34 V O Y A G E S
1701. dois On s y divertit fi bien, que | caiifé beaucoup de mal: Que la plû- ,70,
.9. AviacePrinceyreftajuIquesàonzelieu- 'part des maifons , iitiiéra prèÎ du 3 Mai!"
res du ioir, & les autres juiques à .Fort du Nouveau Dwinko avoient
deux heures après minuit. été fubmergées .• Qi,e la charpente
Le dix-neavieme je reçus ordre de [ des chantiers de & Majefté en avoit
faire porter au Palais de l'Impera- i été emportée: Qii'unvaiffeau, qui
tnce les portraits des Princeffes, ; etoit fur un chantier, en a v o i t lé
qui etoient achevez, afin qu'elle les , tourné fans deffus delTous- Que quel- '
vit. J^ m'y rendis avec le beau-fre-1 ques bàtimens,qui mouilbient de-
•!ï li
re du Prince Alexandre. Cette Prio'
ceiTe étant indifpofée &: même couchée,
je fis mettre les portraits devant
fon lit. Elle en parut fitisfaite,
me remercia, & me fit préfent
d'une bourfe d'or , de fa propre
main, qu'elle me fit l'honneur de
me donner à baifer. Enfuite, elle
me denianda, fi je refterois encore
affez de tems pour peindre une fécondé
fois les Princeifes ; à quoi
aiant repondu, une des Princeifes
nous donna de l'eau de vie dans une
petite talfe de vermeil, puis un verre
de vin, après lequel nous nous retirâmes.
Je fisporterdelà, lesportraits
au palais du Prince Alexandre,
où je les mis en rouleau, pour
les faire tranfporter ailleurs. Le
Czar partit la même nuit pour fe
rendre à ^«¿/¡»¿^cZ,accompagné du
Prince Alexandre ; du Patriarche
Mekite Moyfewitz Sotof , G a r d e du
grand Seau ; du premier Miniftre
d ' E t a t le C o m t e Fedder Akxermtz
Collowin-, du fieur Gabriel Gollofkiem,
du Knees, G r e g o i r e Gregoie-
•Witz Rofiodanofskie, Bojar ; d u Knees,
jtierje Juerjewitz Froethetskoy , &
du Stolnkk, qui fert fa Majefté à
table.
On !iM. . Cependant, on préparoit toutes
ctamSs neceifaires pour nettoier
les chemins de \iSlabode,iq\ioion
commença à travailler le vingî-Jïxième.
On fit premièrement ranger la
boue le long des maifons, pour la
faire emporter, après avoir choifi
deux Allemands , pour en être les
direfteurs. Ils s'en acquiterent fi
bien, qu'à la fin de l i femaine,les
rués furent en fi bon état,qu'on commença
d'y marcher.
L e troifiemeMai,onuççntà'Archangel
que le degel y avoit fait déborder
la riviere, d'une maniéré toute
extraordinaire, ôc que cela avoit
Débordé
ment
d'eau.
vant la ville , avoient été pouffes
contre le pont du Palais des marchands
: Enfin, que l'eau étoit montée
jufques dans quelques-uns des
jardins de la ville,
Le lendemain on commença à emporter
la boue de la Slabode , chacun
aiant la liberté de le faire àfes
dépens, & de la tranfporter dans fon
jardin pour le rehauffer, ou par tout
ailleurs,oilonlejugeroit à propos.
Et pour avancer d'autant plus cet
ouvrage, les marchands Allemands
s'affemblérent à Miôtel des feigneurs,
belle maifon , bien fituée avec un
beau jardin. Ils y choifirent deux
autres Infpefteurs , qu'ils joignirent
aux premiers , pour travail.
1er de concert avec eux à le perfeftionner.
Ce choix fe fit à la pluralité
des voix, chacun écrivant le
nom de celui auquel il donnoitfon
fuffrage fur un petit billet. On
joignit à ceux-ci, huit autres perfonnes,
pour leur fervir d'aififtans,
& on leur donna une autorité fuffifante.
Le neuvième , jour de la St. Nicolas
, nous reçûmes des lettres de
Hollande du 28 du mois paifé,avec
la trille nouvelle de la mort de fa
M a j e f t é Britannique, Guillaume III.
de glorieufe mémoire , qui n'avoit
été malade que quatre jours. Cette
nouvelle caufa une grande confternation,
parmi les étrangers , &:
particulièrement, parmi nos compatriotes,
qui eonnoiifoient mieux
que perfonne le mérité de ce Prince
, & qui en prirent le deuil pour
é fémaines.
Le diX-neuvieme nous en reçûmes
d'autres , qui nous apprirent
qu'il y avoit eu ime grande inondation
en Hollande, ofii avoit fubmergé
plufieurs villages , fait périr
beaucoup de monde. Elles ajoûtoient,
D E C O R N E I L L E L E B R U N.
1702; toient, que les Alliez avoient em-
M. Mai. p o f K e j f e r s w a e r t .
Fftc en Le vingt-unième , on célébra la
d'e™""" àeWolla-diemerskai Bogarodief-
Vierge fa, ville OÙ l'on prétend qu'aparût
Marie, autrefois la Vierge Marie , chofe
dont on célèbre la memoire dansune
des églifes de cette ville. Cela fe
fait toûjours le jeudi avant la Pente-
Cûte, qu'on nomme Seemick. Qiielques
ecclefiaftiques fe rendent ce
jour-là, dès le matin, à une foffe ou
puits, où l'on jette ceux, que l'on
trouve affaffinez dans les grands chemins
ou ailleurs ; ceux qui font
executez par ordre de la juftice. Ces
puits dont il y en a 3 ou 4 aux environs
de Me/cou, fe rempliflent de ter-
3Î
re tous les ans, & on en creufe d'au- 1702:
très C'eft ce qui s'étoit fait la Mai.
veille. On enterra ce jour-là, la mere
de rimperatrice , morte le jour
precedent, parce qu'on ne laiffeguère
ici les morts hors de terre; chofe
dont on parlera plus amplement
en fon lieu. Cet enterrétnent fe fit
fans aucunè cérémonie. Le feu prit
le mémejour, au matin, à Mo/cou, Se
ne fut éteint que fur les dix heures.
Il prit le 3. de Juin , à un village
qui n'en eft pas éloigné , & le 14.
pour la troifième fois à Mofcoii. Il
partit quelques marchands, en ce
tems-Iâ, poiir fe rendre à Archan-
ITOI
C h a p i t r e VIII.
Defcrjption desproàiBions de la tcm-, des fruits-, des maiions
de campagne, des viviers & autres chofis , auxquelles les
KuSitas prennent {laijir. Hermites Rulïïens prifimÎiers
J'Allois cependant me divertir
quelquefois à la campagne,
avec mes amis. Me promenant un
jour dans les bois, au mois de Juillet,
j 'y trouvai de certaines grofeileroMes
"o™®® Coflenitfa , lef-
• quelles ont une petite aigreur affez
agréable. Les perfonnes de confideration
les mangent avec du miel
ou du fucre, comme nous mangeons
les fraifes. Ils en font auffiimeforte
de limonade, & une liqueur rafraichiffante
qu'on preferir aux malades.
Les bois des environs de Afo/l
cou font remplis de ce fruit, qui
croît à l'ombre fous les arbres par
t o u t e l a Ruße. Ce m o t d e Coflenitfa,
fignifie une grofeillepierreu.
fe , & elle en a effeftivement une.
Chaque queue en produit 3 ou 4
autres plus petites, où pendent ces
grofeilles par vingtaines , comme
on le voit à la lettre A. Les feuilles
en font vertes hyver & été & elles
meuriffent au mois de Juillet,
Il s'en trouve auffi d'une autre forte,
nommées Brufnitfa, plus grof.
fes que les premieres , & dontcha.'
que grain a une queue particulière,
comme lesgrofeiUes en notre pais
qui croiffent l o ou 30 à unegrape.
Celles-ci ne s'élevent pas plus d'un
empan au-deffus de la terre , &les
autres la moitié plus haut. On en
apporte tous les ans une grande
quantité à Af^«», où les étrangers
& les RuJJlens en font bonne provifion.
Ces derniers en mettent dans
des tonneaux, qu'ils rempliffent
d eau froide, &rrylaiffent tout Té.
te; enfuite, ils la tirent Scelleleur
fert de boiffon: Elle eft fortrafraichiffante&
affez agréable, fur tout
qiiand on y met du fucre ou du
miel. On en mange les grofeilles
de même pour fe rafraîchir. Les
Allemands les preffent & en tirent
le fuc qu'ils font bouillir avec du
miel & du fucre .à une certaine épaif.
feur, & en mangent avec leur rôti,
auquel cela donne un goût admirable.
Ils en confervent auffi dans de
petits tonneaux, & y mêlent du jus
d'autres grofeilles preiTées, liqueur
E i dont