D E C O R N E I L L E L É B R . U Ñ. •Kal
1707.
îi. Juin.
qu'on la pouvoir boire, & enfiiite 3.
brafles demie d'eau. Le vene qui
cli.angeoic fouvenc nous obligea de
mouiller encore unefoisfur 10. paumes
d'eau, comme notre barque
en prenoic huit, nous donnâmes plulieurs
fois contre terre. Nousreftâmesen
cet état jufqu'au vingt 11-
nihnea^xt le vent tourna àl'elt-nordeil
: mais il changea encore fur le
foir, & puis il y eut un calme > enfuiteil
fe mit au nord, & continua
3 .jours de même, furquoi le Confuí
envoya ordre à l'autre barque, qui
ne nous avoit pas quité, de fe rendre
au plutôt -AAfiracany pour en faire
venir d'autres barques, au cas que le
tems ne changeât pas. Cependant,
le vent fe mita l'oueft, Se il y eut du
tonnerre & de la pluiejla mer n'aiant
pas plus de 8. paumes d'eau en cet
endroit.
Le vingt-fepième après midi,
nous découvrîmes 3. barques, que
nous prîmes pour des pirates , &
• nous tînmes fur nos gardes, aiant
deux-canons de bronze,& d'autres
armes à feu. Comme elles alloient
à la rame,elles approchèrent bientôt
de nous, fur quoi nous tirâmes'
un coup de canon Scelless'éloignérent,
puis s'étant rapprochées nous
trouvâmes que c'étoient celles que
nous avions mandées à'Afiracan,
dontnous eûmes bien de la joye^ parce
qu'elles nous apporcoient des rafraichiflemens
, dont nous avions
grand befoin. Au refte la crainte
* que nous avions eue d'abord, n'étoit
pas malfondée, d'autant qu'on rencontre
fouvent en cette mer des pirates
, qui n'épargnent pas ceux, qui
ont le malheur de tomber optre leurs
Pirates, mains. Us viennent du côté des
montagnes,' 6cfontlaplupart Sarn-\
gales, entremêlez de rebelles Ruf-
Jims.
Le trentième nous levâmes l'ancre,
le vent étant fud-oueft, íí fîmes
route au f u d , fur 8. paumes
d'eau : mais l'inconftance du vent
nous obligea de mouiller encore une
Mouche- fois. Nous fûmes auiTi tellement incoramo
commodez des moucherons pendes.
' dant la nuit, qu'il fallut me fervirdemonrefeau.
«
htdeîtxieme Juillet, je m'embar- 1707.
quaifeulfurune petite barque,pour JuiU.
êcreplusàmon aife, outre que mes
provifions tiroientàleur fin, Seque
je ne voulois plus me fier au vent.
Nous fervant des rames Se de la voile
, nous fîmes route au nord, nord
au fud, fur/.6.Se5.paumes d'eau.
Se apperçûmes la terre, vers le midi,
au nord-nord-oueit, avec les 4.
montagnes rouges, dont on a parlé Montaen
venant, lefquelles font à peu près
àunediilanceégaleles unes des autres.
Au refte la côte n'eft pas fi élevée
de ce côté-ici que vers la
Perfe.
A mefure qu'on approche du
Golfe, ou trouve des barques, qui
viennent vifiter les marchandifes
qu'on a à bord, SNT le rivage y eit
rempli de joncs. Nous y reftàmes à
l'ancre une partie de la nuit, à caufe
du calme.
Le troijïhne nous approchâmes ^
d'unebondeou pêche, où l'on vifite
une fécondé fois les vaiifeaux, 6c
fur le midi, d'une autre, où il y a
iî peu de terrain, qu'on a peine à y
aborder: jenelaiiTaipasd'ymanger
un plat de bon poiiTon. Sur les4.
heures nous parvînmes à unetroifième
bonde, où nous reftâmes à l'ancre
pendant la nuit , le vent étant
contraire Se la marée fort haute. Le
quatrième nous remîmes à la voile,
le rivage étant couvert d'eau. Se arrivâmes
fur les 10. heures à Ajiracan.
J'y allai d'abordfaluerle Gou-Aflracan.
verneur, quiétoitle^Tw^ei ou Prince
, Pierre Iwanitz Gauvanske, homme
d'efprit Se de mérité, qui en avoit
déjà été Gouverneur, il y avoit plus
de vingt ans. Après avoir lû les lettres
que j'avois pour l u i , il me fie
beaucoup d'honnêtetez Se m'oifrit
tout ce qui dépendroit de lui, pendant
mon fejour en cette ville. Je
le remerciai, Se le priai feulement
de me faire donner un logement
dans une maifon privée , où je ferois
plus commodément que dans
un Caravanferaii ce qu'il fit fur le
champ.
Le onzième nos barques arrivèrent
à la ville,Se le Gouverneur fit
porter mon bagage chez moi fans
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