V O Y A G E S
lit
lions, dont les affats font fort en
i.Mai." deibrdre, & lur tout les roues. Il
y a un canal revécu à côté de ces
canons, qu'on apporta à'Ormiis fous
le regne d'^i'/zi'jqui fe rendit maitre
de cette place, par l'aiTiftance
des Anglois.
On entre au Palais par la porte
d'AU-kapie, qui eli d'une belle archiceûure
a dix pas de large,&
plus de profondeur fous une voûte
elevée, avec de jolies niches des
deux côtés dans la muraille. Après
l'avoir traverfée,Qn trouve de hautes
murailles de pierre, entre lefquelles
on paiTe aux bâtimens Se
aux jardins. La porte de Haram eiì
à peu près femblable àcelle ci. On
la fit rebâtir pendant que j'y étois,
& dorer par devant. La premiere
fois que je fus à la Cour, en l'abfence
du Roi & de fes concubines,
je pailai par une gallerie entre ces
murailles-là, & en trouvai l'entrée
toute Royale. Je paflai de là au
nouveau Serrail des femmes, qui
eft rempli de petits apparcemens
magnifiques, & dont les murailles
font blanches par dehors & peintes
de fleurs. On trouve au bout dece
bâtiment, adroite, un grand appartement
des plus propres, entouré
de chambres, qui n'étoient pas encore
perfe£tionnées, & auxquelles
Bâtiment on travailloit. On paiTe de là dans
magnifi- fale de Tiel-fetton ou des 40. Colomnes,
oii le R.oi donne ordinairement
audience aux miniftres étrangers.
Vingt de ces colomnes font
de bois peintes &: dorées. Ce falon
eil fort grand & les murailles en font
bleués, ornées de fleurs & de feuillages.
On y voit auiTi quelques figures
EuropeaneSi habillées à
pagnole & autrement; & 8. autres
colomnes fur le derrière de ce bâtiment,
quatre de chaque côté, &
quatre autres dans unechambrequi
étoitfermée. Tly aune grande cour
remplie de fenés devant cet appartement,
vis-à-vis duquel il y en a
un autre plus petit, fur le derriere
duquel donne le Serrail, & entre
deux un beau bailin ou vivier revêtu
de grandes pierres,dont la cour
eft aulÏÏ pavée. Ce baffin a 180.
pas de long fur 24. de large. On ^
me fit palier de là dans un autre J u t '.
cour, ic enfuite dans un grand bâtiment
,011 il y avoit un falo.n d'une
grandeur extraordinaire, fort ciové
& bien éclairé, avec de grands rideaux
attachez au platfonds , &
trainant jufques à terre. J'eus la curiofité
d'en levèr un, & trouvai que
ce falon ctoit rempli de miroirs,&
orné de belles colomnes de bois
peintes & dorées. C'eft le plus bel
appartement du Palais,dans lequel
le Roi donne aulïï audience aux
miniftres étrangers. On voit de
belles fontaines au devant, un
canal qui fert à arrofer les arbres
& le jardin. Ce Palais eft divil'é
en plufieurs parties, & a plufieurs
jardins feparez les uns des autres.
On y trouve aulli de belles galeries
de pierre, couvertes 6c ornées de
niches des deux côtés , avec des
bancs de pierre de 5. pieds de haut,
& plufieurs autres appartemens,
fans compter lé nouveau Serrail,
dont le Roi paye tous les ans 300.
Tomans^ chaque Tîw^« faifant environ
40. florins de notre nionoye.
Toutes les boutiques qui font autour
du Mey-doen & au Chiaer-baeg
font obligées d'y contribuer. Le
Clergé tire tout le revenu des jardins
qui s'y trouvent, par un don
qui lui en fut fait par Âbas premier.
Le Roi fe plait fort à la mufique ^^ ^^^
6c entretient un grand nombre de aime la
muficiens à Nachroe-Chone. Leurs mufique.
principaux Inftrumens font,lei^iî- Leurs
r<zw<2,qui approche de la trompet-
, te. 11 s'en trouve qui ont 5. pouces
de circonférence par en haut,
'8c quatre pieds par en bas, & 7.
pieds 6. pouces de long, de forte
qu'on ne fauroit s'en fervir fans un
appui. Le fon en eft extraordinaire :
Le KoeSi(\m eft un grand tambour,
long de 5. pieds 6c deux pouces,
& qui a 9. pieds Se 9. pouces de
tour i mais on ne s'en fert qu'à l'armée
en tems de guerre, 6c ceux qui
le battent font aflîs fur des chameaux:
Le Hûol, qui eft un tambour
femblable aux nôtres : Le Nagoraj
petite timbale i Se la trompette
D E C O R N E I L L E L E B R U N .
ijoj^ pette ou le Naßer. Ils ontauflîdes
i.Mai. claveillns: mais l'inftrument quieft
des Perfins.
Le
•Chiae:
bieg.
bancs, de cha ifes 6c de tables de bois,,
ôcl'on y voit, fur le foir, un grandi
le plus en ufage parmi eux eft le
Knmon-Sje, efpece de violon. Ils
ont de plus le ¿¡oorna^ ou le hautbois -,
plufieurs fortes de flûtesi la harpe
ou le Morgnk, & une efpece de baffin
de cuivre plat , q_u'ils nomment
Sansh, fur lequel ils frappent & font
un grand carillon. Outre ceux-ci,
ils ont encore plufieurs autres inftrumens
inconnus parmi nous.
>rinci- Les principaux exercices de cette
lauxex- Nation font , de monter à cheval,
de lancer ÏAmcr ou la cane > de tirer
de l'arc. Se la chañe à l'oifeauj 6c
leurs pa(Tetems ordinaires le tabac Se
laconverfation. Ilsfontauflîgrands
amateurs des échecs, 6c y jouent parfaitement
bien.
Voila tout ce qui regarde le
àom ou la grande place. Il eft tems
depaíTeraaCter-¿¿íf^, ou la belle
allée d'Ifpahan, qui fignifie ausfi
quatre jardins, 6c qui eft un des principaux
ornemens de cette capitale.
On s'yrendparlaportedeZ)<ííríe'íZfaej
âoulet, ou de la profperité, bâtie
par Ahas le Grand, au fud de la ville.
Ce Prince ordonna à quelques Confeillers
d'Etat, de faire bâtir à leurs
depens quelques maifons à l'entrée
de ces jardins, le long de ce beau
chemin. U n de ces Seigneurs nommé
Gemsjie AU Cham fit ériger un
grand bâtiment élevé en forme de
M 704.
[. Mai.
regne le long de la rivière,
autres fuivirent fon exemple, 6c ornèrent
à l'envi ce chemin de beaux
bàtimens de pierre, ôc entr'autres
d'unpaviUonàl'entrée, d'oiileRoi
peut voir, au fortir de ces jardins,
tous ces édifices-là.
On trouve à 250. pas de la porte
de la ville, en avançant le long de ces
jardins, deux bâtimens vis-à-vis l'un
de l'autre, avec de grandes portes
qui donnent dans les jardins, 6c au
milieu du chemin un grand basfin
oftogone: deux autres bâtimens,
femblables à ceux-ci à 338. pas del
à , avec un basfin quarré 6c en avançant
encore 170. pas on rencontre un
^mbre. d& Fer fans i qui fument 8c
prennent du caifé. Le terrain y aune
pente, 6c on y trouve quelques ar*
bres qui font une ombre la plus agréable
chemin croifé entre les mu railles des
jardins. Ce chemin eft rempli de
du monde. Ausfi ce lieu-là
eft-il prefque toujours rempli de
monde à pied 6c à cheval, qui s'y
divertiflent à la courfe 6c à plufieurs
autres exercices. En avançant toujoursontrouveunegrande
porte de
pierre a un des jardins, 8c un peu
plus loin deux autres bâtimens, où
l'on va prendre du tabac, 8c un peu
,u delà un autre chemin croifé: enfuite
, deux bâtimens femblables aux
precedens, 6c un basfin quarré entre
deux. On y prend ausfi du tabac 6c
du caffé, 8c on y trouve un grand
nombre de boucliers , d'arcs ôc de
fléchés, appartenant aux MamtU
holladers 8c aux Heyderies, dont on a
parlé ci-deifus. A quelque^diftance
delà, il y a encore un basfin oftogone,
qui donnefuruncheminautravers
duquel coule une belle riviere,
bordée de part 6c d'autre de fenés.
Le grand chemin s'étend plus de
200. pas au delà, le long du Palais ôc
du jardin Royal, où il y aune efpece
de menagerie. Le pont d'Alla t^er-pameus
die-Chan, nom du fondateur, n'enpoot.
eft qu'à 80. pas. Le chemin qui
eft à côté a 1751. pas de long, 8c
68.delarge, orné des deux côtés de
fenés plantez du tems d'Abas le
Grand,ilyaplusdeioo.ans. L'endroit
où ces arbres font plantez a
cinq pas de large. Se eft élevé d'un
pied 6c demi au-defilis du grand chemin,
qui eft rempli de fable. Ce
chemin élevé, qui régne entre la muraille
du jardin & ces arbres, eii pavé
de groiTes briques, dont le canal qui
traverfe le Chiaer-baeg eft aus fi revê^
tu. On voit à côté de ces arbres, qui
font regulierement plantez à 10.
piedsdediftance, un conduit d'eau
depart 6cd'autre, qui fert à les arrofer.
Le pont d'Alla werdie-Chant
eft fur la riviere dQ Zenderoet ^ 6c a
54o.pasdelong& 17.de large, bâti
degroflespierres. Il a. 33.- arches,
dont quelques-unes fôht fondées
dans le fable, qui y eft très-ferme, 8c
C G fous