V O Y A G E S
fur une piece de bois creufe, où le
15. Sept.' grain paffe par un autre tuyau de
bois fous la meule j & la farine en
fort par les côtez. La riviere paffe
proche de cette maifon fous un
grand pont élevé, compofé de cinq
arches , dont le deffous eft revêtu
de groffes pierres.
Sinntion Faffons à la fituation de la ville,
qu'on nomme Aràevtl ou Ardebil.
Elle eft au nord de la Pcrfe, à Feft
de la province de ifr-u«» dans l'ancienne
Medie ; au fud de la mer
Cafpieiine, & à l'eft de la ville de
'Tamis. Les bâtimens en font plus
beaux que ceux de Samachi, quoi
que faits des mêmes matériaux. Les
Bazars y font aulïï plus beaux &
mieux couverts : mais on n'y trouve
guere de brocards d'or, ni des pierreries
, comme on prétend cju'il y
en avait autrefois, & comme il s'en
trouve ailleurs. On y voit un grand
nombre de mofquées ornées de dômes
, dont la plus confiderable eft
QeWeàeMti-zjd, Mu-zhit, owMaceft
à-dire, celledudr-
Mofqnce. manche. Elle eft à l'eft de la ville,
& dans fon enceinte, fur une petite
eminence, de forte qu'on la voit de
loin. Elle eft divifée en plufieurs
parties, où ils font leurs prieres:
la principale en eft affez grande &
ronde, fous le dome, qui eft élevé
fur une muraille ronde aiTez balTe,
qui fort du bâtiment en forme de
clocher. Il y a une fontaine devant
cette mofquée, dont l'eau vient des
montagnes , & s'y rend par des
tuyaux fouterrains, laquelle fert à
rafraichir ceux qui viennent y faire
leurs devotions en grand nombre.
Les autres ne font pas fi confiderables
que celle-ci. On trouve
auffi plufieurs Bamans ou bains en
cette ville. Au refte il n'y a que
trois ou quatre grandes rues, où
font les principales boutiques ; les
autres font peu confiderables. Les
maifons y font plattes par en haut.
Se mal propres. Il n'y a pas tant de
Cara'vanfêrais qu'à Samachi. Les Indiens
en ont trois, bien qu'ils n'y
ibient pas en grand nombre, & les
Chinois n'y en ont aucun, auffi le
negoce n'y fleurit guere. Cette ville
abonde en aimes & en tilleuls 1^05.
fort élevés, en plufieurs endroits,,¡.Scpt;
& larivierepaiVcàcôté. Les grands
chemins y font auffi bordez dejeunes
arbres, regulierenient plantez,
ce qui ne fituroit manquer de produire
un très-bel effet avecletems.
Le plus bel endroit qu'on trouve aux
environs de cette ville eft le Mejdoen,
ou la place où eft le maufolée de Seji.
On y voit à droite & à gauche de
petites maifons habitées par de pauvres
ouvriers. La plupart des maifons
de cette ville, qui ne font pas
dans les Bazars , ont des jardins
remplis d'arbres fruitiers. 11 y en
a même d'afléz grands aux extremitez
de la ville , où les maifons
font éloignées les unes des autres,
& où il y a de grandes places remplies
d'arbres. Cela lui donne une
grande étendue , & fait qu'elle a
plufieurs angles faillans j en forte
qu'elle eft beaucoup plus grande
que Samachi qu'elle ait moins
de bâtimens. Elle eft fituée au milieu
d'une grande plaine, qui a trois
bonnes lieues d'étendue d'un bout
à l'autre, & qui eft environnée de
hautes montagnes, dont la plus élevée,
fur laquelle on voit de la neige
en tout tems, fe nomme Sevalan,
ou Sehelahu. Elle eft à l'oueft
nord-oueft de la ville. Celle de
Chilan eft à l'eft, ou fud-eft. Il y
en a ime femblable iDervies,nommie
Sahandfta une quatrième proche
de -Hamadan , qu'on nomme
Al-va?id,&!:cpi eft la plus élevée de
toutes. On les nomme les freres,Montai
parce qu'elles fe reflemblent. On
trouve dans les montagnes plufieurs les frères,
bains chauds aux environs de cet- ^^ams.
te ville , lefquels font fort efti- ' ""
mez. Il y en a un à deux lieues de
là, un fécond à trois, & d'autres
plus éloignez. Lors que j'y arrivai,
j'eus de la peine à en traverfer les
rués à caufe de la foule de ceux qui
accouroient, attirez par la nouveauté
de mon habit à la HoU
landoife. La même chofe m'arriva
en allant voir le tombeau de
Sefi ,oà il fallut fe fervir de bâtons
pour écarter cette multitude curieufe,
qui vouloit y entrer après moi.