2Ç2 V O Y
A G E S
•Imidois, quoi qu'il n'eut pas plus ,
1704. pfs^idre congé de tous mes amis à
18.Sept, i l f i l l e & à Jtdfa,izns oiiblierMr.
Sahid notre interprète 3 auquel j ' a -
vois mille obligations. Il m'avoit
rendu des fetvices confiderables ,Sc
m'avoit permis de defllner toutes
les curiolitez de fes beaux j a r d i n s,
en me donnant toutes les lumières
neceffaires pour en venir à bout. Et
comme il cntcndoic parfaitement le
Perfun , il avoit pris la peine de
m'en apprendre l ' o r t h o g r a p h e , en
quoi la p l u p a r t des voyageurs commettent
des fautes groilieres. Cela
f a i t que j'écris le mot Roi en Perfitn
, Sjiie au lieu de Schach , de
î, p;,/. . ry- ___ , -
Comme j avois refolu de partir
avec M r . i ? « W f r , d c F k j f m pu
mier commis du magalin de Gdmron
, pour me rendre à Perfepolis,
où j'avois deO'ein de faire quelque
f e j o u r , pour en examiner avec foin
toutes les a n t i q u k e z , & en faire le
deffein, je me rendis le nmgt-qnatricme
chez notre Direfteur Mr.
Kaftekm , qui eut la bonté de me
prêter un cheval pour faire ce
voyage 3 & un coureur pour m'accompagner.
Il ne manqua pas
auffi de me donner toutes les prof
Î j n , ^ " " " " " ' '"C uuimer toutes les pro-
Ji-Mh ou de ^e-raes m heu vihons dont j'avois befoin , &
de Schieras ; Mej-àem au lieu de 1 d e me combler de bien-faits, com
Meidan, q u i e f t u n mot r i / r c ; M « - | m e il avoit fait pendant tout le
zjit bu Md-zjit en parlant des m o t : tems que j'avois paflé à ifl>ahan,oii
q u e e s ,& plulieurs autres m o t s ^ q u i j i l m'avoit toujours honore de l'atidifferent
de l'orthographe des autres j ble depuis mon arrivee. 11 m'avoit
voyageurs ; en quoi j e l'ai f u i v i , j même fouvent prcffe de venir Îo£;er
& en quoi il étoit f o r t h a b i l e , quoi j chez l u i , mais j e m'en étois excufé
qu' Jrmenien de 'nation. Il par- ; pour être en liberté , & faire plu'.
loit auflî parfaitement François &
Hollandais , fon pere aiant demeur
é long - tems en France , & lui
aiant été élevé-au fervice de not
r e -Compagnie. Il avoit une connoiiTance
parfaite des moeurs & des
maniérés du p a i s , auffi-bien que des
affaires & des intrigues de la Cour,
étant affez avancé en âge. Ces belles
qualitez-là lui avoient attiré
l ' e f t i m e & l'amitié de tout le monde
, &• il n'avoit pas auill manqué
de donner une bonne éducation à
fon fils, qui étoit comme l u i Interprete
de la Compagnie , & entendoit
de même Is Franiois & lnHollieurs
chofes auxquelles je m'occupois
foir & matin. Outre cela, il
avoit toujours eu la bonté de me
pourvoir d'un cheval & d ' u n interprête,
pour m'accompagner par tout
où j e voulois aller. 11 n'avoit pas
manqué non p l u s , de me donner de
grandes lumières par raport aux affaires
de Per^c, o ù i l a v o i t demeuré
vingt-&-un-an, pendant lefquelsil
en avoit parfaitement appris les affaires,
la langue & les intrigues de
la Cour. Auffi aurai-je t o u t e ma vie
une profonde reconnoiifance de toutes
fes bontez.
Fm du premier Tome.
V O Y A G E S
D É
CORNEILLE LE BRUN
P A R . LA
M O S C O V I E , e n P E R S E .
È T A U X
' I N D E S O R I E N T A L E S.
Ouvrage enrichi
De plus de 320. Tailles douces, des plus curieufes,
REPRESENTANT
Les plus belles vues de ces Païsj leurs principales Villes; .les diffcrcns habillemens des Peuples,
qui habitent CCS Regions éloignées; les Animaux, les Oifcaux , ksPoiHbns
& les Plantes extraordinaires, qui s'y trouvent. Avec les Antiquitez
de ces Pais, ôc pardcuîierement celles du Fameux
P A ' L A I S D E P E R S E P O L I S .
Qiie íes Perfes appellent C H E L M I N A R.
£e tout dejjtnê d'après Nature fir les Lieux.
On y a ajoiité la route qu'a fuivie
M r . I S B R A N T S , AmbalTadeui" d e M O S C O V I E,
En traverfantla Ruffie & la T a r t a r i a , pour fe rendre à la Chine.
Et quelques Remarques contre
M^'. C H A RT> l N Ó- KE MP FER.
AvccuneLettreécriteàl'AuTEUR, fur ce lûjct.
T O M. II.
^ A A M S T E R D A M ,
Chez les F R E R E S W E T S T E I N , i ^ l g,