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I ^ clievres dans cette plai-
5. Nov. ne , qui a plus de deux lieues de
large, & s'ecend en long à perte de
vue. Elle eft aufli remplie de vil-
" lages, rn'ais elle eft fouyent inondée
en hyver.
Officiers
du Roi
volet.
On avoir volé & dépouillé, quelques
jours auparavant , des officiers
du Roi, au pont dontonvient
de parler, lefquels y avoient été envoyez
pour recueillir les deniers de
fa Majefté , dont ils avoient déjà
reçu 33000. livres qu'on leur prit.
Ces vols font fort frequens en ces
quartiers-là, & fe commettent par
des rebelles qui vivent fous des tentes
dans cettcplaine,8.'quivont5o.
ou 60. & même jufques à 100. de
compagnie -, & cependant la foibleife
du Gouvernement eft telle,
qu'on les laiiTe voler impunément
fans fonger à en arrêter le cours.
La pluie nous furprit ce jourl
à , & continua toute la nuit, accompagnée
de tonnerre , d'éclairs
ëz de grêle , jufques à onze heures
du matin, que le tems. commença
à s'éclaircir. Nous voulûmes
en profiter, mais il récommença
à pleuvoir avant que nous fuflions
au bout du village , & , avec
tant de violence , que nous fûmes
obligez de nous remettre à couvert.
Le huitième jour du mois nous nous
remîmes en chemin à la pointe du
jour,par un très-beau tems, & trouvâmes
tout le terrain couvert d'eau
en deçà du pont, ce qui nous obligea
d'aller pas à pas, fans quoi nos
coureurs n'auroient pu nous fuivre
tant le chemin étoit gliffant. Nous
ne laiffàmes pas d'arriver furies 11.
heures au bourg de Mier-chas-koen,
qui n'eft guère éloigné des ruines
de Perfepolîs, & nous allâmes defcendre
chez le bourguemaitre, auquel
JVTr. Bakker eut la bonté de me
recommander , de la part de Mr
Kajielein , que j'y devois attendre.
Ce bourguemaitre me fit mille honnetetez,
& me donna un de fes gens
pour me conduire au Caravanferai 1704.
du lieu , & m'y procurer un bon S. Nov.
logement. Je n'y fus pas plutôt
arrivé , que l'impatience me prit
d'aller jetter les yeux furlesfanieufes
ruines, qui en font proches, &:
m'y fis accompagner par un habitant
que je pris à monfervice pour
me fervir de guide ; mais je n'ofu
m'y arrêter , à caufe que mon ami
étoit preilé de s'en retourner à Zaergoen,
011 il avoit laiffé fesdomefti.
ques & fes marchandifes, à la referve
d'un valet & de deux coureurs,
dont il s'étoit fait .accompagner, &
d'oLi il devoir s'avancer la nuit fuivante
vers Zjie-rms. J'avois laiffé
mon bagage avec le lien , & ne
m'étois chargé que des choies dont
[je ne pouvois mepaifer,raiantprié
jdelelaiffer à Zjie-racs, où je devois
i me rendre pour aller à Gamren, Se
delà à Batavia, par la premiere occafion,
avec iVIr. Kajielein. J e reliai
feul après le depart de mon ami,
avec lequel j'avois vécu dans une
intelligence parfaite à Ifpahan , &
pendant notre voyage , & ne fongeai
plus qu'à fatisfaire macuriofi-
Sé, & le defir que j'avois depuis
long-tems de voir les fameufes ruines
de Perfepôlis.
En attendant, je croi qu'ilnefera
pas hors de propos de dire un
mot desprincipauxpontsquiyconduifent.
Le premier, dont j'ai dé.
ja parlé , fe nomme Pol Jefiiejoen,
d'après un village qui n'en eft pas
éloigné. Le 2, qui eft le dernier
que nous traverfâmes , Pol Chanje
d'après le Cham qui l'a fait bâtir.
Le 3. qui eft entre ces deux-là Pol
Nûof, ou le nouveau pont. Le 4 ,
qui en eft éloigné de quelques lieues
au inàyPolBendemir y d'après la riviere
de ce nom , qu'on m'a affuré
qui vient du nord des montagnes,
& va fe décharger au fud dans la
mer falée, ou de Derja-nemeck
eft à 12. Ueuès de Perfepôlis, &• à
4. ou 5. de Zjie-raes.
1704.
9, Nov.
DE C O R N E I L L E LE B R U N .
C h a p i t r e LU.
Defcriptm des nùnes de l'ancienne Perfepôlis. Situation i
Naxi-Ruftan.
261
1704.
• 9. Nor.
Ruines de T E commençai le K«™èi»i de ce
PeiVepo. J mois, à vifiter les fuperbes mazures
, qu'on appelle les ruines de
Perfepôlis,les plus fameufes de tout
l'Orient , afin d'en donner au public
une relation la plus exafte, Sila
plus circonftanciée qu'il me leroit
pofflble. La fituation en eft
charmante dans une belle plaine, qui
a deux bonnes Ueuës de large du
fud-oueft au nord-eft ; à compter
du pont de Pol Chanje , fur la riviere
de Beniemtr , au delà de laquelle,
elle a encorebien trois lieues
d'étendue jufques aux montagnes,
& près de 40. de long du nordoueft
au fud-eft. Elle s'appelle vulgairement
Mar-dasjo , & l'on prétend
qu'elle contient 880. villages,
& plus de 1500, à douze lieues à la
ronde de ces anciennes ruines , en
dire, les quarante colomnes¡eUCitué
à l'ouëft , au pied de la montagne
de Kulirag-met, ou de compaflion,
anciennement nommée la montagne
Royale, qui eft toute de roche vive.
Ce fuperbe bâtiment a encore
toutes fes murailles de trois cotez,
& la montagne à l'eft. La façade
en a 600. pas'de large du nord
au fud, & 390. de l'ouëft à l'eft ,
jufques au rocher, fans aucun
efcalier de ce côté-là , jufques à
la montagne > où l'on monte entre
quelques rochers détâchez , à
l'endroit où la muraille eft la plus
baffe , & n'a que l8. pieds 7.
pouces de haut, ôc moins en quelques
endroits. Cette courtine a
410. pas de long au nord, & 21.
pied de haut en quelques endroits $
& 30. pas de plus jufques à la
comptant^ux qui font dans les ; montagn'e , où il y a encore un
moZones , entre lefquels il s'en| coin de muraille, & au milieu une
» „„„il hMMx entrée, par ou l'on monte jufques
haut, entre des pieces détachées
J 1 U
trouve, qui font remplis de beaux
jardins , à l'ombre de plufieurs arbres.
La meilleure partie de cette
plaine eft couverte d'eau en hyver,
chofe avantageufe pour le ris , qui
y croît en ce tems-là. Prefquetout
le terrain de cette belle plaine eft
labouré , & arrofé de plufieurs petites
rivieres , qui la rendent trèsfertile.
Elle abonde auffl en toutes
forces d'oifeaux, & particulièrement
en liruès, cicognes, canards & herons
de plufieurs fortes; en perdrix,
becaffines, cailles, pigeons, éperviers,
& fur tout en corneilles, dont
toute la Perfe eft remplie.^ Il s'y
trouve de plus une quantité prodigieufe
de petits oifeaux, qui vien.
nent des montagnes, dont cette plai
du rocher. On trouve auflî devant
le coin du côté occidental plufieurs
rochers, qui s'élevent au nord jufques
au haut de la muraille, & s'étendent
80. pas à l'eft, comme une
montagne ou platte-forme devant
ce mur, à l'endroit où l'on monte.
Il femble qu'il y ait eu autrefois un
efcalier en ce lieu-là, & quelques
bâtimens au delà de cette courtine,
ces rochers étant fort polis de plufieurs
côtez. On trouve fur le haut
de cet édifice, une platte-forme de
400. pas, qui s'étend du milieu du
mur de la façade jufques à la montagne;
& le long de ce mur, des trois
côtés, un pavé de deux pierresjointes
enfemble, qui rempliffent un ef-
Ancien L'ancien Palais des Rois dePw'-- pace de huit pi•e d's d"e •a rge une
S e s G , communément nommé la M«/- partiedeces pierres ont 8, 9, & 10
S"" ronde Darius, & par les habitans pieds de b n g , fur 6. pieds delar-
Peife. ion ac c'eft-à-| ge; mais les autres font plus petites,
Chelmemr, ouChtUmnar, L 1 3 L' e•