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des brebis, & y attachent aiilTi leur m a n i é r é r e f f e m b l e i i t imoeii riioj
ii.Fcvr. HdePCs Ip^eÎIa-IuIIVx de cheval1. -T"«^.* 1 • r ^^/l*
Chaire s'aflemblenr à cheval, en grand
des Biira-nombre au printems, pour aller à
Accidens ,
Abondance
de
bier.
la chafTe du cerf, des rennes & des
brebis fauvages, qu'ils nomment
Abiavo. Lors qu'ils les apperçoivent
de loin, ils ie divifent en plufieurs
troupes & les entourent, puis
fe reilerrent peu à peu, & en enferment
fou vent de cette manicre,
quelques centaines, qu'ils percent
de leurs fléchés, quand ils en font
à portée, de forte qu'il n'en échape
guere , chaque chaffeur étant
pourvu de 50. fléchés.
L a chaiTe étant finie, pendantla-
^ quelle il arrive quelquefois, qu'ils
l le bleifent dans la confiiCon , &
qu'ils percent leurs chevaux ; chàcnn
cherche fes fléchés, qui font
marquées,& puis ilsécorchentleur
proye & en font fecher la chair au
f o l e i l , après l'avoir feparée des os.
Et quand leur provifion tire vers fa
fin, ils retournent à la chaffe. Ce
• pais, abonde en bêtes fauves, &
fur tout en brebis fauvages, qu'on
trouve par milliers, dans les montagnes.
Mais on n'y voit guere de
pelleteries, à ç. ou 6. lieues à la
ronde, fi ce n'eft quelques ours &
quelques loups.
Lors qu'on a befoin de boeufs,
qu'on y trouve d'une groifeur extraordinaire
ou de chameaux, pour
faire le voyage delà G(ime,\\ faut s'en
accommoder avec eux,pour des marchandifes,
car ils ne veulent point
d'argent monnoyé. On leur donne
en échange des martes zibelines pâles
; des badins d'étaim ou de cuivre
i des draps rouges de Hambourg;
des peaux de loutre ; des
foyes de Perfe, de toutes fortes de
couleurs j de For & de l'argent en lingots.
On achette de cette manieboeuftSi
re, un boeuf,qui peferoit au planmêaix!"
«¡"tre 800. & 1000. livres,
pour la valeur de 4. ou 5. Rtibtls;
& un chameau , pour dix ou douz
e , & ces Kttheb y valent cinq
Lataiiie francs, comme en Kujße. Les ha-
M l ™ ' ^ ' " "® pais, tant hommes que
des Bura- femmes, font robuftes & de grande
taille, aiTez beaux de vifage, à
aux Tartares de la Chine. En hy- "TpeVi.
ver, ils portent les uns & les autres,
des robes de peau demouton,
avec une grande ceinture ferrée,8c
un bonnet uori\mé.Ma.lachaven,a\\i
leur couvre les oreilles; ta en été
des robes de méchant drap rouçe.
Au refte, comme ils ne fe lavent
jamais, que le jour qu'ils viennent
au monde, & qu'ils ne fe coupent
pomt les ongles, ilsreffemblent affez
à de petits demons, s'il eft permis
de s'exprimer de la forte.
Les hommes ont du poil au dcffous
du menton, & en arrachent le '
refte. Les coutures de leurs habits
iontornéesdefourures: Leurs bonnets
font depeaux de renard; Leurs '
robes de cotton bleu, pliifées par le
milieu; &: leurs bottes d e p e a u x , '
dont le poil eft en dehors. Lesfem-
• mes portent du corail, des bagues,
& des pieces de monnoie aux treffes
de leurs cheveux ; & ceux des
filles font heriflez par flocons comme
des furies.
Les femmes les trelTent de côté,Le.,rs SI^
& les ornent de toutes fortes de fi- 8t '
gures d'étaim. Lors qu'ils meurent
on les enterre avec leurs meilleurs Le«rsénhabits,
un arc & une flcche. Leur""""
unique culte, eft de faire des f a l u - T " ''
tarions de têttL,en de certains rems t e X .W
de l'année, aux boucs & aux moutons
, qui font empaliez devant leurs
portes. Ils font le même honneur
au foleil &• à la lune, à g e n o u x ,&
les mains jointes, fans rien dire, ni
les invoquer. Au refte, ils ne laif. Leur pro- '
A. B» 1
J'rix des
i i a u c i a u - '
lent pas d'avoir des prêtres, qu'ils"j'Jj™-.'
font mourir quand il leur p l a i t , &pSre™"
puis les enterrent,& mettent à côté
d'eux des habits & de l'argent,
afin qu'ils prennent les devans, &.
qu'ils aillent prier pour eux.
Lors qu'ils font obligés de prê- L'endroit
ter ferment entr'eux, ils fe rendent "¡'JJ^JK
au lac de J 3 A / , f u r u n e haute mon-KélÎr.
tagne, qu'ils eftiment facrée, où ils
peuvent fe rendre en deux jours :
Auffi font-ils perfuadez qu'ils n'en
defcendroicnt pas en vie , au cas
qu'ils y fiflbnt un faux ferment.
Il y a long-rems qu'ils Iionorent
cette montagne , fur laquelle ils
font
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