee dans la mer, plus il eft coupé
& plus il forme d'Ifles, &fedi- cé.'' ®
vife. Il y a un paifage un peu au-
Aiííasá-tKamfatka, où les pécheurs
de Narwal trouvent bien leur compte.
Une partie des habitans à'Anaiieskòi
& de Sabatfiaiont Xuxi Su
Koeliki, & la riviere de produit
de bon harang, del'éturgeon,
du Sterbeth & du Nebna. En avançant
dans le pais , on trouve pliifieurs
maifons le long de la riviere
de Simaniko, habitées par des
Cofaques, fiijets de fa Majefté Czarienne
, qui y font la colleite dés
droits que les Tartares y payent à
ce Prince. Et commec'efl:l'endroit
de toute la Sjberie où il fe prend lé
plus de martes zibelines 6c de
hxes , le long des rivieres , c'eft
suffi celui qui eft le pins chargé
S 3 d'im- y