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V O Y A G E S
_ ge à la ligne , nrec p
ÎA'oût.loWats. La riviere av
de nos me ils vont les piedsnuds,&qu'ils 1707.
demi les ont fort petits, ils les mefu-18. Aolt
d r o i t , & roient contre les miens , de même
lieuës de- que leurs jambes qui font des plus
lieue de large en cet
pas plus d'un quart à
l à ; où nous apprîmes qu'une autre
barque avoit auffi fait naufrage.
Elle etoit ornée de pavillons & de
banderolles, & appartenòit à un
bourguemaître à'JJtimn. La nôtre
en avoit de femblables, & deux
petites'pieces de canon,avec beaucoup
d'armes'à feu, des arcs&des
ileches ; outre qu'elle étoit fort
commode. Comme on a déjà futftfamment
parle de cette riviere, il
feroit inutile d'y rien ajouter J'.ob.
ferverai feulement qu'on ert le plu:
fouvent obligé d'aller à la lig
irtes. Leurs femmes font aulli
alfez petites & potelées comme les
hommes. Je fus oblige de me découvrir
l'eltomac pJut fatisfiire
leur curiofité; & leur aiant enfuite
témoigne que je fouliaitois de voir
le leur, elles fe mirent à rire, &ne
firent aucune difiicuké de me donner
cette fetisfaaion. Ces gens-L
là n'ont pour tout habillement qu' u- W
ne efpeee de jupe de peau de mouton,
qu'ils changent félon la faifon,
& ont le refte du corps «nud
en été. La plupart des jeunes ga;
la remontant, à moins que le vent
ne foit très-favorable , le cours en
étant violent. On eft même réduit
à la necelUté de mouiller l'ancre
lorfque le vent eft rude & contraire,
& on voit de tems en tems des
ckmuques fur le rivage.
Le vingt-huitÎeme nous paffames
à côté d'un corps de garde , iitue
fur une pointe de la riviere, à droit
e , où il y a un canal, par lequel
le IVolga fe va jetter dans la mer
Carfttnm. On tient auffi une garde,
lur une barque , au milieu de
cette riviere, fur tout pendant la
n u i t , pour vilîter les vaiffeaux qui
paffent. Nous vîmes plufieurs Cdmnqnes
le long du rivage péchant
à la ligne, & nous leur jettâmes
dans l'eau, du pain qu ils allèrent
prendre à la nage. Il y avoit des
chameaux à 2. boffes autour d'eux.
Ce quartier-là eft rempli de forteurs
d'eait, oifeau dont on vient de
faire la defcrip
les fer
d:
: même ti
treffi
I l s '
nt qui porten
ecamifole&i
ife. Ils ont to
ds, &c
z aulli-bien que
m trouve cepenin
certain bonnet,
ralleçonfans chele
vifage plat &
aUi< ujo
large; les joues enflées, & les yeux
longs. Ils me demandèrent du ta-
Ibac, qu'ils fe mettent dans le nez
& qu'ils mâchent, tant hommes que
femmes. . - '
Nous continuâmes le refte de notre
voyage à l'eft delà riviere, pour
éviter les Tartares, qui fe tiennent
de l'autre côté, & qui font grands
voleurs. Nous rencontrions fouvent
des barques, & étions de tems
en tems obligez de traverfer de petits
golfes, où l'on trouve des pêcheurs
&• de bon poiiTon.
Le deiixsime Seftemhre nous
mouillâmes proche du lieu, où demeure
le chef ou Gouverneur des
CdmimeSyqm avoit nouvellement
fait palfer un parti de 80. hommes
de l'autre côté de la riviere pour
donner la chafl"e aux Tartans , tjui
luiavoient enlevé depuis peu un
grand nombre de chevaux & plu-
'1 lieurs de fes Sujets
Calm
Íjues.
n. Comme nou;
la ligne, on allait
tantôt d'un côté de la rivière^
& tantôt de l'autre, pour éviter le!
Tartans qu'on trouva en ce quai
pa. le b o n W ^ l e ^ . ^ . ..
le Wolga, & étant allez à terre nous, trer. On nous avertit a u l h q i e
y trotfvàmes plufieurs no!s fiÎtenir
« n t hommes que femmes, qui nej Cofaqms & cela nous fit tenir ii
fe laffer de regarder mon | nos^g.des^^^ .pp„ehàmesde
poui
habillement, & de le ma
1 leurparoiiroitextraordinaire,n'en!r2t»(-4»', & reftâmes en deçà , l e j
l i a n t jamais vû de femblable. Corn-1 vent étant conttaire & viO"
D E C O R N E I L L E LE B R U N . 41Î
. - g . lent. Nous y envoyâmes cepenj.
Sept. dant chercher desprovifions. lls'éle\'
a une groITe tempête pendant la
n u i t , & notre cable fila, de maniere
que le cours de la riviere
nous fit reculer eonfiderablement,
avant qu'on pût attacher la barque
fur le rivage avec de gros cordages.
Enluite, chacun fe mit à dormir,
mais je ne pus fermer l'oeuil,
aiant encore l'idée remplie de notre
naufrage.
J'avois accoutumé de donner tous
les jours un verre d'eau de vie à
• chacun des matelots, dont Monfr.
l'Ambaffadeur me fît faire des reproches
par fon Interprete, en di-j
iant que c'étoient des canailles, qui
ne le meritoient pas. Je repondis
que j'en avois fait proyilion pour
cela ; qu'on pourroit avoir befoin
d'eux , & que je favois par exper
rience qu'on ne gagnoit rien avec
ces gens-là que par la douceur, &
qu'il falloir faire de neceffité vertu.
Lors que nous approchâmes de
la ville , nous fîmes une falve de
nos armes â f e u , & y vîmes un grand
nombre de vaiffeaux.
Nous continuâmes notre voyage
deux jours après , par un fi grand
froid qu'il fallut fe couvrir de fourutes,
chofefort extraordinaire en
cette faifon. Comme les Rujjims
font medians matelots nous "donnions
fouvent contre terre, Scnous
perdîmes une ancre par leur negligence.
On n'obferve aucun ordre
parmi eux, fîc le moindre foldat a
. autant à dire que le Pilote, ce qui
me faifoit defefperer , & de voir
qu'il falloir tous les jours appeller
10. ou II. fois les matelots pour les
faire lever ; outre que je trouvois
le plus fouvent les fentinelles endormies
, & qu'on avoit mille peines
à faire travailler à la maneuvrelors
qu'il faifoit mauvais tems. Ausfi
rendois-je graces à Dieu tous les
jours de nous avoir confervez pendant
la nuit, & fur tout contre les
corGiires.
Arrivée Ì Le feizième nous arrivâmes â la
zmifi. ville de Zmtfa, où il y a une Eglife
de pierre blanche, nouvellement
bâtie, auffl bien que la ville.
qui avoit été réduite en cendres 1707.
l'année precedente, & dont tousles •<!. Sept,
bâtimens n'étoient pas encore achevez.
Nous reliâmes deux jours
pour changer de matelots. Il y étoit
arrive la veille une barque do
Saratof, que les Cofaques RuJJienS
avoient pillée en chemin ; & doht •
l'équipage nous dit que la riviere
étoit remplie de ces pirates, qui
alloient par centaines dans de petites
barques. Je propofai fur cela à
l'Amballadeur Géorgien de demander
une efeorte au Gouverneur,laquelle
il ne refuferoit pas pourvu
qu'on lui fit un prefent, car on
n'obtient rien en ce païs-là fans argent
: Mais ce miniftre fit la fourde
oreille, bien que je lui oiïriffe
d'en payer ma part. Cependant les
patrons de , deux autres barques,
qui alloient à Jaraf»/comme nous,
nous vinrent dire qu'ils vouloienr,
nous accompagnerpourplus de fu-
' reté, en aiant obtenu la permillîon
du Gouverneur. Il en étoit déjà
parti une troifième,que nous trouvâmes
échouée j mais on la remit
à flot, & après en avoir feché les
marchandifes., elle fe joignit ânous
comme les autres.
Le dix-neuvieme nous paffâmes à
côté de deux bondes, dans iin endroit
où la riviere étoit afi^ez étroite,
& où nous avions appris qu'il
y avoit le plus de danger par rapport
aux pirates: Cela nous obligea
à nous tenir fur nos gardes pendant
la nuit, les Soldats, qui avoient
tiré la ligne fout lejour aiant
befoin de repos. Sur le matin nous
rencontrâmes une barque qui avoit
été pillée par 4. pirates, & nous
en vimes venir 3. autres, qui nous
allarmérent; mais lors qu'elles furent
à portée nous trouvâmes que
c'étoient des barques de Saratof Se
de Cafan , qui tranfportoient des
Soldats à Aftracan. Nous traverfâmes
enfuite uri petit golfe,qui fervoit
de retraite aux pirates ¡ce qui
nous obligea de nous renir encore '
toute la nuit fur nos gardes, enfuite
dequoi nous continuâmes notre
route, à la ligne, comme auparavant.
Peu après nous donnâmes
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