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V O Y A G E S
1706. Delà porte d'Utrecht, on peut
31. Juill. fiiivre le mcme chemin au nord,
jufques à un lieu nommé la FluU,
où il y a une garde de 15. foldats,
avec un fergeanc & deux caporaux.
Cette garde eft fur la pointe occidentale
du rivage de la mer, de forte
qu'on ne fauroit palTer outre.
Tous les dehors de la ville font
remplis de beaux jardins & d'arbres
fruitiers, elle eft fort peuplée,
auiTi-bien que fes fauxbourgs, dont
il y en a qui s'étendent fort avant,
&• à côté defquels il y a de jolis canaux.
Chinois. Tous les quartiers de la ville a^
bondent en Chinois j gens infatigables,
& fort ingénieux, fur tout à
imiter ce qu'ils voient faire. Ce font
eux qui cultivent prefquetoutesles
terres du païs, & qui ont la direction
de tous les moulins à fucre,&
des lieux où fe font VArack & les
eaux de vie. Ils tiennent outre cela,
toutes fortes de boutiques j font
lacuifme, 6c vendent des liqueurs:
auiîî, leurs maifons font-elles toujoursrempliesdegensdemer.
L'eau
de vie de grain y étant à grand marché,
il s'y en confume unequanti-
Vaif.
fcaux.
té prodigieufe.
L.oorrss quu<e j'arrivai en cette ville,
j'y trouvaiune trentaine de vaiiTcaux
à la rade, & il y en avoit à peu près
autant quand j'en partis, fans compter
les barques du païs.
Canaux. s'y trouve rien de plus beau
que les canaux quifont bordés d'arbres,
6c fur lefquels on voitlesplus
belles maifons. Les principaux font
le Tygersgrafî, le Jorikersgragt, le
Kaeimansgragt & le Rhmocerosgragt,
& celui que forme la grande |
riviere. Les autres font moins con-1
Rues, fiderables. Les plus grandes rues '
font, celles du Prince, des Seigneurs i
Eglifes. &• de Newport. Il y a 3. Eglifes,!
la Hollandoife i la Portugaife &c cel. j
le des Malayes , où l'on prêche en !
Miniftrcs. ces langaes-là. Elles fontdeiTervies
par5.Miniftres HoUandois, ^.Portugais
y Se 2. Malayes. Il y a plulîeurs
autres Miniííres , qu'on envoyé
de côté & d'autre dans les lieux
où il y a des comptoirs ou bureaux
HoUandois,
On trouve un grand nombre d'é- i^oé.
trangers en cette ville, entre lefquels 31. Juiii.>
il y en a qui s'habillent d'une ma-^^JÎ^™^
niere toute particulière, & d'autres res.
qui vont prefquenuds. Les Chinois^ Habits
qui font ceux qui y abondent leJ^.j'-'^
plus, y font couverts d'une efpece
de chemife, fous laquelle ilsontune
culotte étroite, qui leur dcfcend
jufqu'aux pieds. 11 y en a qui ont
les manches de leurs chemifes fort
larges, &• d'autres fort étroites &
boutonnées au poignet. Aurefteils
vont pieds nuds avec des pantoufles
, & portent leurs cheveux retrouiTés,
autour d'une aiguille,audeiTus
de la tête , comme les femmes,
& vont toujours tête nuëjun
évantail à la main. Leurs femmes
font habillées à la maniéré du pa'is.
Il s'y trouveauili beaucoup de*A/e-'Mixtief
tifs y c'eft-à-dire , de gens defcen-^"-
dus de Mores 6c d'Europeans. Les
/<'i^/>//cjapprochent davantagedes
! Europeans ou des blancs, & il s'y en
I trouve d'une troifième forte, appel-
I lez Poejiietfesy dont le teint nedif-
. fere guere du nôtre. Ils parlent un
' Portugais corrompu, & prétendent
que c'eft leur langue naturelle. Il
ne s'en trouve guere qui nefachenc
aulli le HoUandois, Se ils entendent
prefque tous la langue du païs. Leur
habillement eft femblable à celui
dont on a fait la defcription, en parlant
de l'Ile de Ceilon. Les autres
étrangers que l'on trouve à Bataviay
font Mahjfares, Bougis, Baiters,
MalaiesyMoreSy d'Amhmn ou
de Ternate.
Quant aux provifions, la viande Provin'y
eft pas des meilleures, & fur tout
le boeuf, qui eft fort maigre; & il
n'y a de mouton, que ce qu'on en
fait venir d'ailleurs. Déplus, les
vaches qui s'y trouvent j donnent fi
peu de lait, que cela eft furprenant.
II y a en échange beaucoup de petit
gibier dans lesbois, maison n'en
confume guere, quoi qu'on l'apporte
au marché. Les poulets font ceViandesi
qu'on y mange le plus; On les apporte
de la côte de Java avec des
canards fie des oyes > & quelquefois
des daims & des élans. Les bois
d'alentour font remplis de fanglier&s,
1 !
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