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. Dee. pi
vit encore une grande caiffe temi
d e batterie de cuiline ; IO traîneaux
A G E
de banderc
toutes f o rt
pagnez d'i
chargez d'armes à feu 3 5 tambours
; un autre ttaineau contenaut
des outils de ferrurier, avec un grand
foudet. On vit paroître enfuite les
officiers priibnniersjenyiron au nombre
de ^Ojmarcliant ieparémentjchàcun
entre deux foldats ; & puis quelques
traineaux remplis de malades
& de bleffez , fuiyis de quelques
Ibldats Rujiem , qui fermoient la
marche. 11 étoit une heure aprèsmidi
3 lors qu'ils entrèrent dans la
ville. Aiant traverfé la porte de
T i i m h e i qui eft au n o r d , on s'avança
jufques au premier arc de
triomphe , que paffa le régiment
des gardes. Le Czar s'y arrêta un
bon quart d'heure pour y prendre
quelques rafraichiffemens, & y rf
cevoir les felicitations du Clergé.
Comme la rué é t o i t aifez l a r g e , cette
porte avoit trois arcades , une
grande au milieu, 6c deux plus pet
i t e s d e c ô t é , attachées à la muraille.
Elle étoit toute couverte de tapifferies,
& de tableaux , de figures
& de devifes, de f o r t e q u ' o n n'en
voioit pas la charpente ; aiant un
balcon fur le h a u t , où étoient placez
, deux à d e u x , huit jeunes muficiens
magnifiquement habillez.
La grande arcade étoit couronnée
d'une a i g l e , & de plufieurs drapeaux.
Le devant des maifonsvoilines
de cet arc de triomphe étoit
auflî tendu de tapifferies & orné de
tableaux; avec des balcons remplis
D E C O R N E I L L E LE B R U N .
s , de muficiens Sç de 1702
d'mftrumens, accom- 4. Dci
: orgue , qui faifoient
harmonie très-agreable. Les
rues etoient couvertes de branches
vertes , & d'autres verdures en cet
endroit , oii il fe trouva un grand
nombre de feigncurs. La P n n c e f -
fe foeur de fa Majefté, la Czariennc
& les Princeiles fes filles, accompagnées
de plufieurs dimtsRiiJJifnnes
& étrangères , s'étoient placées
un peu au-delà, dans la maifondu
fieur Jakof mUidiof Feuierof, pour
y voir cette folemnité. Le Czar
s'avança, après avoir faluélesPrinceffes,
vers le fécond arc de triomphe
, orné comme le premier. Ce
Prince aiant traverfé la ville en cet
ordre, f o r t i t par la p o r t e de Meefniet-
\fe , & s'avança vers la SUhode des
Allemands. Lors qu'il y fut arrivé,
le Refident de HolUnde lui off
r i t du v i n , qu'il refufa & demanda
de la biere , dont j'eus l'honneur
de lui préfenter un verre. Il
n'en but qu'un petit coup & coiitinua
fa marche vers Prohrofensko,
La nuit l'aiant f u r p r i s , au fortir de
la Slahode , il monta à cheval, Se
ainfi finit cette ceremonie. Quoi
qu'il fe fût rendu une quantité de
peuple inexprimable à Aft/i-oa, pour
la v o i r , n n'y arriva aucun mal qu
riva aucun mal que
s'y paifa
dre & tranquilité j à la fatisfaftion
de tout le m o n d e , bien que les rués
fûiTent remplies d'échafauts.
C h a p i t r e XI.
Confécration du Valais ¿'Ifmeelhof. Vréfens qtiony apporte. Un
Chirurgien François afjajpnc. Coûtumes a l'égard des enfans
nouveau nez, des enterremens & des mariages, même parmi
les étrangers.
LE douziime de ce mois le Czar
vint dîner à l ' i m p r o v i f t e , fur
les dix heures du matin , chez le
fieur Lufs , qui étoit arrivé à'Arl
la veille. J ' y vins, fans favoir
que ce Prince y é t o i t , pour
feliciter ce m a r c h a n d fur fon retour.
Sa Majefté , qui n'étoit accompagnée
que de deux feigneurs
RitJJiens, m'3.iwt entrevu, me fit entrer.
5702. trer. J e pris la liberté de lui préli.
Dec. fenter quelques vers , que j'avois
li'A--faits , 1
Cm fur priant d en excuier les d é f a u t s , pa
façon- ce que j e n'étois pas poète , & de
les envifager fimplement comme un
efl:et de mon zélé, & d e l a j o i e q ue
j'avois de fa conquête. Il les reçût
très-favorablement, me fît affeoir,
6c m'ordonna de faire au fieur
Lufs la relation de fon e n t r é e , dont
je m'aquitai à fa ilitisfaftion. Enf
u i t e on but quelques rafades à la
continuation de la nouvelle gloire
q u ' i l venoit d'aquerir: Ce Prince
s'en retourna à deux heures.
^ Le dix-neuvieme je reçus ordre de
\ rimperatrice de faire porter à I f -
medhof les trois p o r t r a i t s , que j'avois
faits une fécondé fois des jeunés
Princeifes. Elles étoient parties
t- de Mofioti prefqu'en même tems que
fc- moi,6c ne faifoient que de defcendre
de caroil'elors que j'arrivai. Le
( frere de l'Imperatrice les attendoit
avec quelques prêtres, pour les introduire
en proceffion au Palais,
K, qu'on avoit rebâti cet é t é , le vieux
I 1 étant tombé en ruines. C'étoit le
jour auquel il devoit être confacré,
! avant que la Cour y entrât. M'étant
fait anoncer, je reçus ordre de
m'arrêter dans le premier appartement
j oil je trouvai plufieurs da-
Confc. mes de la Cour. Le plancher écntion
toit couvert de foin , 6c il y aiuPal.,,.
^ ¿^^¡^^ une grande table garnie
de grands 6c d e p e t i t s pains , fur
quelques-uns defquels il y avoit une
poignée de f e l , & fur d'autres une faliere
d'argent remplie de fel. C'eft
la coûtume de ce p a ï s - c i , que les
parens & les amis de ceux qui vont
habiter une nouvelle maifon, la confacrent,
en quelque maniéré, avec
du fel, 6c même plufieurs jours de
fuite. C'eft en même tems une marque
de la profperité qu'ils leur fou-
. haitent, 8c qu'ils n'aient jamais befoin
des chofes neceffaires à la vie:
Et lors qu'ils changent de maifon,
ils laiifent à t e r r e , dans celle qu'ils
quittent , du foin avec un pain,
emblème des benediftions qu'ils fouhaitent
à ceux qui y doivent entrer
après eux. Les murailles de l'appartement,
ou je m ' a r r ê t a i , é t o i e n t 1702,.
— , -i—j ornées, au dcfliis des portes 8c dés i9'Dk-
»."faits fur la prife de Nottebourg, le fenêtres, de 17. difterens tableaux '
! Gvepie, dans lefquels étoient
repréfentez leurs principaux faints,
qu'ils placent ordinairement au premier
appartement. On ne laifie pas
d'en trouver aufli dansles autres. Le
frere d e 1' I mper atrice étoi t au bout de
cette fale, avec plufieurs feigneurs,
8c quelques prêtres debout, aiant
des livres devant eux, 8c chantant
des hymnes. L'Imperatrice , accompagnée
de plufieurs dames, ét
o i t dans la troilieme, pendant q u ' on
faifoit l e f e r v i c e , q u i dura une bonne
demi-heure. Après qu'il f u t fini,
on me conduifit dans une autre
f a l e , oil fe rendit cette Princeife,
à laquelle je fouhaitai toutes fortes L'Antmi
de p r o f p e r i t e z , aiant un Interprête
a cote de moi; Elle me p r i t par trice fut
la main en d i f a n t , qu'eUevoiihitrne'°^^'^-
• montrer quelques autres affartemens
avec une bonté furprenante pour
une perfonne de cette qualité. Elle
ordonna enfuite à une de fes filles
d'honneur de remplir d'eau de vie
une petite taiTe d ' o r , qu'elle me p r é -
fenta elle-même^ 6c puis me fit l'honneur
de me donner fa main à baif
e r , comme firent les jeunes Princeifes,
q u i étoient préfentes. Après
cela, elle me congédia 8cm'ordonna
de revenir dans trois jours.
Comme les fêtes de Noelapprochoient,
je pris la liberté de préfenter
à l'Imperatrice un tableau, Prifms
que j'avois f a i t , d e l à naiffance de f?'« »
Jefus.Chtifl, avec quelques chapel
e t s , que j'avois apportez de^eriifalem,
6c la priai de les accepter au
lieu de pain 6c de fel. Elle en parut
fatisfaite , 6c me remercia en
me faifant un préfent à fon tour.
Comme j'avois aulîl apporté des
chapelets pour les jeunes Princeifes,
elle m'ordonna de les leur porter
moi-même. Je les trouvai à table
dans un autre appartement, où je
leur fis mon préfent, 8c puis m'en
retournai dans celui de l'Imperatrice.
Une de ces Princeifes m'y fui-
-t 8c me préfenta une petite taffe
d'eau de v i e , 8c puis un grand verde
v i n ; enfuite de quoi j e me re-
G 3 tirai
i l i '