D E C O R N E I L L E L E B R U N .
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170;;. «iicfs dans le Village de LangebnSy
î,7.Aoûn d'autres arbres fruitiers, & une vigne
chargée de raiiîn, dont la tige
etoit courte & greffe, & qui n'étoit
élevée que d'une aune au-deiTus de
la terre, chofe que je n'avois encore
jamais vue. J'y trouvai auiîi
une plante portant fleur, des racines
de laquelle, il fortoit des filets
delalongueurd'imebrafle, qui s'étendoient
fur la fuperiîcie de la terre
, dont le fruit étoit encore verd,
& reifembloit à de petits concombres.
Lors qu'il eil mûr , il eft
violet par dehors. Se d'un beau rouge
en dedans: il en croît plufieurs
Îur une plante. J'en deiTinai une
avec fon f r u i t , que les Turcs nomment
Tjebeer & les z.\.\tr.&s Kou-rack.
I l eft marqué par la lettre A. J'en
trouvai une autre au même endroit,
dont lé fruit eft rouge, & qui a de
petites velîies. Il en croît, comme
à l'autre, plufieurs fur une plante j
qui eft élevée d'une pied & demi ou
de deux pieds. Ce fruit-là fe
nomme Doofsjandernage , & eft de
la groflTeur de ceux cjui font marqués
de la lettre B. Après avoir
traverfé les montagnes de Dtrbent,
nous entrâmes dans la belle plaine
, donc je viens de parler, qui
s'étend à perte de vue : mais elle
étoit toute flétrie par l'ardeur
du Soleil & la grande fecherefi"e.
Les habitans du pais la nomment
Kraegh. Lors qu'on eft à l'extremité
des montagnes on apperçoit
de loin aifez imparfaitement le
Kur. Noiis fîmes halte fur les
10. heures du matin dans cette
plaine , après avdir fait deux
lieues Ôc demie de chemin > nous
y reftâmes ce j o u r - l à & le lendemain
par un très-beau tems. Nous
y trouvâmes des Turcs 8c des Arabes
fous des cabanes ou des huttes
élevées fur de la paille j lefquels
nous pourvurent de l a i t , de melons
& de chofes femblables i mais comme
il ne fe trouve aucun bois en ce
quartier-là, il fallut nous fervir de
jfîente de chameau pour apprêter
notre manger. On s'arrête toujours
dans les lieux oii fe trouvent les
meilleurs pâturages pour les chameaux
& les chevaux. Ce qu'il y 170;».
a de plus incommode eft que l'eau y so.AoÀt.
eft toute trouble, & qu'il faut la lail^
fer repofer une heure ou deux pour
l'éclaircir, ce qui eft fâcheux pendant
les grandes chaleurs qu'on eft
fort altéré, & qu'on ne fauroit fe
charger d'une provifion fuffifantc
de vin, à caufe du grand nombre
de ballots dontoneftembaraiTé: de
forte qu'on eft obligé de faire de
necelîité vertu, & de fe fervir de
lait caillé , qu'on y nomme Toîiivert
, & qu'on met dans un fac de
toile 3 au travers duquel le plus
clair s'écoule. Enfuite on mêle ce
lait caillé avec de l'eau pour étancher
fa f o i f , chofe fort en ufage
parmi les Turcs; Se le plus épais
lert de nourriture. On le confervc
facilement, & il fert de creme lors
qu'on ymetdufucre. Nous ne partîmes
de ce lieu-là que le trentieme
au f o i r j Ôc avançames pendant la
nuit vers le fud au travers de cette
plaine. Nous y rencontrâmes une
autre caravane , &: quelques Titres
fous des tentes. A la pointe du jour
nous arrivâmes au village de Sgawad
à l'oueft du Kiir, fur le bord
duquel nous times halte fur une
petite éminence. Ce village eft
d'une grande étendue, & contient
un grand nombre de jardins, remplis
de meuriers blancs & de melons.
J'allai le lendemain à une
demi lieuë de l à , au confluant du
Cyrus & de VArat^Ci fameufes rivieres
, qu'on nomme .aujourd'hui
le Kur & VAras. J'obfervai en cet Le Kur
endroit que VAras vient du f u d , où ^ l'Aral»
il a fa fource dans les montagnes
d'Algeron, èc Kur du nord de
Tilviesi où il paiTe à côté de la ville
de ce nom. Après avoir uni leurs
eaux, elles coulent enfemble vers
le nord-eft,jufques au delà de
•waâ , d'où elles continuent leurs
c o u r s à l ' e f t j & vont fe décharger
en ferpentartt dins lamer Cafpenne;
Au refte, on ne fauroit bien décrire
leitr cours, tortueux. Jedeilînai
le mieux qu'il me fut poffible l'endroit
où ces rivieres fe joignent,
qu'on trouvera au num. 45. où elles
divifent le pais de Mûgan de la
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