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1705.
Aour.
C H A P I T R E LVIII.
Départ de Zjie-raes. jardins fruitiersfertiles. Retraite de Payens.
Arrivée a ]3.ma , & fa fituation. Abondance de dattes &c.
Piliachiers fativages&Térebinthes. Ruines danciennes forterej-
Jes. Vents chauds. Arrivée a Laer.
Depart
deZii». NOus partîmes fur le ibir, &
traverfàmes une partie de la
plaine, & le pont de pierre de Polfnjfa,
en partie renverfé , fous lequel
il n'y avoir point d'eau, à caufe
de la grande fcchereife. Au milieu
de la plaine , & proche de ce
pont 3 il y a une montagne feparée
de toutes les autres j laquelle nous
laiflames à gauche, & arrivâmes à
minuit au Caravmferai de Babbahad
jie, à 5. lieues ieZjk-raes.
Le neavieme au matin Mr. Kafie-
Jein eut un accès defievre,quinous
obligea de nous arrêter dans un jardin
, après une traite de 4. lieues.
Nous paffàmes en y allant à côté
de plulieurs maifons deplaifance&
de beaux jardins , & entrâmes enfuite
dans les montagnes, d'où l'on
voyoit Zjie-raes au bout de la plaine.
Delà, nous nous rendîmes au
village de Pane:, à une demi lieue
du grand chemin , oii étoit le jardin
, où nous devions nous arrêter,
à côté duquel il y avoir une petite
riviere , o£i nous trouvâmes des écrevices.
La plupart des habitans
de ce quartier-là fontâniers. Nous
continuâmes notre voyage le lendemain
après-midi, & arrivâmes fur
les 9. heures au Caravanferai de
Moffe-farie. Nous y allâmes immédiatement
à la pêche aux flambeaux,
& y primes des carpes & des écrevices.
Ce quartier-là efl: rempli de
villages , dont les habitans étoient
dans les champs fous des tentes, le
long de la riviere , avec leur bétail.
Nous pourfuivimes notre chemin
f heures du matin , & paifâmes
à côté d'un village d'une longueur
extraordinaire, dont toutes les maifons
étoient faites de jonc , nous
traverfàmes enfuite des montagnes
pierreufes , & nous arrêtâmes au
Caravanferai de Paey-ra , entouré
de villages, à quatre lieues de l'endroit,
où nous avions palTélanuit.
La campagne y étoit arrofée d'une
petite riviere, & les montagnes remplies
de faules & de figuiers fauvages,
auffi-bieu que de'fauge. Les
figues de ces arbres-là n'étoientpas
mauvaifes, mais très-peu colorées.
Le douzième nous continuâmes
notre route, & trouvâmes en chemin
de gros monceaux de pierres ;
on voulut nous perfuader que c'étoient
les débris d'uneancienneville
, mais je n'en pus découvrir aucuns
des fondemens. On voit un
grand nombre de villages & de jardins
à droite vers les montagnes.
11 étoit onze heures du foir,lorfque
nous arrivâmes au Caravanferai
d!As-mongeer , après avoir rraverfé
des colines & des montagnes
pierreufes , avec quelques vallées.
Le treificme , on nous apporta des
montagnes, quantité de figues, de
raifin & de citrons. Je trouvai en ch«tf>n
cet endroit un petit chat' de mon- vage.
ragne, de la couleurde ceux de l'Ile
de Chjp-e , qui avoic les jambes
longues, les oreilles dreffées, & auffi
aflez longues, & la queue d'un rat :
mais j'obfervai, lors qu'il fe lechoir,
qu'il n'avoir pas la langue fi pointue,
que les chats ordinaires.
Nous pourfuivimes notre chemin
à 6. heures du matin , & paifâmes
encore à côté de plufieurs jolies
maifons &: de beaux jardins, où nous
nous repofâmes à l'ombre, après
I70f.
jj.Aoai
Ancirtnes
grot.
DE C O P. N E I L
une traite de 3. lieues , le folcii é-
, mnc fort ardent 3 6c pUificLirs de
nos gens incommodez. Ce jardin
clt lirué dans le bourg de Taà
n-'wocn , qui ne fublîfte que de
fes jardins , qui font remplis de
grenadiers,d'orangers 3de figuiers,
de pêchers & de palmiers, prefque
tous .chargez de fruit en ce tems-
]à. Nous y trouvâmes aufll beaucoup
de melons , l'eau qui abonde
en ce quartier-là , y faii'ant croître
les fruits à foifon: on les tranfporte
à Ifpahan -, & comme ce lieii-là |
eft entouré de montagnes j on le |
prcndroit de loin pour un bois.
On trouve à une denii-lieuë de-,
lài dans des rochers efcarpés , un
grand nombre de grottes, que j'allai
voir le quatorzième, après là
grande chaleur fut paiTée. Je trouvai
devant ces grottes quelques reiles
d'un mur de pierre bien cimenté,
êc un petit fentier dans l'endroit le
plus efcarpé du rocher,quifortdes
montagnes à droite & à gauche. Il
paiTe dans la vallée , qui eft entre
ces montagnes, une riviere, autour
de laquelle il faifoit grand froid
On prétend que les Gîtebres fe retirèrent
autrefois dans ces grottes.
J'aurai lieu d'en parler dans la fuite^
y aiant repaiTé à deiTein, à mon retour
des Indes.
Nous ne pûmes continuer notre
voyage ce jour-là, à caufe d'un accès
de fievre qu'eut Mad'=. Kajielein
-, avec un fi grand redoublement
pendant la nuit , qu'elle en perdit
la connoiiTance. Cela donna un fenfible
déplaifir à Mr. fon pere, qui
l'aimoit tendrement, & nous allarma
pour lui, qui ne vouloit point
b;-)Uger d'auprès d'elle , quoi qu'il
fût lui-même d'une conftitution trèsdélicatCsSc
fujet à plufieursincommoditez.
Cela nous embarraiTa
d'autant plus qucla femme de chambre
de cette dcmoifelle étoit au (lì ^
mAladc} de forte que nous convînt !
mes de veiller tous auprès d'elle,.!
les uns après les autres,pour foula-,
ger Mr. fon pere, qui avoit grand
befoin de repos. La violence de
la fievre continua jufques au dix-.
fcptie?ne , qu'elle eut une crife Sr;
T O M . II.
L E LE B R U N. 515
s'endormit vers le matin. On re-i705'.
Iblut fur cela de la faire porter par 17-Août,
4. hommes, dans falitiere, jufques
à Jaron 3 nous en choilimes 8.
des plus robuftes du village, pour fe
relever de tems en tems : fur ces eiltrefaiteSi
il arriva deux coureurs de
Gamron, ^iWznx. ^ Jfpahan.
Ce jour-là on nous apporta un PoiiTon
poiflbn auili gros qu'un Kabeliaeu
ou .merlus 5 à quoi il ne relTembloit
pas mal non plus,& en avoit à peu
près le goût. Je n'en avois jamais
vu de 11 gros en ce pais-ci. Nous
le fîmes apprêter â la Hollandoife^
& comme nous avions ausfidescarpes
^ nous finies bonne chere, &:
continuâmes notre voyage , jufques
aux montagnes. Comme la litiere,
qui étoit portée par des hommes,
n'avançoit guère,nous n'arrivâmes
qu'à minuit au Caravanferai
de Mich-geck-fogte i après une traite
de trois lieues.
Le dix-huitième nous nous remîmes
en chemin & traverfîlmes des
montagnes pierreufes, & une campagne
entrecoupée de canaux , fur
lefquels on voyoit de petits ponts 3
& nous arrivâmes à minuit à Fagra
baeti oii nous allâmes loger dans
un jardin charmant, remplidepalmiers,
avec une rangée de fenezau
milieu, & de toutes fortes d'arbres
fruitiers, favoir grenadiers , orangers,
cognaiîîers,poiriers 5cc.donc
les fruits étoient délicieyx. Cejar-'
din n'étoit pas cependant des plus
grands; mais le plus beau que j'aye
vù en Perfe. Il y avoit auiîi une
maifon fort élevée, dont les murailles
étoient fort épaifles , & deux
belles fontaines en dedans: un beau
baflin au milieu du jardin,avec un
jet d'eau, devant la façade de la
maifon. L'eau de ce ballîn fe communiquoit,
par un conduit fouterrain,
aux deux fontaines du logis,
&r fcrvoit de plus à arrofer tout le
jardin. Ce lieu appaftenoit auDiic
ou Gouverneur de Gamron, nommé
Mametb-momien-chan , dont les ancêtres
avoient ausil été Gouverneurs
de ce païs-là.
Le dix-newoihnt , nous en parti- Arrivée 5
mes fiir le foir, pour nous rendre à
S f Jaron,