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T/O^
i6.J«ill,
Tombeau
Royal.
Tombeau
de
Saint.
A G E S
Kajielein alla loger avec Mad'®, fa
fille dans un beau jardin , & nous
au Caravanferai, qui n'en eft pas
éloigné. Je trouvai dans ce jardin
une plante nommée Chef-tereck^ la-Plante
quelle a 4. ou 5. pieds de h a u t , 8c SinaiÎc*
fait plufieurs branches, & de grandes
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prendre la f a i t e , & ne les ont plus
animez depuis ce tems-là j d e craint
e d ' u n plus grand inconvenient. On
m'a afl'iiré q u ' i l fe trouve de ces fangliers
là, qui font aulli gros q u e des
vaches.
Nous continuâmes notre route ap
r è s - m i d i j rencontrâmes le?gens
du Duc ou Gouverneur de Laer
avec 15. Kafnas ou Litcieres, remplies
de femmes, & arrivâmes à 9.
heures à Nous avions fait
prendre les devans à quelques domeftiques
pour nous arrêter du
logement dans un j a r d in du R o i,
en ce quartier-là. Nous y trouvâmes
le tombeau d'un fils du K o i,
Snlta?t HoJJm Mameth jqu'on pretend
qui y f u t inhumé, il y a 280.
ans. Ce tombeau eft dans un petit
appartement couvert d'un p e t i t dôme,
& le cercueil eft d e p i e r r e , r e -
v ê t u de bois , couvert d'un poêle,
qui traine jufques à t e r r e , & fur lequel
il y a un turban. Comme il
y avoic plufieurs autres appartemens
nous y'fumes bien logez. Ce
j a r d i n eft ceint d'une muraille de
pierre.
Nous retournâmes à la pêche,
aulîi-tôt que le foleil parut fur l'hor
i z o n , 8c primes beaucoup de poiffon
dans une petite riviere à côté
du village. Nous y retournâmes le
lendemain avec autant defuccèSjSc
en partîmes fur les cinq heures du
foir. Nous traverfàmes les montagnes
fie arrivâmes 29.
heures au village de ce nom. Il fit
grand chaud ce jour-là.
Le premier d'Aoii-t nous allâmes
voir le tombeau d'Imon Sadde I f -
jna'el, qui y r e p o f e , à ce qu'on d i t,
depuis 700. ans. On a une fi grande
veneration pour le tombeau de ce : près en avoir fait de petits mon.
Saint, q u ' i l eft défendu aux grands , c e a u x , jufques à ce que le grain en
de la Cour & de l'épée d'en approc
h e r , ni même du village, en voyageant
, pour fouftraire les gens du
lieu aux infultes qu'en reçoivent les
autres. Ce tombeau qui eit d e pierre
eft aflez g r a n d , couvert d'un dôme
& ceint d'une muraille , à laquelle
il y a une grande porte.
Nous en partîmes à 4. heures, &
arrivâmes à 8. à Maj-ien , où Mr.
170^
i.Aoftt.
feuilles. Elle porte de petits
cornets , qui contiennent 4. grains
de femence, d'un brun châtain clair,
& a une odeur bien f o r t e , qui procede
de la fleur, qui eft p e t i t e,
blanche, bleue & viólete,.tracée de
rouge. Cette plante eft fort eftimée
à caufe de l ' o d e u r , fans qu'on
en connoifle d ' a u t r e vertu. On la
trouvera au num. 183.
J e pris en ce lieu-là un oifeau, Oifcau
qu'ils nomment Sioerakan, lequel ^ngwii"'
reflemble à un canard , & qui eft
aufiî grand, avec la t ê t e j a u n e , le
bec rouge & les pieds tracez de rouge.
11 eft marqué de la lettre D. au
num. 1 8 3.
J ' y tirai un autre o i f e a u , qui paffe
ici pour une becafline , & qui a
le plumage n o i r , gris & blanc, 6c
les pieds roux. 11 eft à la lett
r e E.
Le lendemain nouspourfuivîmes
notre r o u t e , Venous apperçumesde
loin la montagne, dont on a parlé
ci-devant, fur laquelle il y a v o i t a utrefois
une fortereife.
En avançant, nous trouvâmes h
•plaine remplie de bétail, & de villageois,
occupez à couper les bleds
avec un couteau courbé comme une
f a u c i l l e , e n tenant autant d e l à main
gauche, qu'ils en peuvent empoigner.
Au lieu de le battre , ils fe commc
fervent d'un petit chariot à
roues, avec lequel ils palTent&re- weds.
pafient plufieurs fois par-deiTus, afoit
entièrement f o r t i , & que la paille
foit toute rompue , enfuite dequoi
ils la j e t t e n t au v e n t , &c il ne
refte que le grain & les épies. Cela
f a i t , on le vanne & onfeparcles
épies, qu'on bat encore pour en faire
fortir le refte du grain.
La campagne étoit toute couverte
de tentes , & nous traverfàmes
fur le foir la riviere de Bendemir,
fur
D E C O K N E Î L L E L E B R U N . ^ l î
j-Q- fur un p o n t ^ p r o c h e des deuxmon-
¡. Aoiit. cagnes , dont on a parlé , fur Icfquelles
il y avoit autrefois une fortereife.
Wous paifàmes la nuit au
Caravmferai A'Akger-m, àunedemi
lieuë de ce pont : delà j nous allâmes
aux flambeaux à ime montagne,
du pied di.1 rocher de laquelle fort
une belle f o n t a i n e , d'une eau claire
comme le c r i f t a l , remplie de poiff
o n , qui fe retire avec facilité fous
le rocher, oii il y a plufieurs fources
6c conduits fouterrains. Cette
fontaine a environ trois pieds de
profondeur, & l'eau en eft fi claire
& le fonds fi ferme , qu'on y voit
tout le poiflbn. Cela nous donna
envie d ' y jerter le filet. Se nous en
tirâmes du premier coup une vingtaine
, entre lefquels il y en avoit
3. ou 4. qui avoient un pied de long ;
mais il nous fut impoilible de fertncom
mer l ' oe i l de toute la nuit , le Camodité
ravanjirai étant rempli de mouchechcronsî'
""ous, qui ne nous donnèrent aucun
repos, & nous forcèrent d ' en fortir.
U n de nos domeftiques, qui s'obft
i n a à relier dans le lit en f u t tellement
m a l - t r a i t é , qu'il en étoit
meconnoilfable le lendemain : notre
jeune demoifelle en eut fa part, quoi
qu'elle eut pris toutes les précautions
poflibles pour n'en ê t r e pas piquée
, & qu'elle fe f û t toujours tenue
en mouvement, fans fe coucher
i mais il n'y eut pas jufques
aux chevaux , qui n'en fuifent extrêmement
incommodez.
Nous forcîmes d ' u n lieu fi deplaifant
à la pointe du j o u r , & traverfàmes
un pont de p i e r r e , qui a une
demi lieuë de long fur un maréca.
ge : & comme la plupart des arches
en font fort petites les eaux paffent
par-deiTus , lors qu'elles font hau
t e s , la plaine étant coupée de plu
fieurs canaux. Le ris abonde en ce
quartier-là.
Sur les 10. heures du foir nous
parvînmes au Caravanferai de Porkgoori
ou nous rencontrâmes un j f o ^ .
coureur, dépêché de GararoniMr. 4. Aoûh
Kajkkin, lequel nous apprit que la
veuve du défunt Direfteur IVichelman
avoit fuivi fon mari j & étoit
decedce le i j . du même mois de
J u i n . Ce lieu-là étoit aufli tellement
rempli de moucherons, qu'il
nous f u t imposfible d'y lire les lettres
que ce coureur avoit apportées,
de forte q u ' i l f u t obligé de retourner
avec nous j u f q u ' a u Cara'vanferai
de Baetts-gaedie^ à deux lieues
de Zjieraes.
Le quatrième, nous renvoyâmes le Arrivét i
coureur à I f f ahan, où il avoit ausfi
des lettres à rendre , & nous allâmes
à Zjie-raes, ou nous defcendîmes
à une maifon de JVIr. Kajlekin.
Le Pere d'Alkantera s'y rendit immédiatement
, & j'allai voir fon
compagnon fur le midi.
Le lendemain les marchands, qui
négocient avec la Compagnie, vinrent
rendre vifite â Monfr. Kajlelemj
& le plus confiderable, nommé
Hiizje Nebbie, l u i f i t p r e f e n t de
plufieurs petites bouteilles d'huile
de Santal; de quelques e a u x d i f t i l -
lées, de confitures & de f r u i t s , dont
le porteur f u t bien recompenfé. Il
s'y rendit auiTl le lendemain plufieurs
marchands Perfatis, qui font
de grandes affaires avec la Compagnie.
Ce jour-là nous allâmes en gran-
^ de ceremonie rendre la v i f i t e à Hazje
Nebbie, c\ui nous regala, à la maniere
du pais, avec des liqueurs
chaudes, des confitures & du tabac,
auprès d'une belle fontaine , aianc
la plus belle maifon de la ville. II
preiTa fort Mr. Kaftelem de refter
quelques jours pour prendre les divertiifemens
de la campagne ; mais
il s'en excufa. Il y paifa le huitième
au matin deux coureurs à'IJpahan,
chargez de lettres pour Gamron,
C h A -