DË C O R Ñ É I L L E LE
I If
1703.
14. Mai,
Montagne
de
Gorofo- ^onoSRiviere
d e D o e -
liulte.
rent en terre > & jettérenr chàcLin
line poignée de fable ñir lui, en faifant
le ligne de la croix , & quelqiLes
autres ceremonies. Enfin on
remplit la folle de terre & de pierres
3 & puis on mit près de fa tête
une grande croix de bois , & trois
petites en travers l'une fur l'autre ;
puis on jetta de groffes pierres fur
la foffe, &: de la poudre à canon à
l'entour ; fans oublier un cierge à
la tête. Ces cérémonies étant finies,
ils baiférent l'un après l'autre la
pierre la plus élevée , & brûlèrent
l'encens qui ètoit deffus ; ' Ils mirent
le feu à la poudre , & puis donnèrent
un petit verre d'eau de vie à
chacun des affiftans. Tous ceux
de notre barque fe trouvèrent à cette
céremonie, & plufieurs ne purent
s'empêcher de mêler leurs larmes
à celles des Armmtms elle
fut lugubre, Sr pour nn homme
que nous avions vû en parfaite fanté
quelques heures auparavant. Il
fe nommoit Pierre Archangel, & étoit
habitant à'Iffahm, où fa femme
& fes enfans l'attendoient avec impatience.
Cette montagne, qui eft feparée
des autres, ètoit environnée de chênes,
de faules & d'aunes, & avoit même
par-ci par-là des rofiers boutonnez.
Si la terre eût été moins feche,
nous y aurions trouvé afl'urèment
des fleurs & des herbes. Nous
ne pûmes cependant , defcendre
dans les vallées à caufe des eaux.
Cette montagne fe nomme Gorofo-
•skie,k eft 2.6. werjles d e j a -
On en peut voir la fituation
au num. 29. Nous eûmes enfnite
plufieurs vues les plus agréables du
monde. Le feizieme nous revîmes
des montagnes efcarpèes, éboulées
en plufieurs endroits, fort fiblonneufes,
& remplies de nids d'hirondelles
, lefquelles on en voioit fortir
, fit y rentrer à tous momens.
La riviere y eft audi remplie d'illesj
& nousapperçûmes de loinlamontagne
d'or, qu'ils appellent Soloftogorii
quelques autres plus couvertes
de verdure & d'arbres , &
entre deux la petite riviere de ¿oezinke,
qui coule vers le nord-oueft.
B R - U N . 87
à 25. mrjles de Sarotgamis. Enfui- 170,.
te nous trouvâmes un bois devant 14. Mii!
les montagnes, en partie dans l'eau,
0Ì1 deux barques avoient été jettées
par la tempête, lorfque la riviere
ètoit la plus enflée, & y ètoient
encore toutes entieres. Nous y vîmes
auflî des cabanes de pêcheurs,
& fur le foir nous paffâmes à côté •
de Saroegamis', ville qu'on avoit viiie de
commencé à bâtir depuis 4. ans, Saroega-
& qui ètoit déjà fort avancée, affez
grande & ceinte d'une muraille
de terre, à laquelle on travailloit
fans relâche. Il y ètoit déjà venu
habiter près de 4000. familles de
Mofcou. La montagne fur laquelle
elle eft bâtie, eft élevée du côté de
la riviere, efcarpée & fort remplie
de rochers. On trouve à gauche,
au defl'ous de la ville, la riviere de
Kamnfihinkacoulevers l'oueft. Riviere
On dit qu'elle a fa fource dans le
canal Lioba , qui tombe dans le
Don lequel fe décharge dans la mer
de Zabachc & fepare VEurope de
VAfie. Les Cofaques, qui habiteni;
les rivages duDon, fe rendoient, à
ce qu'on prétend , en bâteau, de
cette riviere dans le TVolga, & commettoient
de grands defordres en
ce quarticr-là, quoi qu'on y envoyât
fouvent des gens de guerre
pour reprimer leur infolence : Mais
cela n'étant pas fufifant pour en venir
à bout, on a fait bâtir cette ville
pour les tenir en bride. On y
travailloit auffi à un fort , ceint
d'une muraille de terre, de l'autre
côté du Kanmfihinka ; m-iis cet ouvrage
n'avançoit guere, les travailleurs
n'y pouvant fublifter à caufe
du mauvais air. Sans cela, le Czar
y auroit fait creufer un canal pour
aller dans la mer noire. J'allai voir
cet ouvrage , & on me dit qu'on
avoit eu deflèin de bâtir la ville à
l'endroit où ce fort ètoit commencé;
mais qu'on ne l'avoit pas fait
parce que l'air y ètoit trop mal fain.
On avoit auflî rèfolu d'y faire une
digue d'une montagne à l'autre pour
arrêter le cours du Kamwfchinka &
l'empêcher de donner dans ¡Volga;
mais il fallut abandonner cet
ouvrage, les portes des èclufes ne
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