loS V O Y A G E S
1692.
ii.Jaill. 1692.
iS.Juill.
S> i
C h a p i t r e XX.
Depart de T o b o l . Defcription de /Irtis. Trameaux tirezpardes
cbiem, & comment. Depart de Samaroskoi-jam. Arrivée a
Surgut.
Depart
de To.
bol.
Dcfcription
de
rinis.
Q E Miliiftre partit deTohl le viugt-
^ deuxième, après s'être pourvii de
barques J de toutes les chofesnecefÍíiircs,
&d'unebonneeícortei & dell
endit Vlrtis, ñir les rivages du.
quel il vit plulieurs villages habitez
par des Tartara Se des Ofiiatptes,
& entr'autres Demianskoi,
Jamm &c. où la petite riviere de
Penmnka fe jette dans Vlrtts. Le
•vingt-huitième , arriva à Samaroskoi
jam, cil il changea de rameurs,
& fi t drelTer des mats dans les gros
vaifleaux, pour aller à la voile en
remontant l'Oby, lor? que le vent
leroit bon , Ylrtts fe déchargeant
dans ce fleuve parplufieursembouchures
5 proche de Samaroskoi-jam.
L'eau de Vlnis eft blanche & legete
, & fort des montagnes du pais
des Kdmuqnes. Cette riviere coule
du fud au nord-eft, & traverfe les
deux lacs de Kehak & dt Sazan,
Elle eft bordée au iiid-eft, de hautes
montagnes, fur lefquelles il y a
beaucoup de cedres, & le terrain
de l'autre côté eft bas & rempli de
pâturages au nord-oueft, où l'on
trouve de gros ours noirs, des
loups , des renards rouges & des
gris i & fur le rivage de la riviere
de Kafmka , qui fe déchargé
dans VOhy , aiTez proche de
Samaroslioi-jam, les plus belles fourures
grifes de toute la Syberie, à
l'exception de celles, qu'on a dans
le bois de Heetkoi IVollok, dont on
Avantiite a parlé. Les habitans du lieu lui
dan ours, dirent, qu'un grand ours étoit entré
, l'automne precedente , dans
une étable , qui donnoit fur une
prairie, d'où cet animal avoit enlevé
une vache,qu'iltenoitembraffée
entre fes pattes de devant, &
marchoit fur celles de derriere : Qiie
les gens du logis, & leurs voiiins,
aiant entendu mugir cette vache y .
étoient accourus, & avoient chargé
l'ours, fms lui pouvoir faire lâcher
prife, jufques à ce qu'ils euffent tiré
fur l u i , & tué la vache.
La plupart des habitans de ceHnbiam
quartier-là, font RnJJiim, à lafolde"!» rivage
d e f a M a j e f t é Czarienne, lefquels
font obligés de fournir aux/Fiirui'ii-
¿«Î, qu'on y envoye,& à tous ceux
qui voyagent en Syberie, pour les'
affaires de ce Prince, des voitures
& des conduaeurs, tant pour aller
par eau en été, que fur les glaces
en hyver,jufques à la ville de Snrgat
fur \'Oby,k unprixraifonnable.
Ils entretiennent un grand nombre
de chiens, dont ils fe fervent en hyver
devant les traineaux, parce qu'on
ne fauroit y employer des chevaux
à caufe de la profondeur des neiges,
qu'on trouve fouvent d'une braife
de hauteur fur VOby.
On met deux de ces chiens de- ^rar
vant un traineau fort léger, fur le-uearâ
quel on peut charger 2. à 300. l i - J if
vres de poids, fans que les chiens chiens.
& les traîneaux faiTent prefque aucune
impreilion fur la neige. Les habitans
prétendent, qu'il fe trouve de
ces chiens-là, qui prévoient quand
on les doit emploier ; qu'ils s'affemblent
alors pendant la nuit, & font
des hurlemens horribles,d'où leurs
maîtres concluent qu'il doit arriver
des étrangers : Mais cela n'a aucune
vrai-femblance. Lors qu'ils voyagent,
leurs conduiteurs ont lefiiiil
fur l'épaule, & de certains fouliers
longs, qui font propres à courir fur
la neige. Ils s'avancent quelquefois
dans les bois avec leurs chiens
pour chairer,& y trouvent de tems .
en tems de beaux renards noirs,
dont
D E C O R N E I L L E LE B R U N . 109
1692. 1692.
Ö. Août.
dont ils confervent la peau, & donnent
la chair à leurs chiens ; de forte
qu'ils en tirent en même tems,
Defcrip- du fervice & du profit. Ces chiens
tionde font de moyenne grandeur Scontle
cSens. niufeau pointu auili bien que les
oreilles, qu'ils ont dreffées, & la
queue retrouiTée, comme celles des
loups & des renards. On s'y méprend
aufli quelquefois dans les
bois, tant ils leurs reiTemblent. Il
eft certain qu'ils fe mêlent fouvent
enfemble, & qu'ils paroiffent aux
environs des villages, lors qu'on y
fiiit des préparatifs de chalTe.
D e p „ , Ce Miniftre partit de Samarofsie
Stmz- koi-jam le vingt-neuvième Juillet,
J"i°n!'°'' & defeendit avec deux barques, la
principale branche de VIrtis, vers
VOby , où il arriva le lendemain.
Ce Heuve eft bordé de montagnes
à r e f t ,& de prairies à perte de vue,
à l'oueft 3 & a une grande demi
lieuë de large en cet endroit.
Arrivée Ì Le fixihne Aoiît, il arriva iSurla
ville de ^-«f , fitué à l'eft de cette riviere.
SiirBut. Q^^ trouve en ces quartiers-là, eu
avançant dans le pais, à l'eft. Se
en remontant VOby depuis Surgut
jufques à la ville de Ncirum, de très- B(.]¡(s p^.;
belles martes Zibellmes d'un brun leceries. ' -
pâle, &• des noires ; Les plus belles
hermines de toute la Syberie,
même de toute la Ruße, & des renards
noirs, d'une beauté inexprimable.
On en conferve les plus
beaux pour fa Majefté Czarienne,
on les eftimejufques à 2. &300.
rubels lapiece. Il y en a inêmequi
furpalfent en cette couleur les plus
belles martes Zibellines de la T)au~
rie. -Ou les prend avec des chiens,
fur quoi les habitans conterent^l'avanture
qui fuit à l'auteur de ce
voyage.
Un renard noir , des
beaux , aiant paru au commence- d'un rement
de l'année precedente, proche
de Sargut, en plein jour, fut
pourfuivi d'un paifan , qui avoit
des chiens de la même couleur:
ce renard ne pouvant fe fauver, fe
tourna tout à coup vers eux d'un
air courtois, fe coucha fur le dos,
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