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fil,
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150 V O Y
A G E S
un peu au delà, dans une plaine, 570;!.
à c ô t é d'un ruiffeau, à quatre lieues 19. JuiU.
d'un p e t i t lieu nommé.K<!yiriî;,oii
quelques Arabes avoient dreffé des
tentes. Il fallut envoyer chercher
des rafraichiflemens à une lieuë de
là.
^^ long Iss ailes étendues,
juiil. C'écoit un oileau de p r o y e , qu'on
y nomme Tjallagan, & qui reiTemble
aiTez à un faucon. Je tirai de
les ailes de bonnes plumes à écri-
Grand
oifeau.
Chemi
dange-
Rivier<
d'AtacfiACi,
L e tems étant toujours beau, bien
que l e vent fût allez v i o l e n t , nous
pourfuivîmes notre voyage au fudj
& paflames à c ô t é de pliilieurs cabanes
habitées par des Arabes , au
pied j fur le penchant , ôc fur le
haut des montagnes. On en rencontre
en grand nombre , avec leurs
femmes, leurs enfans & leur bétail.
. C e quartier-là eft rempli de voleurs,
& cela oblige les voyageurs à fe te •
nir fur leurs gardes fans fe laiifer furprendre
au fonimeli. Isfous tirions
auili de tems en tems quelques coups
de fufil pour faire connoitre que
nous étions fur les nôtres. Un de
ces voleurs ne laiifa pas de s'approcher
pour nous reconnoitre , mais
f a témérité fut recompenfée d'une
volée de coups de bâton.
Nous nous remîmes en chemin à
minuit, &: arrivâmes une heure après
dans des montagnes couvertes
d'arbres. A la pointe du jour nous
paffàmes un chemin étroit &: cfcarp
é , où nous fûmes obligez de mettre
p i e d à terre & de mener nos chevaux
par la bride. Lors que nous
fûmes defcendus dans la plaine,
nous traverfàmes deux fois la riviere
â^'AtatJiaeii c'eft-à-dire, riviere
paternelle , laquelle tombe dans la
mer Caffienne. Nous trouvâmes,
fur le fommet d'une montagne, un
étang rempli d'eau , autour duquel
fe tenoient un grand nombre
d ' o i f e a u x grands & petits ; & enf
u i t e une fource d'eau admirable,
q u i fort d'une montagne, & forme
un petit canal. C'eft une branche
de la riviere que nous avions traverfée
deux fois le jour précèdent, laquelle
nous paffàmes pour la troilième
à gué , la fechereffe aiant
été grande depuis deux ans. Sur
les huit heures nous trouvâmes à
gauche un grand Caravanferai de
pierre d é m o l i , & un cimetiere à
c ô t é , a v e c plufieurs tombeaux
rahes 6c de Tura. Nous fîmes alte
Nous nous remimes en chemin à
deux heures après minuit,montant
& defcendant continuellement des
montagnes , & nous traverfames
une riviere, que les Turcs nomment
Oroafa, c'eft-à-dire, la riviere fe-Rivière
che : elle l'étoit effeftivement &
remplie de c a i l l o u x , &: l'efl: en hyver
aulli bien qu'en été. Nous entendîmes
vers le matin, des faifans
dans les montagnes,011 l'on trouve
auffi des lievres & plufieurs fources.
Le dernkr jour du mois nous nous
arrêtâmes dans une grande plaine
pierreufe entourée de rochers, où
nous trouvâmes d i x tentes A'Arabes,
qui nous fournirent du l a i t , du beurre
frais,des oe u f s , & d'affez bonne
eau. Nous y tuâmes un mouton,
que nous avions apporté à^AfirU'
can, & fîmes bonne chere.
A deux heures du matin, nous
pourfuivîmes notre v o y a g e , par des
montagnes pierreufes, & nous trouvâmes
à la pointe du j o u r , proche
d'une fontaine nommée Borbeelagh
auprès de laquelle il y avoit plufieurs
Arabes fous des tentes, dans
un lieu où les herbes étoient toutes
brûlées par l'ardeur du foleil & la
grande fechereffe. C'étoit le fremierjour
d'Aoit, Se nous ne fîmes
ce jour-là que trois l i e u e s , ne pouvant
avancer en é t é , avec les chameaux
plus de 5. à 6. lieues en 14.
heures i outre qu'il faut que les caravanes
s'arrêtent dans les endroits
où il y a de l'eau. Celui-ci étoit à
trois lieues de Samachi, 6c comme
ces montagnes ne produifent point
de bois, on eft obligé de s'y fervir
de fiente de chameau, pour faire
du feu, comme en Egypte.
Nous continuâmes notre route à Rivière
2. heures après minuit Se traverfâmes
la riviere de S ah ansj a, oiinous
ne trouvâmes que des cailloux au
• ieu d'eau. En approchant de Sanous
paffàmes à côté de quelques
D E C O R N E I L L E LE B R . U N .
j^Q^ ques jardins fruitiers. On nous fit
i . Aoùt.arrêter à la douane pour compter
nos chameaux, ce qui fut bientôt
f a i t , 6c puis nous entrâmes dans la
ville ; C'étoit le deuxième jour du
Robe en
voyéeii
Gouverneur
de
Samachi
Clierli
de ïimois,
6c nous allâmes loger au G?- i j o i .
ravanferai des Armeniens , où un i . A o l t.
marchand de cette nation nous regala.
C h a p i t r e X X X I I.
Rejomjfances au Jiijet d'une Robe Royale. Defcription de Samachi.
Rumei d'une grande Forterejfe fur la montagne de Kat
a - k u l u f t a h a n .
Belle CJvalcade
iiiClian
N' O u s apprîmes à notre arrivée
à Samachi, que le Chan ou
Gouverneur de cette v i l le venoit de
recevoir du R o i fon mailre une Robe
R o y a l e , fur quoi il fit faire des
rejouiffances publiques quatre jours
de fuite.
I l faifoit une chaleur exceiïïve
lors que nous y arrivâmes, 6c comme
il y avoit deux ou trois ans qu'il
n'y étoit tombé de pluie, tout y
étoit d'une cherté extraordinaire,
& on donnoit 10. fols d'un pain,
dont on n'avoit accoutumé d'en
donner que d e u x , depuis plus de
cent ans. Les autres provifions y
étoient à proportion, 6c l ' o n p a y o it
5. à 6. fols d'une poularde, qui ne
coutoit que fix liards auparavant.
On examine à la rigueur toutes
les marchandifes qui paffent en cett
e ville. Les officiers de la douane
fe rendent pour cela au Caravanferai,
oil ils ont un appartement. Ils
n'exigent rien de cette vifite, on
leur paye fiinplement 50. fols pour
la charge d'un chameau, dont on
ne donnoit autrefois qu'un florin ;
Mais cela ne regarde que les marchandifes
qu'on tninfporte en Perf
e ; 6c comme ce tranfport fe fait
ordinairement fur des chevaux, il
fiiut y diminuer les balots de la moit
i é , la charge d'un cheval n'cxcedant
pas 4,00. livres, au lieu que
celle d'un chameau eft d e 8. à 900.
Le cinquième de ce mois,leC/Miî
fe rendit fur les 8. heures du matin
à un jardin , à un quart de
licuë de la v i l l e , pour s'y parerde
la Robe dont on vient de parler.
Comme on avoit f a i t de grands préparatifs
pour cette ceremonie, j e l'aliai
voir avec plufieurs autres. On
v i t paroitre d'abord plufieurs perfonnes
à c h e v a l , fuivies de d i x chameaux
, ornés de deux petits étendarts
rouges, à droite 8r à gauche.
S i x de ces animaux étoient chargés
de timbales , que les Perfes
nomment Tambalpaes , entre lefquelles
i l y en avoit quatre d'une groffeur
extraordinaire , pointues par
le bas, qu'un timbalier affis fur un
des chameaux touchoit de tems en
tems. Qiiatre trompettes s'arrêtoient
par intervales à c ô t é du grand
chemin pour fonner de leurs Karamas
ou trompettes , qui font
fort longues, larges par en bas, 6c
font une melodie fort defagréable
à mon gré. On voyoit après eux à
quelque diftance, quatre haut-bois,
([a"i\s nomment Karana nafier. Les
chameaux étoient aufTi fuivis de
20. moufquetaires différemment hab
i l l e z , les uns de v e r t , les autres
de violet ou de gris 5 6c ceux-ci de
fix domeftiques du Chan ou Gouverneur,
lequel parut après eux,
monté fur un beau cheval châtain
parfaitement bien enharnaché. Ce
Seigneur tjui avoit une vefte affez
courte , & un grand turban à la
Perfane, étoit fuivi de quatre £//-
nuques, les uns bafanez, les autres
n o i r s , richement habillez 6c bien
montez. Enfuite on vit paroître
les plus grands Seigneurs de la vill
e , 6c un grand nombre d'autrcsperfonl.
il