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1705. s'étendent jufques à ÂJiraCitn. Sur
10. Mai. les 7. heures nous arrivâmes à a2.
'Oierftes de cette ville, & une heure
après nous vîmes une grande barque
échouée, & brifée en partie, fur laquelle
il y avoit pourtant encore du
monde. Peu après nous apperçûmes
l'églife de Sahoor, qui eft fort grande,
& arrivâmes fur les onze heures
du foir à Aftracan. Cette ville
eft à 2 0 0 0 . werfles ou 4 0 0 . lieues
¿'Allemagne de Mofiou, &cCafan à
peu près à moitié chemin.
170Î.
10. Mil.
C h a p i t r e XVI.
Definition ¿"Aftracan. Situation dei 'Jardins. Abondance de
pijfon. Maniéré de vivre des Tartares.
1701
10. Mai
Û
Arrivée à T Ors que nous débarquâmes s on
Aftracan. | ^ vifita tout ce que nous avions
à bord, à la referve de mon bagage.
J'allai immédiatement trouver le
Gouverneur Timafe Ivanewitz Urffofskie
L-Auteur
je préfentai mes deux
paffeports & la lettre du Knees, Bor-
^ris ÂUexr^'itz. Il me reçut fort
honnêtement, & après avoir lù la
lettre, il m'offrit fa maifon & touneur.""'
tes les chofes dont j'aurois befoin
rendant mon fejour en cette ville.
J e l'en remerciai & lui dis , que
j'étois obligé de relier avec mes
menknsy &0-QI j'entendois la langue,
&c avec lefquels je devois continuer
le refte de mon voyage. Il ne le
trouva pas mauvais, & envoya quérir
mes hardes , qu'il fit porter,
fans les viilter, au Caravanferai des
Arméniens y où je logeai avec Mr.
Jacob Daviedof dont j'ai déjà parlé.
Nous avions à peine dîné, que 8.
à 10. perfonnes nous y vinrent trouver
de la part du Gouverneur, avec
des rafraichiiTemens. Ils coniiftoient
en un petit tonneau d'eau de vie ;
un grand vafe de cuivre étamé,
rempli de vin rouge, & deux autres
femblables , avec de l'hydromel
& de la biere ; quatre grands
pains i deux oyes & plufieiu^s poulardes.
Ceux-ci s'en étant retournés,
après que je leur eus fait un
petit préfent à mon ordinaire, on
envoya deux foldats garder la porte
de ma chambre, lefquels on faifoit
relever de huit en huit jours.
On m'envoya aufli unenfeigne.K!i/
rtereffi!
Neyen
iportée.
fient quifavoit le HollandoiSj pour
me conduire par tout & me fervir
d'interprete. Le Gouverneur reçut
en ce tems-là,la nouvelle delaprife
de la fortereilé de Neyen, que le Fi
Czar avoit emportée d'affaut,le 2.
Mai & dans laquelle il avoit trou- p:
vé 80. pieces de canon ; 8. mortiers, •
& une garnifon Sueâoife de 3500.
hommes, à laquelle on difoit que
ce Prince avoit rendu la liberté.
J'allai me promener par la ville,
qui eft iituée à l'eftdu/^i)/^iZ,dans
l'ancienne Scythie : mais on nom- Situatioti
me aujourd'hui Nagaja tout le ter- 'l'I»»''!':'
rain contenu entre ii^W^ûlgajXtJaiko.
& la mer Cafpenne ; & le pais en
général, le R-oyaume à'AJtracany
d'après fa ville capitale. Elle elt
dans la Tartarie Afiaùque vers les
frontières de la Rujjie , & fur la
principale branche du JVolga, qui
va fe jetter à quelques lieuès de là
dans la mer Cafpienne. On en parlera
plus amplement dans la fuite.
Cette ville eft au 46. degré, 22.
minutes de latitude feptentrionale
, dans une petite Ifle nommée Dol^.
goi, formée par une petite riviere,
qu'on voit d'une des tours de la'
ville. Le meilleur terrain en eft à
l'eftjufques à la riviere de Jaika:
A l'oueft il y a une grande bruiere
3 qu'on dit qui a bien 70. lieues
de long , laquelle s'étend vers la
Mer Noire , & quelques 1 ieuës au
fud, jufques à la mer Cafpienne.
On y trouve de très-bon fel, qu'on
tranfporte par toute la RuJJie.
Cet-
DE C O R N E I L L E
Cette ville eft ceinte d'une bon-
. ne muraille do pierre , qui a une
. lieuë de tour, & dix portes. Je
fortis par celle de S'. Nicolas , ou
Nikoolske JVarate, & fuivis le cours
de la riviere en montant, pour en
faire le tour. Je pallai de là à la
porte/?i>!ge ou Krafnie JVarate, à
l'endroit le plus élevé & le plus avancé
de la ville. De là avançant
dans le pais,je me rendis à la porte
du magazin à bled, ou Gietnie
IVarate, laquelle eft fermée; mais
il y en a une autre qui donne dans
la citadelle, par laquelle on y entre
& on en fort. Ce magazin,qui
eft hors de l'enceinte des murailles
de la ville,eft aufll ceintd'unemuraille
de pierre. On va delà à la
Motfagojtkie JVarate, proche de laquelle
, à quelque diftance de la
ville, on trouve une autre porte de
bois , qui n'eft pas comprife au
nombre de celles de la ville : C'eft
la porte des Tartares, qui habitent
de ce côté-là, où l'on tient conftamment
une garde Ontrouve
enfuite la porte de Refoltisme,
Se celle de JVifnefenske, entre lefquelles
il y a deux tours aux murailles,
à 300. pas de diftance l'une
de l'autre. De celle-ci, on retourne
vers la riviere pour fe rendre à
celle de Spaskie ; & de là à celle
à'Ifaànie hors de laquelle eft la
poiffonnerie , le marché au pain,
aux herbes &c. A quelque diftance
de là on voit une autre tour, fîr
puis la porte de Garenskie, & proche
de là, en dehors, le marché au
bois, & le quartier des boulangers,
auxquels il n'eft pas permis de demeurer
dans la ville. On palfe de
cette porte à celle de Kabatskie,
après avoir paifé devant une autre
tour,entr'elle & la précédente. De
ces dix portes, il s'en trouve lix
fur la riviere, & deux à la cit-idelle
qui fait partie de la muraille de la
ville : Elle en a une troifième, qu'on
nomme Prieftmiskinske, ou la porte
nette, qui donne dans la ville
vis-à-vis du Bazar y ou de la grande
rue nommée Bolsjaidits;oii fe trouvent
les principales boutiques des
Rnjfens 5c des Arméniens. En paf-
L E B R U N. 91
fant par cette porte pour entrer 1703.
dans la citadelle, on voit àgauche «»jj^
l'églife de Saboor y qu'on commença egiff""
de bâtir il y a cinq ans, aux depens
du Métropolitain , qui fe nomme
Samfon. Ce prélat a fes propres
droits fur le clergé, & fon propre
Prikaes ou bureau chez lui. Il eft
auifi Métropolitain de Tirk, ville
fous la domination de fa Majefté
Czarienne , en deçà de la mer
Cafpienne, fur les montagnes de
Circajfie , environ à 700, "werfies
d'AJlracan. Comme on travailloit
l'année paifée au deiTus du dome
de cette églife , il en tomba une
partie, les fondemens en étant trop
foibles. On eft préfentement occupé
à y conftruire cinq petits clochers
avec des domes, fur lefquels
on pofera des croix. Cette églife,
qui eft quarrée, a 200. pas detour^
le frontifpice 65. de large, & les
côtés 47. de long: le derrieredece
bâtiment eft en partie fur la muraille
du palais du Métropolitain, qui
eft le principal édiiice de cette ville;
d'une grande étendue & tout
de pierre. Affez proche de là, &c
au plus bel endroit de la place de
la citadelle, eft le Palais du Gouverneur
, grand bâtiment de bois,
ceint d'une muraille feparée, auili
de bois, avec deux portes, l'une
par devant &: l'autre par derriere.
La chapelle de la Cour eft hors de
l'enceinte de ce Palais. Entre la
porte de devant, où il y a toujours
une garde, &c le palais du Gouverneur
, on trouve une belle baiTecour.
L'enceinte de la Cour fe nomme
Iwan Bogafoof. Ce Palais contient
un grand nombre d'appartemens
bien éclairez & fort agréables;
& fur tout un grand falon fort élevé,
dont la vue eft charmante de •
tous côtés. Il y a toujours une garde
à la porte de la citadelle, qui eft
bien garnie d'artillerie. En y entrant
on voit à droite,la chancelerie
y qui eft un bâtime.nt de pierre
compofé de plufieurs appartemens,
& il y a dans la chambre du Gouverneur
une table couverte d'un tapis
rouge. L'églife
La principale églife, après celle ¿'ifto is-
M J de
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