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D E C O R N E I L L E LE B R U N . I 7 Í
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17. oét.
Le mont
Taurus.
Precipices
effroyables.
Riviere
dcKifilofan.
dcdiftance, le fameux montTaimis,
nommé Cnfeîiifan par les habicans.
11 s'avance fort avant dans le pais,
& change de nom^ felon les lieux
qu'il traverfe } mais il retient fon
veritable nom dans la partie men- ;
dionale de VAJïe mineure. II y a
des Auteurs qui le confondent avec
le mont Caucafe. Nous commençâmes
à le monter à 3. heures du matin
, & le trouvâmes fort efcarpé &
couvert de rochers,avec des fentes
& des precipices eíFroyables , &
comme les chemins en font fort étroits
j & très-dangereux on efl: obligé
d'aller à pied. Il ne faut ordinairement
qu'une bonne heure pour
le traverfer ; mais nous y en employâmes
deux j notre caravane étant
des plus nombreufes. On voit
en defcendant, des precipices qui
font horreur pendant la nuit. Au
fortir de cette montagne, on entre
dans une plaine d'aifez grande étendue,
qu'on traverfe à gauche, &
d'où l'on paiTe dans une fécondé
montagne, le mont Taurus étant
divifé en deux parties , entre lefquelles
pafle la riviere de Kifdofan,
qu'on nomme auiîî le/0/r/?. L e cours
en eit fortrapide,&:elleapluiieurs
chutes entre des rochers , où elle
tombe avec violence. Elle a fa
fource dansToueft, & v a f e décharger
dans la mer Cafpienne. Le Roi
Tamar y a fait conftruire un pont
de pierre , qui a 10. pas de large,
& 150. de long. II ell aflez élevé
& a 6. arches , entre lefquelles il
y en a 3. fort grandes. On voit entre
quatre de ces arches trois ouvertures
, & au-deiTous les reftes
d'une efpece de tour à demi ronde.
La riviere ne pafle préfentement que
fous une ou deux de ces arches, à
moins que les eaux ne foient fort
hautes. Après avoir traverfé ce
pont, nous fîmes alte pour attendre
la caravane-, les j^rmmiens•pour
prendre le cafFé, & moi pour mettre
fur le papier une vue qu'on trou- 170;;.
vera au num. 52. Nous montâmes 17. Oñ:
cnfuite la feconde montagne, o u S j ^ ""
branche du TauruSi plus élevée,
plus grande & plus efcarpée que la
précédente. Comme nous étions
déjà fatigués d'avoir traverfé la premiere
à pied 5 nous fûmes obligez
de nous arrêter fouvent pour reprendre
haleine.. Enfin aiant trouvé un
meilleur chemin nous remontâmes
à c h e v a l , & gagnâmés le fommec
de la montagne à la pointe du jour.
Le refte de la caravane y arriva
deux heures après, & nous trouvâmes
à une demi-lieuëdelà, un beau
pais bien cultivé. Nous arrivâmes
à 9. heures du matin au village de
KaJiebeggidaraJJi, où l'on nous apporta
du raifm , pour la premiere
fois , à quatre fols la livre. Les
chemins font très-bons au-delà du
mont Taurusy aufli-bien que le terroir.
On voit delà une autre mon- Montatagne
plus élevée , nommée Sawalan,
laquelle eit toujours couverte
de neige. Nous y reilâmes le lendemain
pour nous repofer. ï^tvingticme
nous continuâmes notre voyage
à 3. heures du matin , par un
très-beau tems, & arrivâmes fur les
7. heures auprès d'un ruiflfeau proche
de Jamkoela. On y trouve des
oifeauxextraordinaires, qu'on nomme
Nous traverfâmes
enfuite plufieurs villages, d'où l'on
voit le mont Taiirus dansl'éloignement,
de la maniere qu'il eft repréfenté
au num. 53. Ijt'uingt-deuxieme
nous traverfâmes une grande
plaine bordée de hautes montagnes
à gauche, où l'on nous apporta du
raifm d'un goût delicieux. L e w ^ f -
troijume nous arrivâmes à la ville
de Samgadi au-delà de laquelle nous
nous arrêtâmes, &: y trouvâmes de
très-bonnes grenades, de belle cou-Bons
leur & aiTez petites } du raifm 6c f^iW'
d'autres fruits.
C H A -
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