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V O Y A G E S
I/OI.
13.Sept.
Tentes
des Samoiedes.
Puanteur
de ces
gens-là.
Repréfentation
d'tine Sa.
moiede.
Propreté
de fon
habülcmcnt.
Portrait
dun Samoiede.
On en trouvera la reprefentation
au Num. 5.
Le trdjléme ,je retournai voir les
Samoiedes, & y delîinai une de leurs
rentes en dedans j après l'avoir ouverte
des deux côtés pour la mieux
confiderer. J'étois accompagné d'un
de mes amis, &:avois trois femmes
à côté de moi, dont j'en obligeai une
à tenir le berceau à mon gré, en
préfence de Ion mari, comme on le
voit au Num. 6.
Ces tentes font ordinairement
remplies de peaux de Rennes, qui
leur fervent de lieges & de lits. Cela
joint à leur maniere d'apprêter
leurs viandes, qui font le plus fouvent
toutes mortifiées, caufe une
puanteur infupportable. Mon ami,
qu Ì étoit ailis à côté de moi, pendant
que je deflinois l'enfant & le berceau
, s'en trouva tellement incommodé,
que le fang lui en fortit du
nez, & qu'il ftit obligé de fortir de
la tente , bien que nous nous fuflions
précautionnez à cet égard, en
prenant de l'eau de vie & du tabac.
On n'en doit cependant pas être
furpris, puis que ces gens-là ont euxmêmes
une odeur très-désagréable,
q^ue j'attribue en partie, à leur nourriture
& à leur malpropreté.
Je fortis auffi au plutôt d'un lieu
fi déplaifant, &les priai de me venir
trouver à j^rchangd , avec une
de leurs femmes, des mieux faites,
& des plus ornées à leur maniere,
pour la peindre. Ils mele promirent,
& me tinrent parole. Je la peignis,
comme on la trouve au Num. 7.
Leurs vêteniens font de peaux de
Rennes , ornés de raies blanches,
grifes & noires. Cette femme étoit
parée comme une nouvelle mariée,
& fort propre, depuis les pieds jufques
à la tête, à leur mode. Elle
tenoit continuellement les yeux attachez
fur les miens, & parut fi fatisfaite
de mon ouvrage, <^i'une autre
femme, dont elle étoit accompagnée,
en conçut delajaloufie,&
fe plaignit du refus que je fis de la
peindre auffi. Mais la premiere m'avoit
donné trop de peine pour cela,
outre que je voulois faire le portrait
de fon mari. Son habit d'hyver me
femblant le plus propre pour mon 1701.
defléin, je le priai de le mettre. Sa 13.Sept,
robe dedelfus étoitd'une feule four- Son »et«:
rure, à quoi tenoit même le bonnet
qu'il avoit fur la tête: Il laniettoit
& l'ôtoit comme une chemife, de
forte qu'on ne lui voyoitquelevifage,
fes gans, qui étoient de la même
fourrure , étant attachez à
cette robe. Auffi l'auroit-on plutôt
pris pour un ours que pour un
homme, s'il n'eût eu le vifage découvert.
Ses bottines étoient attachées
au dellbus du genou. Mais
cet habit étoit fi chaud, auffi bien
que le poile de ma chambre, qu'il
fat obligé de l'ôter plufieurs fois,
& de fortir, pour prendre de l'air.
Il eft reprefenté .au Num. 8. te-Nourrinant
un boyau à la main, pour mon- '"^''o"'
trer qu'ils s'en nourrifient. On en "
voit plufieurs autres à côté de lui,
avec une tête de cheval écorchée.
C'eft parce qu'on lui avoir fait préfent,
ce jour-l.à, d'un chev.al mourant,
qu'il avoit fait tranfporter
chez l u i , avec une joye inexprimable,
dans le bois, où il lui coupa la
gorge, le fit écorcher, & m'en envoya
la tête pour la peindre. Il ne
le fit pourtant qu'à regret, ces têteslà
étant auffi eftimées parmi eux,
que celles de veau le font parmi
nous. Ce cheval avoit prèsde 30.
ans, & ne laiflbit pas d'être aifez
gras. Il en parloir auffi avec autant
de plaifir, qu'on parle d'un boeuf
en notre païs. Je peignis en même
temsun de fes Rennes, & mis à fes
piedsfon arc & fes fléchés, dont les
pointes fortent du carquois, à la maniéré
du pais. Ils le portent fur le
dos, attaché à une bou^cle & une
courroie, qui leur paife par defflis
l'épaule gauche , & vient tomber
par devant. On voit à côté de lui
la nourriture de ces Rennes, qui eft
de la mouiTe blanche 3 dont on aura
lieu de parler dans lafuite. Jedeffinai
fa tête en particulier , plus
grofl'e cjue le reiie, pour en marquer
mieux tous les traits.
Comme j'étois logé dans une fale
bafie, j 'y fis entrer le Samoiede en
traîneau , avec fes Rennes, & en fis
le deifein , pour montrer de quelle
ma-
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