D E C O R N E I L L E L E B R U N.
1692. '^^tte ville & toute l.i Syberie
I . Juillet, f u t rediiite fous robcïOEince de f;i
Syberie Majeilé Czatienne , de la maniere
Un certain Pirate, nomj'obeïf
j i i é J e r e m ñ k T i m o f e i r J i ^ i tz
SiTpír grandes devaftations lut les ternu
COI. res du Czar Ivan IFcifdr^itz , au
lane. grand préjudice de fes fujets , apprenant
que les troupes de ce Prince
s'avançoient vers l u i , remóntala
Kama avec fes compagnons , puis
entra dans la Zuza'-JJaia-, qui tombe
dans cette riviere , & fe retira
fur les terres du Seigneur de Sîrogmofi
grand terrien, qui en poiTedoit
prefque tout le rivage, à xo.
lieuës à!Allemagne de dilUnce. H
implora la proteftiondu grand-pere
de ce Seigneur, & otìrit à cette
condition , de foumettre toute la
Syberie à l'obeiffance du Czar , en
reeompenfe des maux qu'il avoir
"fait fouffrir .ifes fujets. Ce Seigneur
lui fournit les barques, les armes &
les ouvriers dont il avoit befoin pour
cette expedition, at promit d'obtenir
fon pardon. Celafait, il s'emi
«7
mais trouvé fon corps, à caufe de la 1692.
violence du cours de la riviere. Le •• i"'"'''
Seigneur de Stroginof avoit cependant
fait favoir à la Courcequis'étOit
paifé, & en avoit obtenu le pardon
de jeremak. On ne manqua
pas aufli d'envoyer des troupes dans
les places , dont il s'étoit emparé,
& de les faire fortifier. C'efl: ainfi
que la Syberie efl: tombée fous la
puiffance des Mofcovites , qui en
font encore en polTellion.
Les Tartares , qui demeurent à Servies
Toboly & à plufieurs lieuës aux environs,
font tous Mahometans. Mr.
hbrants, étant curieux de voir leurs
cérémonies, fe rendit dans une de
leurs mofquées , accompagné du
JVaiwoàe^ fans quoi il n'auroit pii
y être admis. Elles font entourées
de grandes fenêtres , qu'on laiffe
ouvertes , Si le pavé en efl: couvert
de tapis, fans autre ornement.
Ceux qui y entrent laiifent leurs
fouliers à la porte, & s'aifeient en
ordre les jambes croifées. Le mufti
étoit habillé de cotton blanc, avec
barqua fur ces barques avec fes com- | un turban de la même couleur. Il
pagnons , & remonta la riviere de ' parla_ à Poreille d'un des afliftans ,
Serebrenkoi, qui vient du nord-eft
des montagnes de ÏVergotur, & va
fe jetter dans la Ztizawaia. En fuite
il fit pafler fon monde par terre jufques
à la riviere de Îiî^oe, qu'il defcendit
jufques dans la Titra-, s'enipara
de la forterefle de Tmmen^ fituée
fur cette riviere , où il maiîacra
tous ceux qu'il rencontra, puis
renronta le Íí)¿¡7¿ jufques à la ville
dece nom, où il trouva un Prince
Tartare, âgé de 12. ans, nommé Jiltanas
Knizjumowitz, dont le petitfils
eli préfentement à Mofcoil, honoré
du titre de Zaarer^'itz de Syberie
; &• s'empara ainfide cette place,
qu'il fit fortifier, & envoya le
jeune Pi-ince prifonnier à il/^oK.
Après cet heureux fuccès, cecorfaire
defeendit l'Irtis , & fut attaqué
pendant la nuit , par un parti
de Tartares , n'étant encore guère
éloigné de Tobol. 11 perdit la meilleure
partie defes gens dans le conibat,
& voulant fauter d'une barque
dans une autre, il tomba dans la riviere
& fe noya, fans qu'on ait jaqui
fit un grand c r i , fur quoi ils fe
mirent tous à genoux. Le mufti
marmota enfuite quelques paroles ,
& s'écria Alla , Alla Mahomet,
comme firent tous les autres après
lui, fe courb.int par trois fois jufques
en terre. Il fixa après cela,
les yeux fur fes mains, eoiniiie pour
lire quelque chofe, & s'écria une
fécondé fois Alla, Alla Mahomet.
Cela fiiit i l , j e t t a les yeux par deffus
l'épaule droite, puis par dell'us
la gauche, fans rien dire, comme
firent tous les afliftans, & ainfi fi.
nit la céremonie.
Ce mufti étoit Arabe de nation,
& fort eilimé parmi eux ; jufques
là qu'ils confideroient tous ceu.x
qui entendoient&qui ftvoient lire
VArabe, à caufe lui. Il invita Mr.
l'Envoyéchez lui, .à coté de la Mofqnéeoii
ille regala de thé. On trouve
encore en ces quartiei's-là, un grand
nombre d'efelaves Kalmnqnes , &
iiieme .quelques defcendans des
Princes ^ui y fureiit faits prifonniers
autrefois.
O z Cha