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A G E S
fe fuite. Il y fut reçu à l'ordinaire, ^-jq.
Se il étoit tard lors qu'on fe recira. i/Avril.
Nous eûmes plufieurs autres vifitcs
les jours fuivans, qui nous conduifirent
1704.* defl US. II y en avoir fept blancs,
i 20. Mars, qui avaient une partie du corps, la
queue les pieds peints de rouge
ou de couleur d'orange. 11 ne me
fut permis d'en approcher qu'après
avoir fait un prélent à ceux qui en
iivoient la garde. Il y avoit à còte
d'eux un grand tapis, iur lequelétoit
aslîs un gentilhomnieauxfoins
duquel ils étoient commis > & auprès
de lui un grand marteau d'or,
qui fert à les ferrer, & un abbreuvoir
du même metal. Cependant je
ne pus obtenir pour de l'argent l'entrée
de la ialle où fe fit lefeftin,6c
il fallut me contenter de relier dans
un endroit où je vis tout paiTer. On
fait de grands prefens au Roi pendant
le cours de cette f ê t e , & fur
tout les grands de la Cour, les Bafl
a s j & les Gouverneurs des places.
Ils confiftent en marchandifes, en
bourfes d ' o r , en chevaux, en chameaux
&• en mulets. Ces prefens
font portés ou conduits feparement
par des bourgeois qu'on employe
Tro pour cela par ordre du Roi. On
^phées. fait porter en même tems autour
de la grande placedu Palais, dix ou
douze gobelets remplis de foin attachés
au bout de certaines perches,
en ligne d'une vi£toire remportée
autrefois contre les Tartares d'Aesbeekyi
ce qu'ils prétendent, & puis
on conduit un certain nombre de
chevaux, couverts de foye & fans
lelles, dans la cour du Palais. Rien
ne me parut cependant plus beau
que de voir traverfer cette cour, à
tous les Seigneurs, qui avoient affifté
à cette fête , en s'en retournant,
au travers d'un grand nombre
de fpeftateurs, qui s'y promenoient.
Oeufs ^^ donne ausil des oeufs colorés
prefentés. pendant le cours de cette f ê t e , q ui
dure plufieurs jours. Lq Macr-fijeldaer
ou le grand Maréchal, eft même
obligé d'en porter au R o i , ornez
d'or & d'argent & proprement
peints , préfent fort eftimé parmi
eux.
Le 'vingt-troifierm ^ nous celebrâ-
Fête de mes la fêtedePàquechez notre Di-
Pà^ues. refteur , & le lendemain l'Agent
à.'Angleterre le vint feliciter fur ce
f u j e t , accompagné d'une nombreu-
infenfi'blement à la fin de ce
mois.
Monfieur Ka/lelein reçue un préfent
de nouvelles afperges à rentrée
du mois à'Avril. Ils'en vendit même
au marché le lendemain, mais
pas plus de 60. ou de 70. pour une
vingtaine de Horins. Ces lîfpergcs
font toujours fort cheres au commencement
, & on ne les achete
guere, que pour en faire préiént à
des perfonnes de dillinition, dont
on a befoin. On nous envoya ausiî
des tiges de racines de Rhubarbe, Rejetions
confervées dans du jus d'agneau, cte Rhu-
Elles font fort rafraichiffances &
laxatives, & d'un goût dehcieuxj
ausfi font-elles fort eftimées en cette
faifon. Les feuilles en font frif
é e s , vertes , jaunes & rouHatres,
6c elles ont la queue blanche, tirant
fur le jaune. Il s'en trouve ausiî
d'un beau rouge , qui ont deux ou
trois pouces d'épaifleur en rond.
Ces tiges ont la plupart un pied ou
un pied & demi de long, & on ne
mange que la queue des meilleures.
Lors qu'elles commencent à
paroître , on les couvre de terre,
comme les afperges, 6c cela lesfait
grosiîr. On en cultive pour la bouche
du R o i , aux environs de la ville
de Lacr y dont le Gouverneur eft
obligé de lui faire préfent tous les
ans. Les feuilles de celle-ci ont deux
ou trois brafles de tour , & reifemblent^
ausfi-bien que la racine à celles
de la rhubarbe ordinaire , mais
elle n'a point de f o r c e , comme celle
qui croît dans le païs à^Usbec,
entre la Chme &c la Mofcovie. Les
Perfes mangent les queues de ces
jeunes tiges toutes crues avec du fel
& du poivre , comme les Italiens
mangent les oeilletons d'artichauxj
& le goût en eft piquant très agréable.
Ils en font ausfi u n f y r o p ,
qui eft fort rafraîchi fiant, j ' a i eu
la euriofité de desfiner cette plant
e , avec fes feuilles &: fa racine^Sc
j'en ai trouvé des feuilles , qui avoient
un pied & demi de long &
encore