ccffif.
141 V O Y A G ES
d'impofitions. Le climat du cap
glacé, que lesMofrovites nomment
S'UJetomos ou le Cap facré , eil: exceilîvement
enterre!
fes pare
blable s
dont le;
: k l
IS i co
froid; & il y geleavec
tant de violence que les glaçons de
la mer , poulTez par les vents , y
forment de hautes montagnes, qui
Monta- PiToiffent folides. Le même vent
gnesde ne laiife pas de les ébranler quelquefois
, & d'en faire tomber une
partie, qui fe rejoignent à d'autres
par le mouvement de lamer, & en
forment de nouvelles. Il arrive
même que cette mer demeure 2. ou
3. années de fuite gelée de cette maniere,
dont on eut un exemple fameux
depuis l'année 1694, jufques
en l'an 1697.
LaLcM, La grande riviere de Lina
& la ville a fa fource au fud - cuëft prol
l m L '^he du lac àe Baikal, où la J>-
" bene fe fepare de la Dmne. On
trouve fur cette riviere la ville
de Jakutskoi, d'où il va en été des
barques, pour fe rendre le long des
côtes, &par les ouvertures du Cap
à S abat zia, à Anadieskoi & à Kamfatka
, pour y prendre du Narwal
Se de l'huile de baleine. Les Tartar
es de ces quartiers-là fe ferven
pour cela de petites barques de cuir
d'une legereté extraordinaire. Les
peuples qui habitent aux environs
de Jakutskoi & de la riviere ¿•Amga
font Jakutes, & s'habillent d'une
maniere toute particulière. Leurs
jufte-au-corps font faits à peu près à
VJUemande, & de fourures de toutes
fortes de couleurs coufués enfemble,
avec une bordure blanche
doigts, de poil de biche ;
iverts par derriere & par
; mais ils ne portent pas de
Ils ont les cheveux longs,
l y a u n Dieu au ciel
; la v i e , la nourritu-
1695.
Earqi
de CL
& f o n
les côteî
chemife.
: .& croyent qu
qui leur donn
Offrai
des.
: femme & des enfans. Au
refte ils celebrent une fois l'année
une grande fête , & lui oifrent du
Kums & de V Jrak. Ils s'abftiennent
même de boire pendant qu'elle
dure , & font de grands feux,
qu'ils arrofent continuellement de
ces liqueurs-là à l'efl:, en quoi conlifte
toute leur offrande. Lorsqu'un
d'entr'eux vient à mourir, ils font
le plus proche de
tme à peu près fein-
:elle de quelques Indiens,
femmes accompagnent le
corps fur le bûcher fatal, & s'y font
brûler avec l u i , pour n'en être pas
feparées en l'autre monde.
Leur langue eft affez femblable à Leorl.ncelle
des Tañares Mahometans-, <1111
habitent aux environs de Tobol, &
font originaires du pais de Bolear.
La Polygamie leur eil auflî permife.
Leurs principales voitures font
des cerfs, dont ils fe fervent même
pour leur monture, & avec lefquels
ils font beaucoup de chemin en peu
de tems. Ils font braves gens, ne Lrar mmanquent
pas de genie , & aiment dînation.
la vérité. Cependant, lors que le
Gouverneur de Jakutskoi, dont ils
dépendent, n'eft pas ferme & rigide
, ils commettent toutes fortes de
violences, & font des courfes continuelles;
mais lors qu'il leur tient
la bride haute , ils font obeïfîants
& tranquilles , & ne commettent
aucun defordre ; au contraire ils
l'eftiment, & feroient fâchez de le
perdre. Ils prétendent être iffus
des Mongoles & des Kalmuques , &
ont été transferez au nord
par les RtJj/^ens. Le fcorbut eft un
mal fort ordinaii
Ils s'en gueriffe
mangeant du pi
Deugti, qui eft
dron.
; parmi eux ; mais
t facilement en
•(Ton crû , & du
ne efpece degauqu'ils
Les Jttkogates,a.-a.aes Payens,qu
habitent en ce pais-là, ont unecoû
tume extraordinaire, lors qu'un d
leurs parens vient à mourir : ils lu
ôtent toute la chair jufques aux os
Sf puis en font fecher le fquelette
qu'ils ornent de coral de verre d(
toutes fortes de couleurs. Enfui,
te, ils le portent en proceffion au.
tour de leurs cabanes ,
dent les mêmes honneu
àleursIdoles. Lesriva
na font remplis de
d'autres oift
Coûlsme
dcsjokoregarf
des
morts.
& lui renneursqu'ilsfont
rivages de la Le- ULena.
dents de
:mens dece
maux-là, quifortentdes montagnes
& des terres gelées , dont elle eft
bordée ; & dont les glaces emportent
fouvent de groifes pieces. Flufieurs
belles rivieres venant du fud,
vien-
D E C O R N E I L L E
viennent fe decharger danscelle-ci. plus ;
I. Jaiiv. Les principales font le Witttm ,
VOlekma & la Maja, aux environs
defquclles on trouve de belles martes
zibelines noires, & d'au tres pelleteries
en abondance; & fur tout des
grifes, qu'on achette des Tartaresen
hyver 3. ou 4. rubels le millier. Le
païsqu'arrofe la Maja produit auffi
toutes fortes de grains, de même
que celui qui eft vers la fource de
la Lena, & principalement celui de
JVergolenskolfo & ànKirenga, qui eft
• très fertile; & d'où celui de ^«¿«fjkoi
tire tous les ans les chofes necef-
Dcpart
d'Aita
faites pour fo
donne-t-on que 10.
100. livres de feigle
eft pas plus chef à pr
l'argent y eft fort rai
La côte de la mer
na & la JnuJla , n
gable jufques à la riv
da, parce qu'elle
d e g la
len. Aufli n'y
à 12. fols de
le bétail n'y
)portion, mais
pi
Lajenientre
la Len'eft
pas navifiviere
de Tarat-
:ft toujours rém-
- ^ ..._is le pals qui eft
UTaratda & la Jem/ia eft habité
par des Samoiedes & des Tartares
Tmigufes Payens , de la maniéré
de vivre & de la croyance defquels
on a déjà parlé. Qtiant aux
bords de la Jenifia , qui a fa fource
au fud de la Tartaric , au pais
des Kalmnques & des Kirgifes , ils
font prefque tous occupés par des
Ruffiens. Trois belles rivieres s'y
viennent decharger, la Wergnaja
Tunguska Podkamenna Tunguska,
&!\iMfiiajaTunguska. Les rivages
de ces rivieres font habités par des
Tùngufes fauvages , approchant affez
des Samoiedes , hors qu'ils font
l e b r u n . 143
rands de taille & plus robuf- lii^^.
i ls f(
fairela gu<
inquiets &
Ueursvoifins. Le
. Ja!
Chane
que ces Tartares vont à la chaife des
des élans , l'arc & la fleche à la
main, qui font les feules armes
dont ils le fervent, qu'ils en ont
bleflé un, ils le fuivent à la pifte,
quelquefois huit à dix jours de fuileurs
femmes & leurs endans,
fans
d'au
fui
de
& omn
ils ne fe
«fio
, faifa
:orfet a
-ent tou
xàmefi
1 faim,
l'él
:hargenc
it fonds
e efpece
.itour du'
aesjours
te qu'ils
Enfin,
qu'ils
.ucune pro
•leur chaife, ils
fangle ou de c<
corps, qu'ilsreft-ern
d'un pouce ou de
font prefl-ez de la
lors qu'ils ont pr
pourfuivent, ils l'égorgent, & f o nt
tendre une tente legeres enfuitede
quoi, ils ne bougent de cet endroit,
qu'ils ne l'aient mangé jufques aux
os. Sur ces entrefaites, il leur arrive
quelquefois de prendre des pelleteries
qu'ils vendent dans les
lieux, qui font habitez par des R/jC
fans. Ce païs abonde en renards
blancs & bruns, & en écureuils;
mais on n'y trouve guère de martes
zibehnes. Les villes de Ta«g- Taugji
•viskoi- & de Mumrafeja font fituées'"'
près de Jenifia lU-y fait un grand
negoce par terre de tou tes fortes dé
pelleteries, de Narwal & de dents
de Mammut. On envoye même
tous les ans de ces deux villes, plufleurs
barques à l'embouchure de la
riviere , 8c fur les côtes de la mer
à la pêche du Narwal & des chiens
marins , dont ils tirent un profit
confiderable.
C h a p i t r e XXX.
Suite du Voyage de Mr. le Brun. Son depart ¡¿'Aftracan. Suite du
cours du W o l g a . Defcription de la mer Cafpienne. Situation
de Derbent. Arrivée en Peife,
• ^ ^ ^ O u s nous eemmbbaarrqquuâ mes à
Jftracan le douzième Juillet
pour continuer notre voyage , &
allâmes diner à trois wetps de la
v i l l e , à un lieu où les marchands
Arméniens nous avoient fait prepa^
rer un bon repas, & où nous nous
divertimes une heure de tems, aii
fon de plufieurs inftrumetts ; en fuite
de quoi nous primes congé de
nos»