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V o Y A
1701. Comme leurs n ) oe u r s & l e u r s raanieij.
Sept. r e s d i f t e r e n t f o r t des autres nations,
Manictes j e m'en fis i n f t r u i r e l e m i e u x q u ' i l me
moicdû. f u t poffible. Auilî-tôt qu'un enfant
naît parmi e u x , ils lui donnent le
nom de la premiere créature, qui entre
dans leur t e n t e , foit homme ou
b ê t e , ou d e l à premiere, q u ' i l s rencontrent
en Ibrtant. Ils lui donnent
même fouvent celui de k premiere
chofe qui s'oiFre à leur v u e , l'oit
riviere , arbre ou autre choie. Les
enfans, q u i meurent après être parvenus
à l ' â g e d'un an , f
terre entre quelques planches.
Leurs Lors qu'ils ont envie de le ma.
mjmics. rier^iis cherchent unefemmeàleui
g r é , & puis la marchandent & con.
viennent du prix avec les plus proches
parens, comme l'on fait parmi
nous lors qu'on achete un cheval
ou un boeuf. Ils en donnentjuf.
ques à deux , trois & quatre rennes
, que l ' on eftime ordinairement
q u i n z e ou vingt florins la piece.
C e t t e fomme fe p a y e quelquefois
en argent c o m p t a n t , f é l on qu'ils en
conviennent. D e cette maniere, ils
prennent autant de femmes qu'ils
en peuvent entretenir ; mais il s'en
trouve qui fe contentent d'une feule.
Quand leur femme n e l e u r p l a it
p l u s , ils n'ont qu'à la rendre aux
parens , dont ils l'ont achetée, en
perdant ce q u ' i l s en ont donné, &
ceux-là font obligés de la reprendre.
J ' a i ouï d i r e , qu'il y a d'autres JÎÏmoiedes,
q u i demeurent le long de
l a côte de la mer, & en Siberie,
lefquels fe marient de la même man
i e r e , & qui vendent leurs femmes,
lors qu'elles ne leur plaifent plus.
Leur pere ou leur mere venant à
mourir, ils en confervent les os fans
les enterrer, & j'ai même appris de
témoins oculaires, qu'ils les noyent
lors qu'ils font parvenus à un âge
f o r t avancé, & ne font plus bons à
rien. Enfin , lors qu'un homme
meurt parmi eux , ils le mettent
dans une foiTe, habillé comme i l é -
toit pendant ili v i e , & le couvrent
de terre. E n f u i t e , ils pendent à un
arbre fon arc , fon carquois, fa hache
, fa m a r m i t e , & toutes les chofes
dont il fe fervoit pendant qu'il
t / o t .
13. Sept,
étoit en vie. Ils enterrent les femmes
de la même maniéré.
A p r è s avoir été informé de leurs
moeurs & de leurs maniérés , je
fouhaitai d'apprendre leur croyance
& leur religion. Je m'adreffai
pour c e l a , accompagné de mes
amis, à un S'amoiede, q u e j e régalai
d'eau de vie pour le mettre en
bonne h u m e u r , c a r fans c e l a i l s f o nt
f o r t refervez Sr ne parlent guère.
Je me reilbuvins en ce mom
e n t , que l ' E c r i t u r e f i i n t e mar-
It mis en ¡ q u e , q u e l e s p a y e n s , f a n s connoitre
ia l o i , ne laiilbient pas de l'accomp
l i r par les feules lumieres de la
nature, d ' où j e conclus que ces genslà
pourroient bien avoir aufli quelque
connoiflance à cet égard. Lui Croy,„cs
aiant fait quelques quellions fur ce
f u j e t , il me dit qu'il c r o y o i t , a v ec
fes compatriotes, qu'il y avoi,t un
ciel Si un D i e u , qu'ils nomment
Heyha c'eft à dire d é ï t é Qii'ils étoient
p e r f u a d e z , qu'il n ' y a rien
de plus grand ni de plus puiifant
que D i e u : Que tout en dépend:
q u ' A d a m , le pere commun de tous
les hommes, avoit été créé de Dieu,
ou en étoit provenu , mais que
fes defcendans n'alloient ni au c i el
ni aux enfers : Qiie tous ceux qui
faifoient le bien , feroient placez
dans un lieu plus élevé que les enf
e r s , où ils jouiroient de 1; félicité
du paradis , & ne foui&iroient
aucune peine. Ils fervent cependant
leurs idoles , & réverent le f o l e i l,
la lune & les autres planètes , 8c
même de certaines bêtes 6c des oif
e a u x , felon leur c a p r i c e , dans l'efperance
d'en tirer quelque avantage.
Ils mettent un certain morceau
i e fer devant leurs idoles , auquel
ils pendent plufieurs petits bâtons,
1 peu près de l'épaiffeur d ' un manhe
de c o u t e a u , & de la longueur
du d o i g t , pointus par un bout,
prétendant repréfenter ainfi la tête
d'un homme, & en y faifant de
petits t r o u s , en marquer les yeux,
le nez & la bouche. Ces petits bâons
font entortillez de peau de
e n n e , & ils y pendent une dent
d'ours ou de l o u p , ou c h o f e feniblable.
Ils ont parmi eux une peri
^ o i . f o t i n e qu'ils nomment Siaman c
ij.Scpt. Koedismck, qui lignifie un prêtre
: ou ou p l u t ô t un m a g i c i e n , & croiei
Dioiedcs. tout le bien & tout le mal qui leui
doit arriver; s'ils feront heureux ;
l a chaife 3 fi les perfoniies malade;
réchaperont ou mourront de leu:
maladie,& plufieurs c h o f e s pa
Lors qu'ils •
•ulent favoir qu.
:lqu
chofe de lu
ils l'envoient qi
& lui mettent la corde au c o l , puis
la ferrent de maniere qu'il tombe
comme mort. A u bout de quelque
tems il commence à reprendre du
mouvement re
à lui. Quand il v:
c h o f e , l e i a n g lu
& s'aiTcte lors qu
q u ' i l recommence
1er de nouveau ;
pris par des p
fouvent été temt
magiciens porte
plufieurs plaque;
gues de même,
effroyable.lors ,qi
qui demeurent e
ient entièrement
predire quelque
fort des joues
,1 a f a i t ; & Ion
c e . U f e m e t à c o u .
, à ce que j ' a i ap
fonnes, qui en oni
oins oculaires. Ces
:nt fur leurs habits
:s de f e r , fiedesb;
qui font un bruit
r ' i ls entrent. Ceux
en ces quartiers-c
n'en portent p o i n t de femblables, ils
ont fimplement fur le v i i a g e ' i m r e -
feau de fil-d'archal, auquel font attachées
toutes ibrtes de dents d'ani,
maux. Quand un de ces Koedimicks
Vient à mourir-ils lui elevent un
monument de poutres , fermé de
tous c ô t é s , pour empêcher les bêtes
fauvages d ' en approcher. Enfuit
e ils l'étendent deifus, habillé de
fes meilleurs habits, & pofent à c ô -
t é de lui fon a r c , fon carquois &-fa
hache. Ils attachent aufil à ce monument
un renne ou d e u x , au cas
que le défunt en ait poffedé pendant
fa v i e , & les y lailTent mourir
de f a i m , à m o m s q u ' i l s n e f e f a u -
vent. T o u t c e c i , q u e j e tiens de perfonnes,
qu-i-deaieurent en ces quartiers
là, me f u t confirmé par un marci
Rii(lkn, nomme Michel Ofces
Samoiedes {erépa.ndoient d e tous
côtés j u f q u e s aux principales riviere
de la Stkrie, comme VOhj, le
Jenifém, le Lena & V-Amurqui
vont toutes fe décharger, dans le
grand ocean. La derniere fert de
limite à la frontiere la plus avancée
du C z a r de Moscowe du côté
de la Chine-, aufli ces gens-là ne la
paffent pas. O n trouve entre les rivieres
de i r a i & d'Amur les Ja- J»'-!'"
hetes , qui font Tartares , & les
Lamottkie ferepaifl^ent de rennes
comme les Samoiedes. Ils font
au nombre de30000 , ou environ,
belliqueux & f o r t hardis. Il y a une
,1, A»tre.
peuples
n fauvages.
-rwal
, qui
parmi e
lem-s fei
de leurs
très-méchante
f o r t habiles,
la magie. Ils ;
portent toujo
mens de leurs
tuttofa que j ' i n v i t a i c h e z moi pour
cela , lâchant qu'il avoit traverfé
la Siberie,- en hyver & en é t é , en
allant à la Çhint-, & qu'il a v o i t emp
l o y é quatorze ans en fes voyages.
C ' é t o i - t u n homme de 60 ans, lain
d ' e f p r i t 8c. de c o r p s , qui me d i t que
:re n a t i o n , vers les côtes' de la
mer, qu'on nomme Jàecogerie,
Joegra. Ceux-ci rell'emblent
toute chofe aux Samoiedes ; s'habillent
de même & habitent dans les
deferts. Ils mangent comme les
c h i e n s , les boyaux & autres inteftins
de toutes fortes de bêtes, fans
les c u i r e ; & tous ces peuples ont
des langues différentes. Il s'en trouv
e une quatrième f o r t e , qu'on
nomme Korakie, du pais q u ' i l s habitent
, qui vivent aufli comme
les Samoiedes. A ceux-ci on peut
joindre une autre e f p e c e , nommés
Soegtjîe, qui f e fendent les louës
& y fourrent des arêtes de
pour en conferver la cicatri
leur fert d'ornement. Les hommes,
i'e Javent de l'eau de
, 6£ celles-ci de celle
. Ils paffent pour de
s canailles , & font
i ce qu'on d i t , dans
i'en vantent aufli, &
.1rs fur eux les oll'ep
e r e s , pour s'en l'erv
nmes
i r à cet ufage. C e qu'il y a de plus
extraordinaire, ell: qu'ils fervent le
diable , & qu'ils proftitucnt aux
voyageurs , leurs femmes & leuoe
filles, honnêteté, dont ils fe c r o y e i*
redevable envers les etfangers. Ei
Q u e l l e difl^rence entre les moeurs "
de ces peuples-là, & celles des Eurofeans
! L e Ru(fîeit, q u i m'apprit toutes
ces partieularites , me dit enc
o r e , qu'après 5 ou 6 femaines de
v o y a g e au delà du pais , où ha^
1 bitent ces peuples-là , il en avoit
l B 5 rrou-
- Í