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V O Y A G E S
Gardes
(lu Chan.
lui. J'eneusunfenfibledeplaifir, &
i.'oAob. fis tous mes efforts pour les accommoder,
& prévenir les fuites de ce
démêlé, fachant que les habitans de
ce village etoient fiers & vindicatifs,
fîc que le Gouverneur de la province
3y0itété40.ansàles foumettre à la
raifon, dont il n'avoit même pil venir
à bout fans en envoyer une partie
i Ifpahan. Ils avoient autrefois
pouffe leur brutalité jufques à arracher
des mains de leurs maris des
femmes qui leur plaifoient fans épargner
la vie de ceux qui s'oppo-
Ibient à leur fureur. Il n'y avoit pas
jLifques aux marchands qui ne fuffent
expofez à leurs infultes dans
leurs Ciîï'aviitiferais en ce tems-là.
Mais le Ch0n qui les gouverne à prefent,
a fu arrêter leurs violences,
quoi qu'il n'aie qu'une garde de 300.
chevaux fans aucune infanterie.
Le feptieme on fit tranfporter les
marchandifes des negocians au village
d' Aifgaerneloe, où demeuroit le
condufteur de la caravane , lequel
nous y fit perdre la plus belle partie
de la faifon. Il refolut enfin de partir
le neiivième, mais il tomba tant
d'eau qu'il fallut remettre notre
voyage jufques au l î . Qiielques
prêtres Arméniens m'y vinrenttrouver
& me prièrent de leur donner
quelque chofe pour contribuer au
bâtiment d'une Eglife, confacrée à
S. Jean, qu'ils faifoient bâtir dans
un village proche de la ville. Je
leur fis un petit préfent 8c leur fouliaitai
beaucoup de fuccès dans leur
entreprife.
Le onzù-me je préparai tout pour
mon départ, & envoyai mes balots
à la caravane, après avoir refté un
mois à Ardevil. Le lendemain, m'étant
levé de bon matin, je rencontrai
un grand nombre de Perfans,
qui traverfoient la ville en chantant
& ferejouïffantde leur heureux
retour de la Meqiie, où ils avoient
été vifiter le tombeau de leur Prophète
Mohamed.
Il étoit trois heures après midi
lors que la caravane fe mit en chemin,
l'on voit la ville avec avantage, & 1705.
tous les villages d'alentour, qui font u. Oi^i
un très-bel effet j mais de trop loin
pour bien diftinguer les objets. La
caravane s'arrêta au village de Sardale,
faifant route verslefud, &
après avoir traverfé la plaine, nous
à 5. lieues de la ville; Scnous
fûmes furpris d'un fi grand brouillard
à l'entrée des montagnes, qu'on
peine à les voir. Le terrain
qui eil autour de ce village, qui a
afléz d'étendue, eft très-fertile, &c
abonde en bleds, qui étoient entaffez
de tous côtés. Nous en partîmes
à trois heures du matin, & achevàmes
de traverfer les montagnes.
Qtiand on eftau-del.Tjlefommet
des plus éloignées paroît enfoncé
dans les nues. Le terroir en eft
auili très-fertile, & étoit rempli de
païfans quilabouroient la terre avec
des boeufs des bufles. Après avoir
traverfé plulleurs villages, nous
arrivâmes fur les 9. heures à celui
de Koraming , qui eft affez grand
fie dontles environs étoient auili couverts
de monceaux de bled.
Nous nous y arrêtâmes dans la chaffd
plaine, au bord d'une petite riviere,
qui la traverfe, & y trouvâmes
quantité de pigeons , de becaflmes
& de grives , dont je tuai un affer
bon nombre &: deux jeunes canards
fauvages. Les environs de ces villages
font remplis de faules, d'aunes
& d'arbres fruitiers. Nous y attendîmes
le refte de nos compagnons
qui étoient reftez derriere , &: j 'y
deffmai la vue qu'on trouve au num..
Le brouillard recommença fur le
foir, & dura jufques à minuit, que
nous entrâmes dans les plus hautes
montagnes, par un beau clair de lune
, arrivâmes le quinzième au
matin au village de Fattaha. Nous
continuâmes notre voyage le lendemain
à la pointe du jour , par les
montagnes. Les deux Arméniens,
mes compagnons, qui étoient reftez
après nous, nous réjoignirent cette
nuit ; & le dix-feftiime nous nous
arrêtâmes dans les montagnes, après
avoir traverfé plufieurs rochers. Ce
jour-là, nous réjoignîmes nos chameaux
, qui avoient pris les devans ; .tyiw — j ' X , J -Iencrâmes
dans les montagnes, d'oii ! & nous vîmes delà, aune demi-lieue
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