V O Y A G E S
1703.avec des montagnes dansTóloigne-'
l . W ment. Sur les 3. heures nous approchimes
du monaftcre de Dudma
très-agreablement litué entre des arbres
, fur le penchant d'une montagne,
au Ibmmet de laquelle il y
a un village , dont on ne yoit
que le haut des clochers. Le Ibir
le vent s'eleva avec tant de violenc
e , & l e s vagues s'enflerent tellement,
qu'il fallut nous arrêter au
c ô t é gauche de la riviere. Le cinquième
le vent s'étantabaifle, nous
continuâmes notre route avant jour,
& après avoir encore pafle bien des
villages, nous arrivâmes enfin aux
chantiers, qui font le long de la riv
i e r e , & qui s'ctendcnt jufques au
fauxbourg de Nifen, oil i l y a un beau
& grand monaftere ceint d'une muraille
; une églife de pierre dans le
fonds, environnée de maifons de bois
jufques à i a riviere; une autre éghfe
de pierre, allez grande & bien bât
ie contre la montagne , fur le
fommet de laquelle il y a un village.
Les RujUiens nomment ordinai-
Nifcn. cette ville Niefna ou Nifen-,
d'autres Nifi-Novogorod, ou le pet
i t Novogmoi ; & quelques-uns Ni-
[en-Niengarten. Elle eft capitale du
petit Duché de ce nom, & a une citadelle
, fituée fur un rocher, au conflnantderOc^&
du/ro^^i. Cette
«on. ville eft ceinte d'une belle muraille
de pierre, & l'on traverfe un grand
Bazar ou marché avant d'arriver
à la porte d'Iwanofskie qui eft
du côté de k riviere. Cette
porte eft bâtie de grandes & greffes
pierres , & eft fort profonde.
O n va de l à , en montant toujours, |
par une grande rué , remplie
de ponts de bois , jufques à l'autre
porte , nommée Did'-jsietrofskie.
On voit proche de celleci
, la grande éghfe , qui eft de
pierre, dont les cinq dômes font
vernis de vert , & ornés de belles
croix : à côté de c e l l e - c i , le
palais Archiépifcopal bien bâti de
pierre , & dans fon enceinte une
j o l i e petite éghfe avec un clocher;
& deux autres é g l i f e s , l'une de pierre
& l'autre de bois. LuPrikaes ou
la chancellerie eft aufli proche de
! cette porte, & de bois aufli bien 1703.
que la maifon du gouverneur.! Du s- Mai.
refte , il n'y a p.is grand' chofe
à voir en cette v i l l e , dont l'enceinte
n'eft pas grande, & toutes les
maifons iont de bois. Elle n'a aufli
que deux portes. Le pais d'alen-
• tour cft très-agréable à la v u e , é-
I tant i-empli d'arbres & de plufieurs
maifons. Ses murailles font flanquées
de tours rondes & quarrées,
entre lefquelles il y en a une plus
grande & plus élevée que les autres,
que l'on voit à une grande
dilhnce. Il y a v o i t à l a p o r t c du
côte de la terre, dans lagaleriedu
corps de garde, quatre pieces de
canon. Les fauxbourgs en fontfort
grands, fur tout celui du côté de
la riviere, dans lequel il y a plulieurs
églifes de p i e r r e , o i l la mon-
^igne, feparée en plufieurs par-
J fur lefquelles il y a des
fes & des maifons, fait un très-bel
eftét. On n'en peut pourtant pas
bien voir le tour à caufe des hauteurs
& des vallées, qui bornent la
vue. La riviere eft toujours remplie
d'un grand nombre de barques,
qui vont & viennent de tous côtés.
Il y a fur l'autre rivage de cette
riviere un grand village, qui appartient
à M r . Gregori Demitri Strogenof,
dans lequel il y a une belle
eghfe de pierre & une grande maifon
de même, où demeure quelquefois
ce marchand. Il en partit fur
l e f o i r 48. grandes barques à dix
rames, montées d'environ 40. perfonnes,
pour aller charger du bois.
Toutes ces barques appartenoient
marchand, que l'on eftime le
plus riche de toute la Ruße. Il
donnoit trois rifdales à châcun de
ceux qu'il employoit pour aller
charger fon bois. Sur le foir on
commença à fonner les cloches, à
caufe de la fête de l'afcenfion,
qu'on devoir célébrer le lendemain.
Nous y fîmes nos provilions , &
fur tout d'eau de v i e , qui y cft trèsbonne
& à bon marché, puis qu'on
en a huit bouteilles pour 40.
fols. Aufli les Armeniens ne manquent
pas d'y en prendre autant
qu'il leur en faut. Les vivres
n'y
s- Mi
D E C O R N E I L L E LE B R U N . 81
te. On y ' l'argent. Les femmes y vont com- 1703.
les hommes Scfefaoulent de mê- 7. Mai,
Je vis faire le même manège
s un Kabak à biere, où il leur e ft
d'entrer pour boire. Nous
ibarquâmes \tfixieme, pour
înir nos gens à bord, & nous
. n'y eft pas moins abond;
• achette un agneau ou un moût
dinaire 13. à 14. fols ; deux petits
canards un fol ; une bonne poularde
3. f o i s ; vingt oeufs un f o l ; deux
pains blancs de grandeur raifonnable
un f o l ; un pain bis de 7. à 8. livres
aufli pour un f o l , & la biere y
eft bonne aufli & à bon marché. On
compte que cette ville efl: à 800.
•werfles de Mofcou , qui font 160.
lieues ¿.'Allemagne,
pas plus de 100. pi
lituée fur VOcca,o^
proche de Kolomna
d i t , & cette riviei
dansi
permi
nous e
faire
pafl-à,
lende:
es la
: ten EÎIÎ
nous entrâmes
:omme il a été
: tombe i c i dans le
JVolga,(]a'on nommoit autrefois le
Rhi. Ces deux fleuves unis ont environ
4000. pieds de large, fi l'on
en peut croire ceux qui les ont niefurez
en hyver fur la glace. Cette
v i l le n'eft habitée à préfent que par
des RuJJiens ; on n'y voit plus de
Tartares. Elle eft fort peuplée &
fituée à la hauteur du 56. degré 28.
minutes de latitude. J'aiirois bien
voulu la voir de front & la deffiner
de defl'us la riviere, maisonnevoulut
jamais me le permettre, même
pour de l ' a r g e n t , à caufe de la f ê t e ;
car les R i p e n s ne font rien que
s'enyvrer ces jours-là. J'en vis aufli
plufieurs en cet état, couchez dans
les rues. C'eft un plaifir de voirdi
quelle maniéré les pauvres fe tien
nent tous les jours devant les Ka
baks ou maifons où l'on vend l'eau
de vie. J e reftai quelques heures dan
celle où nous achetâmes la nôtre
1 de boi
3tre vo'
t l a v i l i
pardevar
l a v û ë m'
fis ledefl;
24. Avî
mes deux
y en a un
& à d
fur la riviere,
.matin nous c
age, & en p;
= & le fauxbc
c fi belle, qu<
qu'on tr
rançant toùj.
ix villages à g
n fort grand
telemonafte
ifTant
iurg,
¡ j ' en
Les Rof-
Cens aiment
Ì
boire.
pourvoir k
ces de ces ii
fon commei
tête. Mai!
dans la r u e ,
mis d'entrer
à la porte une
mettent leur ai
mefure la qu:
qu'ils fouhait,
grand chaudn
de bois, & qii
freda
.^s&les
l o r f q u e l a bo
lei
i l fan
car il n.
dans la
le table
argent.
de
vend dei
ainfi par
cupéequ
compagn
La
lia
ne perf
cela toi
: qu'ils reftent
leur eft pas pernalfon.
Il y a
fur laquelle ils
& puis on leur
i t i té d'eau de vie,
i t , qu'on tire d'un
1 , avec une cueiller
on met dansune rafle
plus petite mefure fe
ds. Ils font fervis
3 n n e , q u i n ' e f t o c -
i t e l a j o u r n é e , acautre,
qui reçoit
rs , nous v î -
iche, dont il
ramé JVeefna,
àeBeftjtrske,
grand bâtiment de pierre, à la referve
des t o i t s , avec plufieurs maifons
à droite & à gauche, à une werjle
de la ville. Nous vîmes aufli une
petite églife nommée Jafoofm, fur
une montagne, & quelques centaines
de perfonnes qui s 'y rendoient de
tous côtés de la v i l le & des lieux circonvoifins,
pour celebrer la f ê t e , 8c
qui faifoient tendre des tentes pour
fe divertir. Nous reftâmes à 3.
werjlesde la v i l l e jufques à 7. heures
du matin, feptieme du mois, &
vers le midi nous trouvâmes au milieu
de la riviere une i f l e , qui avoit
bien deux werftes de l o n g , & étoit
remplie d'arbres. Nous pafllmes
enfuite à côté de plufieurs montagnes
, & d'une autre ifle fans arbres,
& laifl'âmesla riviere de Kerfimie
, & le monaftere de Makana.
à gauche. C'eft un grand bâtiment
de pierre , ceint d'une belle
muraille de même, quireflembleà
un château ou unefortereffe; il efl:
quarré & a une tour à chaque coin.
J'aurois bien voulu le defliner, mais
lejour étoit trop avancé. Il y avoit
à côté un village & un Ghan ou
grand Caravmferai de bois, où les
negocians mettent leurs marchandifes.
C ' e f t un lieu où i l y a une grande
foire tous les ans au mois de J u i l -
l e t , & où la plupart des marchands
de RvJJle fe rendent ; quoi qu'elle
dure que 15. jours, ^osRtijjiem
y étant allez achetter du poiflfen,
pprirent, qu'il n'y avoit que 15.
Durs qu'un certain Gouverneur, ve-
L nant
It