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D E C O R N E I L L E L E B R . U N. 49
j^o^.icience des Ruffims digere a i l e z f a -
5, Juin, cilemeiic. Le C z a r voulant remedier
à ces incoiivcniens, fit défendre
à cous les mandians de demander
l'aumône dans les rues, ôc à un
chacun de leur donner q u o i q u e ce
f û t , fous peine d'une amende de
cinq Rnbds ou de25. florins. Cependant,
pour pourvoir à la fub-
Hôpitaux lîitanee des pauvres, on fit ériger
poui-^ies j g g hôpitaux proche de chaque
Ss" Eglifc 5 tant au-dcdans qu'au dehors
de Mofcou, auxquels le C z a r aiîigna
un revenu annuel. O n f u t délivre de
cette maniéré, d'une grande incommodité,
puis qu'on ne pouvoit fortir
des E g l i f e s fans être pourfuivi de
ces gens-là 3 d'un bout de la r u e j u f -
ques à l'autre. Cela produiiit un
autre bon e f f e t , qui fur, que pluficurs
gueux fe mirent à travailler,de crainte
d'être enfermez dans les hôpitaux
• car les mendians n'aiment
pas naturellement l'ouvrage, Scne
regardent pas la mendicité comme
unechofe honteufe. Cela me fait
fonger à une avanture, q u ' i l faut que
j e rapporte.
Avanture 11 v i n t u n j o u r j àl'aubergeoù j'éd'un
jeu- ^Q^g ^^^ jeune garçon demander l'auncman
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diaut. mone a un marchand, qui y iogeoit.
Celui-ci lui demanda pourquoi
il ne tâchoit pas de gagner fa
v i e en travaillant, ou en fe mettant
en fervice. Il répondit, qu'il ne
pouvoit travailler, parce qu'on ne
l u i a v o i t jamais rien fait apprendre,
& qu'à l'égard du f e r v i c e , il n'y av
o i t perfonne qui voulût l'employer.
Ce marchand trouvant
q u ' i l avoit la phyfionomie honnêt
e , lui demanda s'il v o u l o i t le ferv
i r j s'il feroit diligent à s'aquiter
de fon devoir , 6c s'il pourroit
trouver quelqu'un , qui voulût
répondre de fi fidélité. C'eil
Unechofe fort neceiTaire & fort ordinaire
en ce p a ï s - l à , & fans quoi on
nefauroit fe faire rendre j u i l i c e lors
qu'on eft volé. Ce pauvre garçon
r é p o n d i t , qu'il ne connoiiioit perfonne
qui voulût s'engager pour lui >
mais que D i e u feroit fa c a u t i o n , &
qu'il le prenoit à témoin, qu'il le
ferviroit fidèlement. Le marchand
s'en contenta > le prit à fon fervice
j 8c l'autre le fertit honnête- i j o i^
ment. Cependant il arriva que ce 5-
jeune homme fe familiarifa un peu
trop avec une fervante de la maif
o n , qu'il engroiTa. Auiîi-tôt qu'elle
s'en a p p e r ç û t , elle ne manqua
pas de l'en a v e r t i r , & on lui
confeilla de l'époufer , puis qu'il
l'avoit deshonorée. Il n'y avoit
guère d'inclination , parce qu'elle
étoit beaucoup plus âgée que l u i,
mais enfin , fe trouvant preiîe de
s'aquiter de la promeife , qu'il lui
avoit faite , & d'autres lui demandant
s'il croioit pouvoir répondre
de cette conduite devant fon répondant
j il avoüa q u ' i l auroit de la peine
à le faire j promit d'époufer
cette femme. Il le fit en e f f e t , &
fe mit à faire un petit negoce, avec
ce qu'il avoit gagné au fervice de
fon maître. Cela lui réulîit fi bien,
qu'il tient prefentement une des
meilleures boutiques de d r a p , qu'il
y ait à Mofcou 3 6c qu'on l'eftime ri*
c h e d e p l u s d e 50. mille livres. Sa
femme eft toujours avec l u i , & ils
vivent très-bien enfemble; mais
comme elle a 60. a n s p a f f e z , & que
lés enfans qu'il en a eus font m o r t s ,
i l voudroit bien lui perfuader de fe
r e t i r e r d a n s u n c l o î t r e , où il l'entretiendroit,
afin de fe remarier, 6c de
j o u i r d'une nouvelle f a m i l l e , à quoi
les l o i x de i^//.^i?nerepugnentpaSi
chofe à laquelle elle n'a pù fe refoudrejufques
àpréfent.
Les changemens , dont on vient Changede
parler, ont palTéjufques dans les "
Chancelleries, où tous les écrits fe Chancelfont
préfentement, à la maniere de
notre pais. Le Czar a cela fort à
c oe l i r , & tout ce qui regarde le bien
d e l ' E t a t j où rien ne fe fait fans fa
participation, toutes les aiïiiires paflant
par fes mains. Il a déjà f a i t f o r -
t i f î e r , avecune diligence e x t r ê m ej
Novogorod, Plefco'iVi Afophy
lenskoi Kieof èz Archangel ; 6c non-fortifiées,
obftant la depenfe q u ' i l a falu faire
pour c e l a , il fe t r o u v e , par fes foins Trefor de
6cpari;ibonneéconomie, laiommel'£tac,
de 300. miller//¿e/ídans fes coffres.
C ' e f l une chofe dont il m'a aiTiiré
l u i - m c m e , & q u e j ' a i a p p r i i é d e p u i s,
j d e plufieurs autres, Se cela après
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